Chapitre Quarante-huit

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RAIN

Il me pose un ultimatum. 

Depuis le début, Hunter représente pour moi ce qu'il m'est arrivé de mieux depuis Ian. Hunter est une bouffée d'air frais. Il a donné à ma vie monotone, un sens étrange mais excitant. Quelque chose que je n'avais pas encore expérimenté. Un flirt exaltant, empoisonné mais tellement attrayant. J'étais quand même prête à lui donner mon corps le soir où il m'a rejeté. J'étais prête à modifier beaucoup de choses chez moi parce que cet homme réveille en moi des sensations, des émotions que je pensais ne plus pouvoir ressentir.

Il est le voyage que j'attendais de faire. Sauf que j'ignore si je veux qu'il s'arrête un jour.

Quand je l'ai vu pour la première fois dans ce club, j'ai cru qu'il était un homme à femme. Quelqu'un qui fonctionne avec un tableau de chasse plein à craquer et qui ne s'attache pas aux gens. J'ai cru qu'il jouait avec moi, même si j'espérais silencieusement que je me trompais.

On se fréquentait c'est vrai, mais l'idée de couple ne m'a jamais effleuré. Il a ses secrets et j'ai les miens. Si il veut que ce genre de relation naisse entre nous, il faut que je me défasse des miens. Il faut que je brise cette paroi qui m'empêche d'aimer quelqu'un.

Parce qu'il se pourrait bien que je sois déjà tombée pour lui.

Et je dois m'en rendre compte quand je pue la transpiration et le sirop pour la toux.

Je racle ma gorge pour éviter de tousser.

- Pour être honnête, je n'avais pas non plus pensé au sujet du couple. J'appréciais que l'on se fréquente, et je l'apprécie encore. Je te fais confiance je crois, j'ai... Je dois me défaire de quelque chose. Je dois te confier quelque chose avant que tu ne veuilles encore de moi comme quelqu'un d'important.

J'ai attendu ce moment depuis longtemps. Le jour des confessions. Je croyais vraiment que les premières personnes à entendre ce qu'il m'était arrivé seraient ma mère et Naomi. Pas un mec que j'ai rencontré en boîte.

Je respire. J'ai toute son attention, il a d'ailleurs posé ses mains chaudes sur les miennes toujours aussi fragiles. Je prie grandement pour ne pas avoir à lâcher de larmes. C'est le moment où je me dévoile, je ne peux plus rebrousser chemin.

- Je ne sais pas par où commencer... Alors je vais commencer par le commencement. (J'inspire profondément en essayant de ne pas renifler, ça pourrait détruire ma crédibilité) J'avais dix-sept ans à l'époque, j'étais jeune et super naïve. Je... je suis tombée amoureuse d'un garçon. Ce n'était pas dans mes plans, à ce moment-là, les garçons passaient en dernier pour moi. Quoi qu'il en soit, je l'ai aimé comme une dingue, j'étais dingue de lui. Complètement et stupidement amoureuse de lui. C'était un mauvais garçon, plus âgé, beau, tatoué et sans emploi stable. Ma mère le haïssait. Elle parlait de lui comme si c'était une maladie contagieuse et mortelle. Je m'en contre-fichais, il représentait tout ce que j'avais, tout ce que je voulais. Je le voyais comme une bénédiction, seulement du jour au lendemain, il s'est transformé en cauchemar.

Je m'arrête pour reprendre mon souffle, mais aussi pour jauger la réaction d'Hunter. Il a le visage ferme et attentif. Il a réellement l'air intéressé par ce que je dis. Au lieu de me mettre en confiance, ça me perturbe deux fois plus. Je me mouche encore une fois.

- Un soir, aux alentours de minuit, il m'a rejointe dans notre coin secret. Il disait que cet endroit était le refuge de nos maux, la paix qu'il nous fallait pour que notre amour vive au lieu d'être jour après jour dénaturalisé et rabaissé par nos proches. J'aimais bien cette planque, je savais que quand j'y allais, j'allais passé un bon moment, j'allais être à ses côtés. (Je sens des larmes monter et ma voix trembler en gagnant en tonalité) Je l'ai cru Hunter ! J'ai cru ce salop ! Je l'ai cru quand il m'a dit qu'il fallait que j'attende parce qu'il devait régler une merde avec les dealers et autres connards qu'il fréquentait ! J'ai cru sa voix et ses mots ! Yeux dans les yeux, il m'a menti alors que j'étais amoureuse de lui ! Comment un être peut-il faire ça ? Comment ? Comment, hein, comment ?!

HunterWhere stories live. Discover now