Chapitre Soixante-et-onze

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RAIN

Je manipule la luxueuse télécommande de l'hôtel aux 4293 boutons et je ne trouve toujours pas comment changer de chaînes. Je suis bloquée sur une chaîne péruvienne qui parle depuis vingt minutes du Lac Titicaca et de ce qu'il représente pour leur pays. Apparemment c'est une sorte de Graal inestimable mais vu que je ne comprends rien à ce que les habitants locaux disent à son sujet, je fais travailler mon imagination. Heureusement que certains mots sont écrits parce que sinon, je serais totalement paumée. De toute façon, je suis bien forcée de m'y intéresser parce que cette chambre est mortellement vide sans Hunter et que je ne peux rien faire d'autre que prendre mon mal en patience.

Qu'est-ce qu'il fabrique, bon sang ?

OK, je me suis assoupie quelques minutes, et juste après, j'ai réussi à allumer cette fichue télé, mais impossible que je l'ai manqué pendant ce laps de temps. Il m'aurait réveillé. Quand même, ce n'est pas aussi difficile de se dégoter des fringues dans un hôtel, si ? Je commence à me poser un milliard de questions différentes. Peut-être qu'il s'est perdu, peut-être qu'il est tombé sur quelqu'un de charmant et que maintenant ils discutent mondanité autour de mignardises innommables. Ou bien il est en grande conversation avec Kim La Reluqueuse de Mecs. Je me crispe juste en y pensant. Il ne manquerait plus que ça.

Je me concentre sur les mots que Fiorella Torres dit. C'est une dame d'une cinquante d'années avec des cheveux tellement lisses et brillants que je doute que ce soit les siens. Ils sont aussi noirs que la nuit. Je l'envie parce que je suis sûre qu'elle ne se donne pas un mal de chien pour qu'ils aient cet aspect. A part ça, Fiorella articule très mal ses mots, alors je me contente de lire les images légendées qui défilent pendant son témoignage. Apparemment, c'est en sortant de ce lac que le Dieu Viracocha a créé le monde. Je ne capte pas le reste, à part peut-être le mot "inca" qui revient assez souvent. Mais je ne sais pas vraiment à quoi l'associer. J'éteins le télé en m'allongeant sur le dos. Je fixe le plafond.

J'ai envie de vérifier l'heure mais ça me rendrait triste. Sans doute désespérée, et pourquoi pas ajouter inquiète aussi ? Alors je prends mon mal en patience encore une fois. Un moment, je me demande si c'est une bonne idée d'aller voir Calvin. Je chasse cette idée aussitôt, il doit dormir. Qui sait à quand date la dernière fois qu'il a eu une nuit de sommeil complète et revitalisante.

Après dix minutes de fixation exaltante du plafond, je décide d'envoyer un message à Hunter. Je n'arrive pas à me souvenir s'il a son portable avec lui ou non. J'entame une fouille méticuleuse de son sac Harrods. Évidemment, je ne trouve rien de palpitant, ce qui m'incite à penser que du coup, il est parti avec.

02:49 - RAIN : Je suis en train de mourir d'ennuie. Ça avance tes recherches vestimentaires ?

02:55 - RAIN : Je vais finir par faire un scandale. Je pourrais même faire tracer ton téléphone parce que j'ai la flemme de faire le tour de l'hôtel pour te retrouver. OK, j'ignore comment m'y prendre. Mais ne me tente pas.

03:04 - RAIN : Cette soirée devient de PIRE en PIRE. On se demande pourquoi... Bouge-toi, je suis à deux doigts d'aller réveiller Calvin. Ne me tente pas non plus.

03:11 - RAIN : Bon, tu l'auras cherché. Je me dirige vers la porte.

03:11 - RAIN : J'actionne la poignée...

03:12 - RAIN : Je suis dans le couloir, en peignoir, sans rien en dessous... RIEN EN DESSOUS.

03:12 - RAIN : Je pourrais carrément l'enlever, le couloir est vide, personne ne me verrait...

03:14 - RAIN : Calvin dort à poings fermés. Il n'a même pas pensé à fermer la porte de sa suite. Il a changé de coupe ou c'est moi qui vois mal ? Mince, je l'aurais pas reconnu si je n'étais pas d'être entrée dans sa chambre. Il est très séduisant comme ça.

HunterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant