Nous passons la porte d'un immense garage ou plusieurs voitures sont garées. Je slalome entre des Cadillac, des Bugatti, des Ferrari et d'autres marques de voitures. Plus rien ne m'impressionne, j'ai comprit qu'ils étaient pleins aux as ici. 

        Le garage ressemble plus à un hangar une fois avoir mieux inspecté les lieux, Hunter me pousse même aux marches d'un escalier, et je commence sincèrement à me demander si il veut me voir tomber, parce que je sens que la chute est proche. Génial !

        Je tiens quand même et nous arrivons à l'étage. Nous entrons dans une grande pièce quelque peu sombre. Hunter appuie sur un interrupteur à hauteur d'homme et plusieurs lampes disposées un peu partout s'allument et créent tout de suite une ambiance cosy. Un grand tapis à motif tribal meuble le sol et plusieurs canapés de type Chesterfield nous font face. Quel est cet endroit ?

        J'ose enfin prendre la parole malgré mon bafouillage distinct.

        "Pourquoi tu m'as emmenée ici ?" je demande en espèrant qu'il comprenne que je parle du hangar et non de cette garden-party.

        Hunter s'installe dans un des canapés et je reste debout. Il baisse légèrement la tête -et je le supçonne de ne pas vouloir me montrer son expression faciale- en frottant ses mains. Il fait plutôt frisquet ici et je me surprends à me réchauffer les bras.

        Je le regarde afin d'insister sur la question.

        "Pourquoi tu as réagie de cette façon devant mon père et Monica ?" me questionne-t-il avec une dureté qui ne m'étonne plus.

        Mes pensées se perdent, et je suis troublée. Il se fiche de moi ? C'est lui qui a commencé avec son appelation de "bons amis". Et puis poser une question en réponse à une autre question ce n'est pas un bon moyen pour résoudre un problème. 

        Je décide de ne pas évoquer la discussion avec Ariana. Ca partirait dans un festival d'agressions morales, et je veux à tout prix éviter ça.

        "Pardon ? Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, c'est toi qui est venu t'approcher de moi, et ne me dis pas que ce geste n'était pas voulu. Tu savais pertinemment que tes parents réagiraient à cette soudaine familiarité. Tu en as fait exprès et maintenant tu me blâmes injustement !"

        Je croise maintenant les bras et m'assiège en face de lui. J'enlève mes escarpins et je ramène mes pieds sous mes cuisses. Je sais que intérieurement, mes pieds me vénèrent, donc je leur envoie un signe de tête mérité.

        "Tu ne comprends rien Rain. Mes parents comme tu le dis voulaient absolument que je vienne à cette réception ridicule. En t'ammenant avec moi, je voulais montrer, et surtout à mon père, que je ne suis pas un bon à rien comme il le dit si souvent. Car l'accomplissement suprème d'une vie selon lui, c'est la femme"

        Je le regarde furibonde et éberluée. Est-ce qu'il en fait réellement exprès ? De m'énerver, de se servir de moi dans son propre intérêt ? Pour son image idiote de fils parfait ? Mais enfin pense-t-il à ce que moi je peux ressentir ? A quel point ses mots sont blessants pour mon estime et pour ma position en tant que femme ? Il est noué de scrupules ! Mon coeur se serre dans ma poitrine et j'ai la soudaine impression qu'il est trop petit pour contenir tous les sentiments qui s'y logent.

        Malgré l'effervescence qui me consume, j'essaie de préserver mon calme et je l'écoute débiter des propos obscènes.

        "C'est vrai que je me suis approchée de toi ouvertement, mais c'était calculé. Et le regard hautain que me lançait mon père depuis notre arrivée à l'entrée me mettait hors de moi. Je devais lui montrer que je peux gérer une femme, que je peux en avoir une, qu'il n'a pas à me sous-estimer de cette façon, sans dire un mot dans un silence vexant. Il est pire que ce qu'il peut montrer"

        La tension monte littéralement. Mon sang bout et mes mains me démengent. Si seulement je pouvais lui claquer une bonne baffe sur sa joue pour lui remettre les idées en place ! Mon coeur bat à tout rompre, comme si il cherchait à sortir hors de ma poitrine. 

