K. Le destin de l'Empire - dix huitième partie

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Le couloir menant à la trahison n'était pas aussi luxueux qu'on aurait pu s'y attendre. Niché au cœur des entrailles du palais impérial, ce n'était qu'une coursive étroite truffée de sas blindés, d'alarmes et de défenses manuelles ou automatisées. Toutes avaient été désarmées avant que le gouverneur Vao n'y pénètre entouré d'une douzaine de gardes impériaux en armures de combat.

Il ne restait qu'une dernière porte à franchir. La porte qui les ferait définitivement basculer du côté de la rébellion.


-Général? demanda un des officiers en utilisant son ancien grade.


Toute une vie de service, de droiture, d'honneur. Pour en arriver à cette foutue porte.


-Allez-y qu'on en finisse, ordonna-t-il.


L'ingénieur de combat qui avait disséqué le dernier verrou connecta deux câbles et la porte coulissa. Les soldats s'engouffrèrent aussitôt à l'intérieur, et des coups de feu éclatèrent.


-Sécurisé, annonça un des gardes en ressortant quelques secondes plus tard, saluant poing sur le cœur. Ils n'ont pas eu le temps de sonner l'alarme.


Le canon de son arme fumait encore.


Vao pénétra dans le poste de commandement central en s'attendant à ressentir une montée de tension. Ce fut l'inverse qui se produisit; il se sentait soulagé d'avoir franchit le point de non retour. Maintenant il s'agissait de réussir ou de mourir. L'ancien général jeta un regard douloureux aux corps qu'on traînait déjà hors de la salle. Autant que possible, Vao souhaitait limiter les pertes, mais les officiers de faction portaient leurs armures blindé et il avait fallut les abattre avant qu'ils ne puissent sonner l'alerte ou riposter. Bien d'autre mourraient aujourd'hui pour arracher l'Empire aux griffes du BSI.

En fin de compte il n'y avait qu'une femme dont le gouverneur voulait tuer. Tout le sang versé serait sur ses mains; pourtant c'est bien Vao que les spectres de ce jour funeste viendraient hanter.


-Connectez moi au réseau de combat et levez les restrictions qui bloquent encore Delta, ordonna-t-il d'une voix ferme. Unité un, établissez un périmètre défensif autour du centre de contrôle. Où en est l'escouade Bravo?


Dans les profondeurs du palais impérial, la centaine de prisonniers sélectionnée par Nina Septime pour être exécutée en grande pompe ignorait ce qui l'attendait. Nombre d'entre eux s'imaginaient encore que les choses finiraient par s'arranger, et peut-être même que la chance tournerait enfin en leur faveur. Cela dit le fait qu'on les arrache à leurs cellules après les avoirs entravés et recouvert leurs visages d'un casque de privation sensorielle faisait quelque peu vaciller leur optimisme.


Attachés ensemble et cornaqués comme des animaux allant à l'abattoir, la longue file de condamnés remontait le long du vaste hangar reconverti en zone carcérale. Des modules carcéraux cubiques s'entassaient sur plusieurs niveaux, reliés par des passerelles labyrinthiques. Les gardes impériaux ne descendaient dans ce purgatoire que pour une seule tache: amener de nouveaux détenus. Les agents du BSI et leurs droïdes de combat étaient seuls maîtres ici bas.


Entravée et entraînée par deux gardes en armure, Red jetait autour d'elle des regards assez chargés de haine pour incendier tout le complexe. En dessous d'elle, les condamnés à mort se dirigeaient vers un énorme monte-charge qui les mènerait directement à la zone d'exécution.

Un agent du BSI flanqué de deux droïdes leur coupa soudain la route.


-Qu'est ce que vous faites là? demanda-t-il avec autorité.

-On a reçu l'ordre de l'arrêter puis de l'escorter au quartier central, répondit docilement le garde.

-Les nouveaux entrants doivent être pris en charge dans la zone de transit, s'agaça son interlocuteur. De qui viennent vos ordres?


Le soldat activa un écran holographique sur son gantelet.


-L'agent Carlsson, déchiffra l'homme, l'air vaguement impressionné. Vous pouvez ma la confier, je prend le relais. Pas le jour pour laisser du personnel non autorisé se balader.


Les deux gardes impériaux échangèrent un rapide regard.


-On a reçu ordre d'escorter la prisonnière au poste central, s'obstina le garde sans la lâcher.

-Et moi je vous donne ordre de quitter le secteur et de me la laisser, répliqua l'agent avec morgue.


Red était inquiète. Leur plan prévoyait qu'ils soient trois dans le poste lors du déclenchement de l'opération, mais l'agent trop zélé menaçait leur stratagème. Sans compter qu'il était en train de leur faire perdre un temps précieux. Ils fallait qu'ils trouvent un moyen de s'en débarrasser, et vite.



La Dernière Étoile - Tome 2 : ChuteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant