Jour 52 : Et s'ouvrir l'anus au cutter.

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Durant le confinement, l'activité professionnelle de mon homme a bigrement chuté et notre budget courses a bigrement augmenté (cantine chérie, tu me manques).

Pour colmater un peu le trou abyssal de notre compte en banque, il a fallu accumuler des heures supp au magasin. Et faire des heures supp dans un supermarché en période de confinement, c'est un peu comme s'ouvrir l'anus au cutter et aller danser le twerk. Ça fait mal au cul.

Ma douleur fut d'autant plus intense que mon salaire du mois n'incluait pas toutes mes précieuses heures supplémentaires. Mais où étaient elles donc passées ? Dans le financement de la journée de solidarité, pardi !

Et bien ce soir, moi, petite ouvrière besogneuse arbitrairement déclarée solidaire, j'entaillerais bien quelques trous du cul au cutter.

Il est injuste de ponctionner le salaire de ceux qui doivent attendre le versement de leur maigre salaire pour acheter de la nourriture.

Il est injuste de prendre de l'argent à ceux qui se privent chaque jour en espérant que le mois suivant sera plus clément.

Il est injuste de voler les pauvres alors que les riches se vautrent dans un luxe dégueulasse et se donnent bonne conscience en faisant quelques aumônes défiscalisées largement étalées dans les médias et sur les réseaux sociaux.

Alors moi, ce soir, je décrète que je serai solidaire lorsque je paierai l'ISF. Comment ça l'ISF a été supprimé ? Mais par qui ? Mais pourquoi ?

Les plus riches payent encore moins d'impôts ? Juste pour être sûre, je n'ai pas payé de ma poche pour être solidaire avec les riches tout de même ? Si ?

Laissez tomber. Finalement, j'ai changé d'avis. J'ai décidé d'être riche.

Et à bien y réfléchir, je pense qu'il y a de l'avenir dans le commerce de cutters.



Illustration Emmanuel Passieux : e.passieuxgmail.com

Journal d'une employée de supermarché.Unde poveștirile trăiesc. Descoperă acum