        "Je m'en fiche tu comprends ? Ce que ton père peut penser de toi, ou ce que tu veux lui montrer pour lui prouver des choses. Tu t'es servit de moi et à aucun moment tu ne t'en est voulu ! Tu penses que je n'ai pas de sentiments ? Que tu peux disposer de moi comme bon te semble ? Mais enfin j'ai une âme, j'ai un coeur bordel ! Arrête de jouer les jeunes adolescents et comporte-toi enfin comme un homme !"

        Je me lève, les yeux mouillés mais en ce moment, rien de tout ça ne me gêne. Je fais les cents pas dans cette pièce sans objectif. Il faut juste que je me vide. Mes mains sont moites et ma voix navigue entre des tonalités graves et d'autres plus aiguës.

        "Tu ne sais pas comment donner, tout ce que tu fais c'est prendre ! Et le pire, c'est que je m'en aperçois uniquement une fois que tu t'es servie ! Tu ne peux pas mesurer en cet instant même à quel point j'ai honte. Et quand les choses se corsent tu fuis. Regarde tout à l'heure, quand ta soeur nous a abordés, j'ai bien vu que ça ne te plaisait pas alors tu as échappé à notre rencontre"

        Hunter me regarde m'emporter, mais j'ignore ce qu'il pense. Comme toujours en fait. 

        "C'est triste hein ? De se sentir analyser par quelqu'un d'autre, en se disant que chaque mots est justes, que chaque petites expressions reflètent parfaitement ce qu'on est vraiment. Tu n'est pas un monstre Hunter, mais ça ne t'empêche pas de faire des choses monstrueuses pour servir ton propre intérêt ! Et ça tu le sais autant que moi, c'est triste"

        Je pivote pour lui faire face et je vois qu'il se tient devant moi. J'ai rétrécis et je m'en aperçois rapidement quand il s'approche d'une démarche lente et maîtrisée. Mais à quoi joue-t-il ? Il devrait se défendre me montrer en quoi j'ai tort ou raison, mais non. Au lieu de ça il encaisse et reste impassible.

        Rapidement, je me retrouve immobile et je sens son torse frôler ma poitrine. Ses mains chaudes viennent se placer sur mes joues maintenant déshydratées. Et je ferme les yeux. Je devrais le repousser et m'enfuir tout de suite. Mais une fois de plus, mes jambes me lâchent. J'avale ma salive difficilement et je peux presque sentir ses longs doigts s'encrer dans ma nuque. J'ai chaud, horriblement chaud.

        Il se penche doucement et encore une fois, je goûte au plaisir de fondre mes lèvres sur les siennes. Elles ont un goût de vin.

        C'est familier, doux et désespéré, presque nécessaire, et je réponds à sa demande en laissant un passage à sa langue. Je suis prise dans un tourbillon de sens, une quête de plaisir et je me perds. C'est divin.

        Mon souffle est lent et le sien est irrégulier. Je défais le bouton qui maintenait son blazer fermer, et glisse mes mains derrière son dos. J'agripe mes doigts au tissu de sa chemise noir pour le rapprocher de moi. 

        Hunter passe une main plus conséquemment derrière ma nuque et glisse ses doigts habiles dans ma chevelure pour intensifier notre baiser. Je me mets sur la pointe des pieds pour l'aider à faire durer la sensation.

        Je me sens partir, mais soudain je réalise quelque chose.

        Il me manipule.

FIN DU CHAPITRE VINGT

                J'espère que vous avez apprécié ce chapitre. En attente du chapitre suivant ?

HunterWhere stories live. Discover now