Chapitre Quarante-sept

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RAIN

Entre dormir toute la journée et aller rejoindre Auberon pour qu'il m'emmène au théâtre, je préfère coincer ma tête sur un oreiller moelleux. J'ai choppé un rhume hier, une grippe, quelque chose de sale et de terriblement destructeur. Ca ne m'étonne pas vraiment, je m'y attendais, mais je ne m'y suis pas préparée. 

Suis-je stupide ? C'est bien possible, mais étant malade, je préfère discuter de ce nouveau problème quand je me porterai mieux.

Je n'ai pas prit le temps d'informer Auberon. Je suis pratiquement sûre que cet homme pourrait débarquer chez moi avec un assortiment de tisanes et plusieurs bouillottes. Ce n'est pas comme-ci je voulais que l'on partage ma maladie. Donc si il lui prend l'envie idiote de débouler ici, je ferais de mon mieux pour le virer. Ce genre de virus c'est super virulent, je ne veux pas qu'on lise plus tard dans mon CV que j'ai refourgué la crève à mon patron. Ce serait la honte suprême.

Je préfère me remettre seule, à l'abri du bruit, à l'abri des gens. Mon cerveau de zombie fait déjà assez de dégâts pour l'instant.

Calée dans mon lit, je m'apprête à m'endormir encore une fois, lorsque j'entends la sonnette de mon appart' retentir. Ce n'est pas franchement le moment. J'ai l'impression que si je franchis le pas, que si je m'expose hors de mon lit, une rafale de froid va m'envahir et tuer toute l'énergie que j'essaye de puiser pour ne pas me transformer en flan.

J'ai l'air pitoyable avec la sueur qui dégouline de ma figure et mon pyjama fantaisie où trône quelques dizaines de glaces en cornet. Pas très sexy comme accueil.

Donc je prends l'option de ne pas répondre. Avec un peu de chance, ce n'est rien d'important et la personne qui a osé interrompre mon hibernation s'en ira tranquillement. Peut-être que c'est Auberon. Peut-être pas. Peut-être que je suis en train de rêver que ma sonnette sonne alors qu'en réalité je dors ?

Oh putain mes symptômes sont plus coriaces que ce que je ne pensais.

Mes yeux se ferment en voyant que la personne n'insiste pas. Mais à la place, j'entends un autre son qu'il m'est incapable d'identifier dans l'instant. Je somnole et plus rien ne m'importe.

Est-ce que j'ai verrouillé la porte de mon appart ? Ca n'a plus d'importance là où je me trouve. Les bras de Morphée me veulent et il m'est impossible de résister.

J'entends du mouvement autour de moi. La porte de ma chambre s'ouvre, enfin j'en ai l'impression. J'ouvre la moitié d'un œil. Elle vient bien de s'ouvrir, une dose considérable de fraîcheur vient de me gifler le visage.

Maudit soit mon invité, j'ai besoin de paix là. De paix, de silence, de solitude. 

Ma chambre étant dans le noir le plus complet, je ne perçois pas de qui il s'agit. J'ignore même si mes yeux sont bien ouverts pour vérifier le profil de cette intrusion. Je ne maîtrise rien ou alors j'en ai pas conscience. Techniquement, je ne devrais pas me sentir aussi faiblarde. Mais là maintenant, je m'en moque tellement.

La personne a le gentil réflexe de ne pas allumer la lumière de ma chambre, ni d'ouvrir les volets, ce dont je lui en remercie. A la place, je sens un poids naître sur un côté de mon lit. Je me laisse tomber vers la personne sans pouvoir me contrôler. J'ai le sentiment de m'être transformée en flan cette fois.

Triste nouvelle.

Une voix se déploie. Ma paix se meurt et j'ai soudain des envies meurtrières. Même si je n'en ai actuellement pas la force, il ne faut pas sous estimer ma violence mentale. Je grogne quelque chose alors que je voulais articuler un truc du genre : dégage de là.

HunterWhere stories live. Discover now