Chapitre 8 : L'odeur du péché

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 « Je devrais pas vous emmerder parce que vous sortez ensemble. Tout ce que je veux, c'est que vous évitez de faire les mêmes erreurs que vos aînés. »

Misato était étonnamment matinale aujourd'hui. Peut-être parce qu'elle avait décidé d'être un peu plus responsable et qu'elle s'efforçait de remonter dans l'estime de ses collègues en prouvant qu'elle était capable d'élever des adolescents.

« Nan, je parle pas de vous protéger, vous êtes pas complètement idiots, mais, évitez de garder vos problèmes pour vous. C'est comme ça que tout les couples finissent par exploser. Et si ça finit par merder, alors, par pitié, séparez-vous en bon termes, ou faites en sorte que l'humanité n'ait pas à mourir pour vos conneries. »

La plupart du temps, quand les gens se disputent, c'est à cause de ce qui ne fut pas dit. Quelques mots rassurant qui ont malheureusement manqué à leur devoir, ou encore des problèmes ignorés qui, de même que les tumeurs, grandissent jusqu'à pourrir le reste. Le plus inquiétant, c'est l'après. Les séparations ne se font pas souvent dans l'entente et la bonne humeur. Ce n'est pas si dérangeant quand vous n'avez pas à côtoyer votre ex en permanence. Maintenant, imaginez que vous vivez sous le même toit, que vous allez dans la même école et que vous avez le même travail. Déjà parce qu'ils n'avaient pas entièrement surmonté leurs différents traumatismes et qu'ils savaient tout les deux comment la perte de quelqu'un pouvait changer une personne, pour le pire. En vrai, ils avaient surtout peur de l'avis des autres. Particulièrement Asuka, sa fierté, son « honneur » et l'image qu'elle renvoyait, tout cela l'empêchaient d'assumer pleinement cette relation. Peur de passer pour « une pute lubrique », « pour quelqu'un de désespéré », pour « une gamine en manque d'attention », peur de perdre le respect que les gens ont pour elle, peur de briser cette image de forteresse imprenable, de fille invincible. Si elle était considérée comme étant la Seconde élue, elle faisait tout pour être considérer comme étant la Numéro Une.

Le Troisième ne se posait pas les mêmes questions. En dehors de la réaction de son père, il n'avait plus peur de grand-chose. Au final c'était un problème ordinaire, celui de présenter sa petite amie à ses, ou plutôt son, parent. Il se trouvait juste qu'aucune personne dans cette équation n'était quelqu'un d'ordinaire. De l'indifférence, du dégoût ? Est-ce que son père en avait réellement quelque-chose à faire de son fils ? Peut-être que non, et que c'était juste une psychose et des angoisses qui n'avaient pas lieu d'être.

Le reste de la journée s'était déroulée sans encombre. Les burgers du fast-food étaient bons, même si aucun des trois n'étaient réellement des experts en burger, c'était un changement agréable des nouilles instantanées et des currys.

« Hé Shinji » demanda Asuka, « On était pas censé avoir cours ?

- En théorie, oui. En pratique, les activités normales reprennent toujours quelques jours après l'attaque. Si ils font ça de la même manière qu'à chaque fois, on ne devrait pas reprendre avant au moins Mercredi. Et nous sommes Lundi.

- Tu sais ce que ça veut dire ?

- Oui, nous n'avons rien à faire demain, si ce n'est quelques tests en après-midi. »

Il prend une courte pause dans sa contemplation des rues de Tokyo-3 se faisant lavées par la pluie pour se retourner vers Asuka.

« Et cela veut dire que nous avons la soirée, rien de pour nous. C'est sûrement pour ça que tu m'as fait venir ici ?
- J'aime pas ton lit.
- C'est pas un lit, c'est un futon. » lui répondit alors Shinji.
« C'est exactement ça le problème. » rappliqua Asuka.

La chambre d'Asuka était beaucoup plus grande que celle de Shinji. À vrai dire, elle ressemblait à une chambre, celle de Shinji étant encore recouverte de cartons et autres, bien qu'il commençait à lentement faire ses marques, maintenant qu'il avait la ferme intention de rester ici, au moins de ne pas repartit tant que l'on aura besoin de lui. La NERV avaient besoin, mais surtout Asuka avait besoin de lui. Il ne s'était pas encore rendu compte qu'elle occupait une part de plus en plus importante dans son esprit. Normalement, ce genre d'obsession n'était pas sain, mais c'était d'amour dont on parlait. C'est normal de penser à l'autre, c'est normal de s'inquiéter pour elle, c'est au moins ce qu'il se disait. C'était bien la première fois qu'il était obsédé par quelqu'un, à ce point en tout cas. Est-ce que c'était vraiment normal ? De penser à elle, de la prendre en compte dans ses choix, dans ses actions, dans ses paroles...

Vous deux, dansez comme si vous vouliez triompherOù les histoires vivent. Découvrez maintenant