Vous deux, dansez comme si vous vouliez triompher

Chapitre 9.5 : Le Diable est un drôle de marchand

En plein du Nevada, il existe une base secrète. Personne n'a le droit de s'en approcher, ni à pied, ni dans les airs. Les derniers à avoir essayer ont été abattus. S'en approcher étant dangereux, infiltrer le complexe relevait de la mission suicide, mais tel était les ordres. Ils avaient réussi à obtenir un poste dans la base, la NERV dépendait toujours de la SEELE et c'était en leur nom qu'ils allaient frapper ce soir. Ils avaient reçu l'ordre de faire en sorte que l'expérience soit maintenue, coûte que coûte, une chose plus facile à dire qu'à faire, car une grande partie de l'équipe des techniciens et des chercheurs était inquiète des risques d'une telle opération : l'installation d'un moteur S² artificiel sur l'EVA-04, l'un des deux nouveaux modèles venant de finir leur phase de construction, pourrait provoqué un phénomène semblable à celui observé chez le Douzième Ange quelques semaines plus tôt. Un « mer de Dirac » agissant comme une dimension de poche, ne laissant rien ressortir ou presque, si nous comptions le miracle du dernier combat. À vrai dire, les deux espions craignaient aussi pour leur vie. Ils n'avaient cependant pas le privilège de désobéir aux ordres.« Donc tout ce qu'on doit faire, c'est que tu fasses ton rôle de scientifique et que je fasse mon rôle d'ingénieur ?- Exactement. » lui répondit-on, « Et une fois qu'on aura fini ça, on pourra partir. On sera libre.- T'es drôlement optimiste. Je pense que leurs craintes sont fondées.- Les ordres sont les ordres. »À des dizaines de milliers de kilomètres, à quelques dizaines de mètres sous le sol, trois s'étaient réunis dans un bureau.« Alors ? » la voix du vice-commandant Fuyutsuki était beaucoup plus chaleureuse que celle du commandant. La NERV n'appréciait guère que l'on se mêle de ses affaires, et particulièrement quand ele avait exprimé son opposition. Installer ce « moteur S² » a pour but de donner une énergie infini à un EVA, palliant ainsi à leur faiblesse principale. Mais la SEELE n'en avait que faire de la lutte contre les Anges, et les hautes sphères de la NERV ne prenait aucun plaisir à accomplir leurs dessins.« Ils ont été prévenu. » répondit alors Kaji, « Le plus difficile, c'est de faire passer ça pour un accident. - Du moins, exclure la possibilité que nous sommes les responsables de ceci.- Devancer la SEELE est tout un sport. Ils ont impérativement besoin de la technologie S² pour leur plan. Les retarder sur ce point est essentiel. C'est de la folie de vouloir sacrifier des EVA alors que nous étions sur le point d'en perdre trois.- Je suis satisfait que nous avons pu trouver un ennemi commun. Après tout, nous sommes tous à la recherche de la même vérité ? »Cette guerre secrète était devenue plus qu'un simple passe-temps pour chacun des deux hommes. Et pourtant, le destin de l'humanité se jouait aussi dans l'ombre, loin des champs de batailles et à l'égard des regards. Elle se jouait à chaque instant, dans ce bureau que sur le terrain. En parlant du terrain, les deux traîtres de la SEELE n'étaient pas les seuls à avoir une mission. Au même moment, une silhouette toute de noir vêtue d'une combinaison qui rappellerait les plugsuits des pilotes. Elle était armée pour un assassinat, ne s'encombrant pas d'un quelconque fusil ou tout ce qui pourrait sortir d'une poche. Cette tenue n'était pas vraiment discrète, elle avait été conçu pour permettre à son porteur de s'accommoder à différents climats et le protéger. Un uniforme ou une infiltration en profondeur aurait probablement été plus efficace, mais ils n'avaient plus le temps. Il fallait agir vite, car ils savaient exactement ce qui se risquer de se produire.Comme si quelqu'un cherchait à aller contre le destin.« Collaborer avec la SEELE, ce fut la pire idée que j'ai jamais eu.- Je te rappelle que sans eux, tout ce que nous avait pu apprendre sur le transfert de l'âme, c'était mort !- On aurait dû rester en Europe ! On s'apprêterait pas à à faire les idiots avec une technologie complètement instable ! Merde, même NERV-1 est contre l'expérience ! On peut pas faire ce genre de connerie avec un EVA de surcroît !- Et donc, la copie de l'âme ?- ... tu sais aussi bien que moi qu'ils n'en ont que faire de nos expériences.- Tu me proposes quoi ? D'aller contre les ordres ?