Chapitre Cinquante-cinq

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RAIN

- Je sais maman, j'aurais dû te prévenir, mais j'en avais pas tellement envie !

- C'est une blague j'espère ? Mais enfin Rain, où est toute l'éducation que je me suis cassée la tête à t'inculquer ? Que tu ne m'appelles plus comme avant, je le comprends, tu es une femme active depuis longtemps. Mais quitter Londres comme ça, sans un au revoir, sans une dernière trace de toi, ça me déçoit énormément. Figures-toi que j'ai dû appeler Naomi ! Naomi nom de Dieu ! Ce n'est même pas elle que j'ai eu au téléphone d'ailleurs, mais un homme à l'accent horriblement charmant. Quand est-ce que tu vas m'expliquer ce qu'il se passe mince alors !

J'ai préféré laissé ma mère déverser sa rage sur moi. Je ne sais pas si elle consulte encore le Dr Frost depuis qu'elle n'a plus mon père, mais j'ai comme l'impression qu'elle est sur les nerfs. Et que ce n'est pas seulement parce que je me suis cassé de la capitale il y a quelques mois, et qu'elle ne l'a remarqué qu'il y a deux jours.

J'ai vraiment une mère fabuleuse.

Quand j'ai fait mes valises en mettant toutes mes idées faiblardes de rester, de côté, j'ai pensé à passer par chez elle pour la mettre au courant. Sauf qu'au moment de partir pour de bon, j'ai changé d'avis. Quelque chose me dit qu'elle aurait trouvé un moyen pour me faire rester ici, ce qui aurait empiré les choses c'est certain. Mieux vaut qu'elle reste hors de ça. Hors de ma vie.

J'hésite à répondre à sa question. Doit-elle vraiment savoir mes vrais motifs ? Je pense que non. Alors en rassemblant un peu de contenance, je lui réponds en essayant d'avoir une voix désintéressée. Je manque de lâcher la théière tellement elle est chaude. Mon cri ne lui reste pas indifférent.

- De toute façon avec toi, c'est toujours la même chose ! Soit tu trouves un moyen pour m'écarter de ta vie, soit tu m'écartes complètement de ta vie. Je ne sais pas ce que je t'ai fait. Est-ce seulement à cause de moi que tu t'es enfuie ? Parce que je ne te rendais pas assez visite ? Oh Rain ma chérie, je ne voulais pas te faire de mal, je suis navrée si tu savais...

Je l'entends presque pleurer. Elle peut se mettre dans des états dès fois... C'en est impressionnant. Et évidemment, elle tire encore des conclusions trop hâtives. 

Je soupire bruyamment. Que faire de cette femme ? Je décide ensuite de poser mes mains sur la vitre givrée pour apaiser la douleur que la chaleur du thé a laissé sur ma peau. Pendant un moment, je ferme les yeux, puis je pense à répondre aux "Rain tu es encore au bout du fil ?" incessants que pousse ma mère.

- Tais-toi maman ! Ce n'est pas de ta faute, ça n'a même rien à voir avec toi. J'avais besoin d'espace alors devine quoi, j'en ai prit.

- Tu avais des problèmes ?

Bizarrement elle ne dit rien quand au ton presque irrespectueux que j'ai prit avec elle. Je ne lui parle jamais de cette manière. Pour une des premières fois depuis un sacré temps, j'ai le sentiment que ma mère se soucie vraiment de moi. Cette pensée me fait tressaillir. Je me sens tout à coup énervée et terriblement triste. Je n'en n'avais pas conscience. 

Mieux vaut aussi écarter la vérité.

- Je devais respirer un autre air que celui trop lourd de Londres. Je suis jeune bon sang, pas besoin de rester coincée dans cette ville.

- Bien sûr ma chérie je te comprends. Tu peux faire ce qu'il te plaît. Ca ne m'empêchera pas de m'inquiéter pour toi. Imagine-toi un peu à ma place, je cours chez toi pour te parler d'Harvey, un courtier fort séduisant, et à la place de voir ton visage quand la porte de ton appartement s'ouvre, un homme en slip avec une pilosité faciale inquiétante m'a fait face. J'étais pas loin de l'infarctus. J'ai cru que tu avais remplacé le jeune Hunter par cet individu hideux. D'ailleurs comment se porte-t-il en ce moment ?

HunterWhere stories live. Discover now