Chapitre Cinquante-sept

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Son prénom est, sur mes lèvres, une douce et amère sensation de déjà vu. J'en suis un instant déconcerté. Le dire à haute voix concrétise le motif de ma venue, et par la même occasion, sa présence qui m'immerge profondément.

Si j'avais à mettre sur une liste toutes les femmes que j'ai aimé, vraiment aimé, il n'y aurait que deux noms à inscrire. Reese Ylliper et Rain Viola. Il n'y a jamais eu qu'elles dans ma vie. Et d'une manière ou une autre, je me suis débrouillé pour les perdre toutes les deux.

Mais quel Don Juan tu fais Sierra ! Toujours à courir après des femmes qui finissent par te haïr.

Je sais bien qu'il n'y a pas de ligne de conduite à suivre pour avoir une bonne relation amoureuse. Mais si vraiment il existait un moyen, je me serais déjà précipité dessus. J'ai cette fâcheuse habitude à faire foirer mes chances à chaque fois. Je me demande si mon père avait le même genre de problème quand il était jeune. Il a finit avec Monica, donc c'est plus que probable.

Je n'imagine pas ce que ça m'aurait fait de rencontrer Rain au lieu de Reese, pendant les années lycée. Tout aurait peut-être parfaitement fonctionné entre nous sans les trucs merdiques qui alimentent nos passés respectifs ...

Je suis un instant déçu. On ne peut pas jouer avec le temps. Je m'en serais donné à cœur joie pourtant.

Je reporte mon attention sur Reese. Si il y a une minute elle me jaugeait avec intérêt et fascination, j'ai le sentiment de l'ennuyer tout à coup. C'est comme ça que sa bipolarité se manifeste, ou est-ce qu'elle vient de capter que si je me pointe chez elle, ce n'est pas par pur et simple courtoisie ?

Je lui souris néanmoins.

- Quelle est la raison de ta venue ?

En venant ici, je ne m'attendais pas à ce qu'elle m'accueille avec une embrassade chaleureuse et un café trop sucré. Je savais que tout de ce que je lui avais fait après "nous" resterait à jamais gravé  dans sa mémoire, peu importe sa grandeur ou sa petitesse.

Je ne veux pas savoir la taille de son cerveau. Mieux vaut que j'ignore ça à jamais.

Je lui ai quand même fait perdre un litige.

Je suis un connard.

Mais dans son genre, elle n'est pas défendable. J'ignore si Ronnie sait que sa mère a fait un an de taule avec une note épicé à payer avec.

- J'ai besoin de te parler.

Je vois un de ses nombreux sourires se former sur son visage. J'aurais préféré me le cacher encore longtemps, mais je ne peux pas refuser ce qui me fait face. Reese est encore et même bien plus jolie que la dernière fois que je l'ai vu. Elle porte une robe foncée, un peu moulante et longue qui m'a l'air bon marché. Ca me surprend d'elle. Quant à ses cheveux, ils sont regroupés en deux nattes négligées, pendant des deux côtés de sa tête.

Et ses yeux, ses yeux donnent leur propre version de ce qu'elle ressent en ce moment. J'adorais voir ces yeux posés sur moi. Je considérais ça comme une victoire à chaque fois que je l'attrapais en train de me regarder.

J'ai raison de parler au passé. Tout est finis, et j'en suis le plus heureux. Putain, c'est comme si je devais m'en convaincre. Non, je le suis vraiment !

- Suis-moi dans ce cas.

Reese passe devant en fermant la porte derrière elle. Avec précaution, elle dévale les marches de l'escalier interminable que j'ai monté tout à l'heure. Je marche dans ses pas sans un mot, ne sachant que dire, ou pourquoi parler sans raison.

HunterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant