Chapitre Soixante-et-un

7.7K 514 25
                                    

HUNTER

La route est longue, mais chaque kilomètres en vaut la peine.

Je finis de m'habiller rapidement. J'ai mit un vieux smoking à moi, que Monica m'a acheté à l'époque où elle pensait encore qu'elle et moi, on pouvait avoir une relation belle mère et beau fils en parfaite harmonie. Mis à part le fait qu'il me serre un tantinet aux mollets, je me sens à peu près bien dedans. Face au miroir, il me donne même l'impression de s'accorder avec la couleur de mes cheveux.

Je redresse d'un coup de main mon nœud papillon. Le style que ça me donne, je le déteste assez. Ce n'est pas moi. Ça me rappelle quelqu'un que j'étais avant, qui enfilait ce genre de déguisement pour plaire aux autres. Pour plaire à mon père, ou plutôt pour ne pas lui foutre la honte. Je ne sais pas si un jour il aura autre chose que la place de connard qu'il occupe actuellement quelque part au fond de mon être.

Sauf qu'aujourd'hui, je n'ai pas d'autre choix que d'enfiler ce stupide costume. Je le fais pour les autres, certainement pas pour moi. Et comme je dois quand même faire mon petit effet, je m'assure d'être à la hauteur, si ce n'est le meilleur.

J'asperge d'une main assez légère mon cou et mes poignets, de cette eau de Cologne hors de prix, comme je l'ai toujours fait. Cette odeur me rappelle tellement de choses que ça me perturbe presque. Pourtant aujourd'hui, je ne suis pas d'humeur à être perturbé. J'ai un but, et je compte bien l'accomplir.

Quelque minutes plus tard, je me penche sur le bar pour rédiger un chèque. Des doutes viennent me tarauder quant à la somme que je dois y apposer. Je ne sais pas de quel milieu social sont ces gens. Ils ne savent rien de mon existence, je pourrais très bien venir les mains vides. Seulement ce n'est définitivement pas comme ça que j'ai été élevé. Alors je dessine un nombre à quatre chiffre. De toute manière, ce n'est pas l'argent qui manque chez moi. Car même si, j'ai arrêté la médecine, ce n'est pas pour autant que l'activité de mon compte en banque c'est elle aussi stoppée. 

Je glisse le chèque dans la poche intérieure de ma veste puis je jette un dernier regard dans le miroir. Je me surprends à aimer ce que je vois. Impossible de savoir à quand remonte la dernière fois que j'ai aimé ce que j'ai vu dans ce foutu miroir. Sans doute avant mon adolescence. Je n'étais pas le plus beau, j'aimais pourtant ma vie comme ça. Sans toutes les complications, sans rien pour venir brouiller mes idées. Sans filles aussi.

En descendant l'allée pour me rendre au parking sous-terrain, je me mets à cogiter. Dans le message de Naomi, elle indiquait 11 heures. J'ai encore beaucoup de temps devant moi, étant donné que je sais déjà où se trouve le lieu de la réception, et que mon Audi vient de passer chez le mécanicien. 

Je pense qu'il serait bon de faire un tour chez le fleuriste, d'acheter les fleurs les plus belles ou les plus chères qu'il  y a. Je pourrais aussi ramener un orchestre entier mais je ne pense pas que cette Ava ou son futur mari, Benett n'aimerait ça. Après tout, je ne les connais pas, et je m'incruste malgré tout à leur mariage. J'espère qu'ils le prendront bien, de toute façon, ils iront mieux dès que je leur tendrai mon chèque.

Je monte dans l'Audi sans perdre de temps pour mettre la stéréo et ainsi me détendre. Je ne suis pas nerveux, mon corps réagit juste exagérément. Et comme je n'ai jamais vraiment bien réussi à le dompter, je tente de me calmer du mieux que je peux. Un rap assez poussé monte jusqu'à mes oreilles. Je n'ai pas le temps de reconnaître qui se cache derrière parce que je fais vrombir le moteur avec insistance. Je sors du parking en déboulant dans la rue, me faisant visiblement remarquer. Mais je m'en fiche, parce que je vais acheter des fleurs, et qu'il fait beau comme jamais vu dans ce pays.

Sur le chemin, je me rends compte que je ne connais aucun fleuriste. Vraiment aucun. Je n'ai jamais été une petit frappe alors rien n'excuse mon ignorance en terme de fleuriste de renom par ici. Je décide de contacter Eugene avant de le regretter.

HunterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant