Journal d'une employée de supermarché.

Jour 10 : Déjà trop long.

– Tu veux bien dire que c'est génial d'être confiné avec moi, s'il te plait ?

– Non.

– Pourquoi non ?

– Pourquoi le dirais-je ?

– Parce que c'est vrai et que tu le penses.

– Ben si tu le sais, je n'ai pas besoin de le dire.

– Bien sûr que si ! Ça fait toujours plaisir de l'entendre.

– Tu l'as entendu puisque tu viens de le dire.

– Pourquoi tu cherches la bagarre ? Dis le et c'est tout !

– C'est moi qui cherche la bagarre ?

– Oui c'est toi ! Ce serait déjà terminé si tu l'avais dit depuis le début.

– Mais j'ai pas envie de le dire !

– Mais pourquoi ? C'est quoi ton argument ?

– Parce que maintenant, j'ai besoin d'avoir un argument ?

– Ben oui, c'est la moindre des choses.

– Ben non, c'est pas une obligation d'avoir un argument quand on a pas envie de faire quelque chose.

– Mais c'est dingue cette façon que tu as de chercher les problèmes !

– Moi ? C'est moi qui cherche les problèmes ? T'es sérieuse ?

– Je suis confinée depuis neuf jours. Qu'est ce que ça peut bien te faire de me dire que c'est génial d'être confiné avec moi, bordel ?!

– Moi aussi je suis confiné depuis neuf jours et je ne te harcèle pas !

– Maintenant je te harcèle ! Mais ça va pas bien, hein ! Je te demande juste de dire que c'est génial d'être confiné avec moi et tout à coup, Monsieur se sent harcelé.

– Mais tu vas me foutre la paix !

– Parce que je te dérange en plein quoi, là ? J'interromps la quiétude de ton confinement peut être ? Tu faisais quoi en fait ? Tu visualisais mentalement ta vie à l'extérieur ?

– J'étais juste là, tranquillement.

– Et tu y serais encore si tu avais bien voulu dire que c'est génial d'être confiné avec moi.

– C'est du chantage.

– Chantage, harcèlement... tu ne serais pas confiné avec un monstre par hasard ?

– Si.

– Rien ne t'empêche de partir !

– Si, le confinement. Et le syndrome de Stockholm.

– Oh ! Mais alors tu m'aimes, mon Doudou !

– Ben oui !

– Tu veux bien le dire, s'il te plait ?

– Non.