L'école est finie !

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Ils en ont rêvé, Macron l'a fait. Ce jeudi 12 mars 2020, le président de la république française annonce la fermeture de tous les établissements scolaires du pays. Le COVID-19 prend tant d'ampleur que l'heure est aux décisions drastiques. Les mioches à la maison et les parents... ben... les parents... j'sais pas trop en fait.

Les miens de parents, indéfectibles baby sitter de soixante douze ans chacun ne sont plus une option de garde car, là où nos filles ont échoué, le corona virus pourrait bien triompher : les achever.

– On va les mettre où, les filles ? Sans déconner ? On fait comment ?

Mon homme a rejoint son cousin il y a cinq ans pour développer une belle entreprise familiale. Ces deux là travaillent jour et nuit comme des forcenés, étoffent considérablement leur portefeuille clientèle et se forgent une réputation professionnelle béton.

Son statut d'indépendant devrait lui permettre de moduler son emploi du temps et de garder les filles le matin. En théorie. Parce que si un indépendant module un peu trop, ben, il ne lui reste pas grand chose pour grailler à la fin du mois.

Mon job ? Employée libre service en supermarché. Je remplis et ordonne les rayons que l'on m'a confié et, depuis peu, je fais également de la caisse, ce qui me permet de beaucoup augmenter mes heures et un peu mon salaire. Je commence à 6H00 et termine généralement vers 12H plus les après midi deux fois par semaine, avec un planning glissant d'une semaine sur l'autre, sinon, c'est pas marrant.

Mon emploi fait de moi un élément essentiel au maintient de la paix durant le confinement. Rien que ça ! Je continue donc  de travailler pour participer à l'effort de guerre et, accessoirement, percevoir mon salaire et nourrir ma famille confinée.  Et une famille confinée dans un trois pièces de 50 m², sachez que ça bouffe vachement plus qu'une famille en liberté !


Bien trop occupée à réfléchir à notre nouvelle organisation, je n'ai pas vue la vague arriver. Elle s'est engouffrée dans le magasin à 8H30 pétantes. Je suis généralement encore en rayon à cette heure-ci mais on m'appelle au secours pour donner un coup de main à mes collègues caissières et c'est toutes ensemble que nous nous faisons submerger par un flot de clients angoissés.

Des caddies bombés de pâtes et de conserves défilent devant nos caisses à un rythme syndicalement incorrect.

Fuck le corona virus ! On se pousse, on se colle, on s'empoigne, on se postillonne dessus, on s'en contrefiche parce qu'on fait les courses bordel !

L'heure de la délivrance sonne à 18H et je m'extirpe tant bien que mal de cette cohue pour remonter à la surface et reprendre mon souffle.

Je suis abasourdie par ce qui vient de se passer. Jamais je n'avais été témoin d'un tel mouvement de foule.

Je rentre à la maison terrassée et enchaîne les devoirs, les douches, le repas, les câlins et le coucher à 20H30.

Longue discussion avec mon homme et une seule certitude : on est dans la mouise. 

Journal d'une employée de supermarché.Where stories live. Discover now