Peut-être que je suis plus maligne que ce que je pense ? Ou peut-être que j'ai juste eu une chance démentielle ?

        Je secoue la tête et me résonne. Il faut oublier Hunter. Oublier ses caresses maîtrisées sur ma joue, son empreinte solide sur mes hanches, son souffle chaud sur ma peau et ses lèvres douces sur les miennes.  Je dois le faire. Ca ne va pas plaire à ma mère, mais au final je me moque pas mal de son avis.

        J'éteins l'écran de mon ordinateur et me dirige vers la salle de bain pour ensuite me coucher au plus vite. Je traine des pieds jusqu'à ma chambre quand soudain j'entends une sonnerie que je reconnais parfaitement, Lady Marmalade, et aussi la sonnerie de mon portable.

        Je me jette dessus d'instinct et vois le nom de Hunter s'afficher. Mon visage se crispe sur le coup et mes yeux s'aggrandissent. Dois-je répondre à son appel ? Après qu'il m'ait laissée de côté tout ce temps, et cela même avec le baiser que nous avons échangé ? Mais est-il idiot ? Il ne sait pas s'y prendre avec les femmes. A moins que ses intentions soient tout autres.

        Mon pouce glisse sur l'écran et je porte le téléphone à mon oreille, la gorge serrée.

        "Allô ?"

        "Rain ?" il demande. 

        "Hunter" je poursuis sur le chemin menant à ma chambre.

        "Ta mère va bien ?" il m'interroge.

        J'étouffe un rire d'insatisfaction. Il se fout de ma gueule ce type ? Moi, moi je lui parle gentiment, je lui consacre du temps, je récupère les esquisses de son ami, je l'accueil chez moi et je le laisse m'embrasser. Mais lui, ce pauvre mec ne pense qu'à savoir comment se porte la santé de ma mère ? On nage en plein rêve éveillé ou quoi ? Ce n'est pas si important que ça, de savoir comment moi je vais ? Comment je me porte après son geste impulsif de l'autre jour ? Non, ça il s'en fout on dirait. Il avait juste besoin d'assouvir ses désirs de l'instant, celles de ses lèvres suaves, et il s'est attaqué aux miennes, ce salaud !

        "Elle est occupée je suppose. Mais je n'ai aucune inquiétude, elle doit aller bien, elle"

        J'insiste lourdement sur mon dernier mot et je toussote. 

        Un court silence s'instaure, et Hunter le rompt rapidement.

        "Tu fais quelque chose ce dimanche ?" il me demande de sa voix rauque et sûre d'elle.

        Je plonge dans mon lit après avoir éteins la lumière. Les couvertures recouvrent aussitôt mon corps froid. Et je m'y love sans plus attendre.

        Je ne sais pas si je dois jouer au chat et à la souris avec cet homme. Il est si déstabilisant. Tantôt proche et confiant et tantôt distant et effrayant. Et je dois avouer ques ces combinaisons ne me rassurent pas vraiment. Pas du tout même. Je niche ma tête dans l'oreiller, le téléphone est maintenant en haut parleur.

        "Tu disais ?" je l'interroge pour l'embêter.

        Je l'entends grogner, mais j'en fais abstraction. Il ne fallait pas m'abandonner, ça t'apprendra.

        "Rien ,rien" il grommele maintenant.

        Quoi ? Non il parlait d'un truc dimanche... Si j'étais libre ou non. Oh ! Je vois, il veut jouer, d'accord. J'espère qu'il aime perdre.

        "Oh, eh bien alors je te laisse Hunter" je prononce son nom d'un ton plus froid que ce que je voulais laisser paraître.

        J'attends patiemment sa réponse et il s'empresse de me la fournir. Ma conscience effleure un "merci".

        "Attends Rain, je parlais de dimanche. Mon père et ma belle-mère organisent une garden-party, tu voudrais bien m'accompagner ?" sa voix est douce et se veut rassurante.

        Je couvre le micro du cellulaire et rigole sans m'en empêcher. Une garden-party c'est sérieux ? Je pensais qu'on organisait ce genre d'évènements seulement dans les films. Seuls des gens de la haute société s'autorisent de tels festivités. Peut-être que j'en apprends sur les parents de Hunter ? Après tout quand je suis allé chez lui la première fois, je me rappelle de l'impression de grandeur et de luxe que son ameublement m'avait fait ressentir. Ca ne m'étonnerait pas que la condition de sa famille soit plus que confortable.

        Je réfléchis quelques secondes et continue de gigoter dans mon lit. Est-ce possible que je sois nerveuse à la simple idée de rencontrer sa famille ? Après tout je n'ai pas encore accepté sa proposition, je peux encore refuser et oublier cette offre. Je m'enfonce dans mon oreiller et retourne mon portable.

        "Ce serait à quelle heure ?" je demande en baillant presque.

        "Je viendrais te chercher vers midi" il répond aussitôt.

        Je pourrais accepter peut-être. Le dimanche est en général, une journée maussade et sans grand intérêt pour moi, ça me changerait les idées. Je mords ma lèvre inférieur et souris. J'aurais aussi l'occasion de me vanger de cet homme. Comme il se doit. Que le jeu commence.

        "C'est d'accord" je lui informe la tête pleine d'intentions vengeresses.

        "Bien, il te faudra aborder une tenue... comment dire... appropriée !" il me solicite.

        Je lâche un petit "oh" à cette réplique menaçante. Je sais pertinemment que mon style vestimentaire n'est pas à la hauteur des canons de bauté mais je m'en contente. Peut-être que je pourrais faire un effort pour cette occasion. Pour lui ? Non ! Je le ferais uniquement pour moi et pour qu'on m'envie un peu. Ca changera ! Je contacterais Naomi pour qu'on aille faire un peu de shopping demain. Elle va sauter au plafond. J'en suis certaine.

        "Ne t'en fais pas, je serais présentable" je rétorque en fermant les yeux.

        "Je l'espère sincèrement. Je serais devant chez toi Dimanche à midi alors" 

        Je confirme ses paroles d'un simple marmonnement presque sourd. Et je raccorche sans rien dire ensuite. La vengeance commence, et elle a un goût qui me plaît bien. Un goût que je maîtrise, et qui à un léger revers amer.

        Hunter est quelqu'un de compliqué. Je l'ai remarqué depuis longtemps maintenant. Je suis même sûre d'être aux antipodes du genre de filles qu'il fréquente, mais pourtant, c'est moi qu'il a choisie pour aller à cette garden-party. Pourquoi ? Malgré le fait que son ton de voix m'a indiqué que ça ne devait pas le réjouir, il me la demandé à moi, ça aurait pu être une autre femme. Beaucoup plus belle, plus conciliante, plus convenable. Plus parfaite que moi en fait. Je me sous-estime tellement mais je crois profondément les paroles qui me traversent l'esprit. Je suis devenue comme ça.

FIN DU CHAPITRE SEIZE

                J'espère que vous avez apprécié ce petit chapitre. Hâte d'assister à la fameuse garden-party ? Merci de continuer de lire, j'apprécie vraiment * - *

HunterWhere stories live. Discover now