- Exactement ! »L'ingénieure regarda alors le scientifique, lui proposant de fuir. Fuir, pour aller où ? Le monde était bien trop petit pour échapper à cette cabale et ils ne pouvaient se résoudre à simplement mettre fin à leurs jours. Ils étaient arrivés si loin. Leur projet, c'était de concevoir des androïdes capables d'agir comme des humains. Quand le scientifique, un jeune homme nommé Ethan entendit parlait des premières expériences de contact, quand la NERV n'était que la Gehirn, et notamment de la nature de l'implantation d'une âme dans une machine, il imagina alors transférer des âmes de mourant dans de nouveaux corps. C'est quand il rencontra Elena, à l'époque encore une conceptrice d'IA qu'ils eurent l'idée de réaliser la copie numérique d'une « âme ». Et comme toujours dans ces expériences occultes et interdites, il y avait un prix à payer.Un enfant en bas-âge, cela devrait être plus simple à recopier, n'est-ce pas ? Le hasard fit que leur couple avait fini par donner naissance à un petit garçon, qui n'est plus de ce monde. « Un problème au poumon, une mort foudroyante », une « vérité » qui n'en était pas une, car si personne ne supporte l'idée d'avoir commit un infanticide. Ni Ethan, ni Elena ne pouvait nier qu'ils avaient leur part de responsabilité dans le décès de leur enfant. Lui qui était désormais coincé, dans ce qui ne devait être qu'un support de stockage, son âme à jamais arracher de son cœur. Personne ne sait à quoi il pense dans sa prison. Le seul endroit où l'on entendait encore le bambin pleurer était dans les cauchemars des deux amants. Marc, car tel était le nom du prisonnier, ne voulait pas sortir. Par haine ? Par peur ? Par sadisme ? Ou peut-être que Marc n'en n'avait jamais eu la moindre idée.Au même moment, un garde effectuait sa ronde. C'était un boulot tranquille, les probabilités que « la Zone 51 » comme ils surnommaient l'endroit se fasse attaquer étaient infimes. Mais ce n'était pas une attaque qui les attendaient, c'était un coup en traître par ceux qui tenait la laisse. Et puis, une main saisit son coup avant que sa nuque rencontre le canon d'un Five-seveN munit d'un silencieux et de balles dites subsoniques, plus lourdes, plus lentes donc moins « puissante » mais cela était amplement suffisant. À sa surprise, c'est une voix féminine que le garde entend.« Désolé mon garçon, mais j'ai envie de te voir en caleçon. » prononça-t-elle avant que l'agente assomme le garde. Elle se dirigea vers les toilettes les plus proches et le déshabilla. L'uniforme, c'est tout ce dont elle avait besoin. Elle se regarda brièvement dans le miroir alors qu'elle mit l'uniforme par dessus sa combinaison. Une femme aux cheveux courts, ne descendant pas plus bas que sa mâchoire. L'uniforme ne lui allait pas, de même pour la femme du miroir, mais elle n'était pas ici pour se faire une garde de robe, n'étant de toute façon pas à l'aise dans les vêtements d'un autre. Elle posa le garde inconscient dans l'un des toilettes, avant de reprendre sa route. Une autre patrouille, discutant entre eux des derniers évènements. Apparemment, il faisait beau à Paris ces jours-ci. Ils ne la remarquèrent pas, à son grand soulagement. Elle profita donc de ce manque d'attention pour se rendre dans les bureaux de scientifique chef du projet « Dyson » de NERV-2. Quelqu'un avait eu l'aimable délicatesse d'avoir réaliser un plan de tout le complexe, c'est comme si notre déguisée était chez elle.Les deux tourtereaux étaient tout les deux dans le même bureau, à l'abri des regards. Il pleurait, parce qu'il avait peur de rejoindre l'enfer dans les heures qui suivaient. Elle essayait de le réconforter, au moins pour une minute, car ils savaient tout les deux qu'ils ne pourraient vivre très longtemps, si ce n'était en pactisant avec le Diable lui-même, mais ils avaient déjà vendu leur âme à cet autre Satan Trisgémiste qu'était la science qu'ils pratiquaient. Des savants fous, à la quête d'une chimère, n'aillant jamais que réussi à singer le docteur Frankenstein, sans même parvenir à faire marcher un mort. Des machines avec des âmes, des fantômes enfermés dans des enveloppes, n'ayant pas de bouche et devant pourtant hurler.Le bruit de la porte qui s'ouvre et se referme aussi tôt. De sa poche, l'ombre avait sorti un pistolet, dernier cadeau du service de renseignement de la NERV. Il fallait que cela ressemble à un assassinat classique, pour provoquer la panique. Deux morts, deux têtes pensantes, cela aurait de quoi freiner les activités pendant un certain temps. Du temps, la NERV avait besoin de temps pour rester dans la course.« Alors, c'est à notre tour n'est-ce pas ? » demanda alors le scientifique, comprenant qu'il risquait de pas sortir de cette pièce en vie.« Vous connaissez Ikari, il n'aime pas le gaspillage » répondit alors la simili-garde, prête à tirer.« Alors vous savez ? » murmura Elena.« Oui, nous savons que vous avez la SEELE à vos trousses. Mais affronter des dieux est notre quotidien. C'est à vous de choisir si ma mission est une exfiltration ou un assassinat.- Pour qui travaillez-vous ? » répliqua Ethan, étonné d'être toujours en vie.« Vos talents, messieurs dames » lui répondit l'infiltrée , « Alors nous serons plus utile tant que vous êtes en vie.- On a déjà besoin de moi, je dois superviser le test du moteur S²...- C'est justement ici que nous sommes en désaccord. Vous ne devez pas toucher à ce moteur.- Et qu'est-ce qui pourrait nous faire changer d'avis ?- De quoi accomplir vos désirs les plus fous.- Bien sûr, comme si nous allions pouvoir avoir accès aux travaux de la Gehirn.- Vous n'allez pas y avoir accès, vous allez poursuivre ces travaux.- Qu'est-ce que c'est ? » s'exclama le scientifique, « Une offre d'emploi ?- Mieux, une carte « sortie de prison ».- J'ai jamais aimé le Monopoly, mais je suppose que c'est mieux que de naviguer avec Charon.- Rationnel, comme je les aime. »Ce fut une exfiltration.