Jour 15 : Parce que nous sommes patriotes.

126 2 0
                                    


Depuis de trop nombreuses décennies, nous votons contre quelqu'un et de moins en moins pour quelqu'un. Ainsi, nos derniers présidents ne doivent finalement leur place qu' à la trouille du peuple français de voir surgir à la tête du pays une version policée du troisième Reich.

Depuis que nous avons basculé dans ce drôle d'état devenu totalitaire au nom de la sécurité sanitaire nationale, mon cœur s'emballe dès que je rempli mon laisser passer (ou attestation) pour faire la queue afin d'acheter des denrées de première nécessité. Je n'ai pas encore de ticket de rationnement mais j'y pense très fort lorsque les histoires de mes grand-parents, résistants lors de la seconde guerre mondiale, me reviennent en tête.

Je ne peux m'empêcher de faire le parallèle lorsqu'au quinzième jour du confinement, le gouvernement annonce 360 000 PV dressés aux contrevenants et le durcissement des mesures de confinement pour venir à bout de l'indiscipline des français. Le peuple français est indiscipliné, ce n'est pas nouveau et c'est une plaie.

Dans le même temps, nous apprenons chaque jour qu'un tel a été verbalisé de façon abusive et que les contestations de ces amendes ne cessent d'augmenter. Nous faisons tous le constat du zèle immodéré et dégueulasse de certains policiers qui semblent clairement se défouler à coup d'amendes à 135 euros.

Pire, le nombre de verbalisations sur dénonciation est terrifiant. La mémoire collective est désespérément courte.

Nous ne sommes confinés aujourd'hui que parce que nos gouvernements successifs n'ont cessé de restreindre les moyens de nos services de santé. Chaque nouveau président a annoncé, droit dans ses putains de bottes, qu'il fallait impérativement faire des économies et réduire le budget de la santé.

On taille aussi dans celui de l'éducation, ce qui revient, pour la 6ème puissance économique mondiale, à progressivement devenir un pays de teubés mal en point et incapable de faire face à un virus par manque de moyens.

On agite des épouvantails devant nos yeux (le trou de la Sécu ? Quelle blague !) pour mieux se goinfrer en douce dans des palais de monarques (L'Elysée ? Sérieusement ?).

Mais nous comprenons tout à fait que pour enfumer le petit peuple, il est préférable que celui-ci n'ait reçu qu'une éducation médiocre et soit plus préoccupé par la nécessité de se nourrir et se soigner que par celle de changer notre petite société.

Et puis, tout à coup, nous nous rappelons que les révoltes les plus fondamentales, les plus radicales et les plus sanglantes sont celles que le peuple excédé à mené lorsqu'il n'avait plus rien à perdre. 

Nous avons encore des choses à perdre, mais nous décidons de gagner du temps et de changer nos priorités maintenant.

Nous voulons des salaires dignes pour nos héros du quotidiens qui préfèrent la thune aux discours de remerciements de faux-culs endimanchés. Nous voulons des hôpitaux à la pointe de la médecine, des budgets décents alloués à la recherche, des profs en cascades pour remplir une myriade de nouvelles écoles. Nous nous assurerons ainsi la relève de futurs citoyens aguerris qui seront soucieux de préserver la vie. 

Nous voulons que l'argent de nos impôts (qui sont déjà balaises) serve à financer le progrès social. Ça signifie le progrès qui sert l'humanité et la planète, on ne parle pas de la 5G !

Parce que nous sommes patriotes (et pas nationalistes, soyons sérieux), nous voulons pouvoir nous la péter en clamant que nous sommes français.

Alors, finalement, cette indiscipline toute franchouillarde qui pousse certains à gruger les règles du confinement, ne serait-elle pas ce qui nous garantira le refus du totalitarisme et nous sauvera ?

Sauf si on crève avant de cette saleté de virus, évidemment.

Restez chez vous, mes amis ! Et quand nous ressortirons, ce sera pour marcher vers notre avenir, pas le leur.

Qu'ils se le tiennent pour dit.

Journal d'une employée de supermarché.Where stories live. Discover now