Chapitre Soixante-huit

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HUNTER

La moquette me chatouille les pieds quand je pénètre dans le couloir. Les lumières s'allument automatiquement dès que je commence à bouger. Je suis seulement vêtu du peignoir dix fois trop petit laissé par l'hôtel. Ce pauvre hôtel qui n'a visiblement pas pensé à tirer des exemplaires de tailles différentes de ce peignoir fade. Je dois bien admettre que je me sens à l'étroit dedans. Mais Rain, elle, elle rayonne comme un soleil, un jour d'été à Maui. Ça me fait penser, il faudra que je l'emmène là-bas. 

Il faudra que je l'emmène partout. Dans les endroits qui me rendent heureux, et dans ceux où je le serai avec elle. Mais je ne veux pas jouer les optimistes trop vite. Cette attitude m'a déjà joué des tours. De très mauvais tours. Aujourd'hui, je veux les éviter. Alors même si j'ai l'impression formidable que tout va pour le mieux du monde, je dois quand même faire attention.

Je toque à la porte de Calvin. Pas de réponse. Je retente ma chance en toquant un peu plus fort, ignorant le boucan que mon poing produit. Ça pourrait réveiller des gens, ou pire, en énerver d'autres. 

Au bout d'une minute bien longue, Calvin ouvre la porte. Il est aussi grand que moi. Il est rasé. Il est terriblement propre aussi. Les mecs ont aussi le droit de trouver d'autres mecs charmants, et c'est ce à quoi Calvin ressemble en ce moment. Un mec charmant. 

Où est passé le type que j'ai prit en stop ?

- Qui es-tu ? Et qu'as-tu fais de Calvin ?

Je ponctue ma phrase par un sourire songeur. Calvin me donne une tape à l'épaule. Il sourit lui aussi. Je commençais à me demander si des dents se cachaient sous cette barbe envahissante. A ma grande surprise, elles sont super blanches et aussi super clean.

- Calvin Callaway te présente les effets secondaires d'une parfaite mise en beauté. (Il passe une main dans ses cheveux en arborant un demi-sourire). Qu'est-ce que tu fais là, Hunter ?

Il se met à tourner la tête de gauche à droite en se penchant un peu vers moi. Il cherche peut-être Rain. Mais ne la voyant pas, il m'invite à entrer dans sa suite, comme si ce geste lui était habituel.

La porte se claque et je lui réponds enfin.

- Elle est sur le lit, elle en a marre de ces peignoirs pourris et moi aussi. 

Calvin me scrute de la tête au pied. Après son analyse, il décrète d'un air entendu :

- Tu as de très belles jambes.

- Oh s'il te plaît !

Lui, il porte un bas de jogging noir avec un t-shirt de la même couleur, à l'emblème de l'hôtel. Je découvre que ses biceps remplissent les manches de son t-shirt, ce dont je ne me serais jamais douté. Il est tout à coup très imposant dans cet accoutrement. Il a peut-être la trentaine mais il en paraît cinq de moins maintenant.

- Il y avait ces fringues dans un des placards de la chambre. (Calvin me les montre d'un coup de tête rapide). Mais je doute qu'il y ait autre chose. En fait, je suis plutôt content d'avoir trouvé ça, même si je n'ai rien contre porter la tenue d'Adam ici. Ou ailleurs. 

- Il faut que je trouve quelque chose pour nous vêtir, moi et Rain. J'ai plus affirmé que sous-entendu que j'allai lui ramener des vêtements décents.

Calvin fixe mes pieds. Le temps me paraît long. Puis il se redresse pour me répondre. Il a ce don incroyable de faire disparaître la gêne qu'il créé d'un seul regard. Je trouve ça fascinant, comme flippant.

- On a qu'à descendre voir ce que le staff a. Ou on peut voler les autres occupants des chambres. C'est toi qui vois.

Je me surprends à considérer les deux possibilités. Mais franchement, je n'ai pas envie d'expliquer à Rain que j'ai dérobé les fringues d'autres clients. Elle penserait que j'ai toujours ce côté malsain en moi. Bien sûr, j'ai toujours un côté malsain. Mais plus comme avant. Celui-là, il est plus taquin, joueur, raisonnable et honnête.

HunterWhere stories live. Discover now