Hunter

Chapitre Dix

                Bonne lecture !

PDV RAIN

        Il fait froid. Mon corps est frigorifié. La pièce est perdue dans l'obscurité. Minuit vient de sonner, les cloches de la ville me l'ont indiqué. Il m'a dit que ce ne serait pas long. Qu'il veut me voir, que sa vie en dépendait, il parle de notre future, donc je suis concernée. Que rien n'est trop tard pour nous et que ça va nous aider mutuellement. Je sais que notre amour est jeune, incertain et mêlé à des centaines de problèmes. Mais à ce moment là je m'en fiche.

        Je l'aime.

        Et il m'aime.

        Nous nous aimons et nous allons surmonter les épreuves les plus sombres pour embrayer sur nos plus belles années.

        La porte s'ouvre finalement sur sa silhouette imposante. Je la reconnais à cette coiffure singulière qu'il a. Il est beau, grand, musclé et robuste. Je l'aime comme ça. D'un amour fort, éperdu et sans fin. 

        Etrangement, il n'a pas le réflexe d'allumer la lumière.

        Peut-être craint-il encore que nous nous fassions repérer par sa bande et mes parents ?

        Je devrais être effrayée, sentir progressivement mes aisselles transpirer et cette boule constante dans ma gorge. Mais il n'en est rien. Avec lui je n'ai pas peur. Jamais.

        J'aime cet homme mystérieux parce qu'il me répète sans cesse que rien ne saura nous séparer.

        Il dépose des affaires que je ne reconnais pas au sol.

        Je le sens s'approcher, un chandelier traîne sur la table et il en allume les bougies pour qu'un brin de lumière traverse la pièce. 

        Je distingue enfin son visage malgré la lueur faible qui se dégage des cierges. Ses traits sont marqués, il a même l'air furieux. Mais contre qui ? Je pense automatiquement à moi. Je n'ai rien fait, je suis restée ici sans bouger dans le calme comme il me l'a indiqué plus tôt.

        Je recule instinctivement quand je le sens venir plus rapidement vers moi. En cet instant il ne se ressemble plus. Il m'a dit qu'il ne changerait jamais. Que ses fréquentations n'impacteraient pas sur qui il est. Il a même osé me promettre de ne jamais devenir comme eux.

        Je me met à douter et son silence ne me rassure pas. Quand je percute le mur derrière mon dos, je suis piégée. 

        C'est dans cette même pièce que nous avons eu notre premier baiser il y a quelques mois. Un refuge pour nos âmes amoureuses et rebelles. Je me sentais accomplie, grandit même. Mais il m'a aussi juré qu'il ne me forcerait pas. Que ça se passerait seulement quand je serais réellement prête. Il m'a dit que lui était prêt à attendre parce que j'en valais la peine.

        Il m'a dit tout ce qu'une fille rêve d'entendre à dix-sept ans. Et ce même si il en a cinq de plus que moi.

        Soudain ses mains attrapent mes poignées et il les cloue au-dessus de ma tête avec cette assurance que les garçons de mon âge n'ont pas.

        Mon coeur bat. Vite. Mais je me sens bien. Je suis avec lui donc rien ne peut m'arriver. 

        Son souffle chaud et enivrant frappe ma peau, mon cou. Je me sens vivre quand il m'inflige ça. J'aime sa façon de me dominer.