Chapitre Quarante-deux [Partie 2]

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PDV RAIN

Je hoche la tête en souriant, sentant toujours le regard de Carlos sur nous. Eugene se décale et marche vers le fond, le dos droit mais toujours un peu crispé. Je me demande si il est réticent à l'idée d'y aller. 

Sans qu'il n'y fasse attention, je le suis du regard pour voir où il se dirige. Il s'arrête devant un mur caché par un paravent abîmé. Je m'oblige à avancer pour ne pas le perdre de vue. Une sorte de tissu, peut-être un tapis à motif tribal et d'un marron-noir qui se fond dans le mur, est accroché. Je devine qu'il n'a pas été lavé depuis un certain moment.

Eugene se glisse derrière le tapis et disparaît comme par magie. Je me retourne pour voir si quelqu'un m'observe. Carlos est coincé derrière le comptoir, en train de se disputer avec Minijupe. Personne ne semble m'épier, alors je fonce en direction du paravent. Mais avant de me jeter dans la gueule du loup, je m'arme d'un blouson en cuir deux fois trop grand qui reposait sur le dos d'une chaise, pour le troquer contre mon manteau vert.

Je l'enfile sans ménagement et à ma grande surprise, une odeur d'eau de Cologne me gagne. J'ai un moment le sentiment d'être en sécurité. En la réajustant, je remarque qu'une capuche en coton est accroché au niveau de la nuque. J'avise de la mettre pour mieux passer inaperçue.

Je me remercie d'avoir mit un slim noir et des bottes de la même couleur. Plus facile de se fondre dans la masse de cette façon. Et avec ce blouson, j'ai des épaules carrés, par contre ma taille pourrait me trahir. J'improviserai si je me fais repérer.

En réalité, j'ignore pourquoi je me lance dans cette affaire. Il y a encore quelques semaines, jamais je n'aurais affronté ce genre d'environnement avec tous ces hommes. J'aurais été pétrifié, pire qu'un chiot égaré dans les bois. Pourtant en ce moment même, c'est bien moi qui m'avance vers ce tapis pour mettre les pieds dans cette forteresse bourrée de testostérone.

J'arrive devant un escalier obscur, privé de sons et d'odeur. J'entame ma descente sans savoir ou je vais arriver. Et je descends, je descends, plus j'avance, plus la fin me semble éloignée. Au bout d'un moment, je perçois des bruits. Des voix graves s'élèvent et une musique hard rock fait vibrer les murs. Une odeur bizarre et que je ne saurais décrire me vient d'un coup, et ne me rassure pas du tout.

Une sorte de rideau épais se tient devant moi, par lequel des faisceaux de lumières se font voir. Je devine que si je fais quelques mètres, je pénètre dans la tanière du délit.

Je passe un œil suffisamment près pour voir ce qu'il se passe ici. Mais la vue d'un gros homme chauve me bloque toute vision. Il n'y a plus d'autre solution que de rentrer. J'inspire profondément, mets mes mains dans mes poches, et me glisse sur le côté droit pour entrer sans me faire remarquer.

La première chose qui m'est perceptible c'est une petite table située dans un coin sombre et libre, où je serais à l'abri. Je me rue dessus et m'assoie le plus naturellement possible. 

De ma place, je détaille l'endroit. La pièce fait peut-être vingt-cinq mètre carrés, un bar est placé en son fond et un homme plutôt musclé s'en occupe. Les murs sont d'un noir charbon, ce qui contraste franchement avec le plafond qui lui est d'un blanc impressionnant. Dans chaque recoin de la pièce de longs néons illuminent l'endroit, ce qui donne cet air de discothèque privé. Entre la pièce du haut et celle-ci, j'ai l'impression d'avoir carrément changé de lieu. Mais je comprends que c'est tout à fait pensé. La pièce précédente est répugnante pour ne pas divulguer l'existence de celle-ci, et de cette manière mieux la préserver. Carlos est intelligent finalement.

Plus à droite, des hommes disputent des cartes devant une partie de poker. D'autres entrechoquent leur bouteilles d'alcools pendant que d'autres encore discutent autour de tables où règnent des petits sachets en plastique ou des liasses de billets.

HunterWhere stories live. Discover now