Le pervers narcissique

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Définition : personne se survalorisant aux dépends d'autrui.

Dans les histoires écrites par de jeunes gens, les pervers narcissiques sont confondus avec ceux qui harcèlent moralement les autres, en étant décrits comme des psychopathes. Non. Un pervers narcissique, c'est bien plus subtil, plus vicieux, comme un cancer qui reste caché des années sous votre peau et qui un jour commence à se développer, sans trop vous faire du mal au début puis qui pique de plus en plus avant de vous briser et causer éventuellement votre mort. Mais moralement.

Il m'est donc pénible de trouver des histoires où l'on sait que le nouveau petit ami de Ma-Ma (parce que bien sûr ce ne sont que des hommes) va se comporter comme le plus parfait des salauds du jour au lendemain en battant, injuriant et violant celle qui croyait naïvement au grand amour avant qu'elle ne se fasse sauver par un preux chevalier conduisant une Jaguar... et que ce soit considéré comme de la perversion narcissique. Non, là c'est juste un imbécile qui s'est retrouvé blessé dans son orgueil parce que Ma-Ma est une fille/femme qui un jour n'était pas d'accord avec lui, bravo, on voit ça dans les manifestations ou à même la rue.


Attention je vais parler de mon expérience, ça va être long :

J'ai connu une perverse narcissique un jour. La première fille que je rencontrais en 6ème m'avait proposé d'être son amie et comme je ne connaissais personne, j'avais accepté sa proposition. Au début, nous ne nous disions rien (peut-être timides) et j'ai même fini par la quitter car elle restait chaque récré sur le même banc. Plus tard, elle me tirait les cheveux avec une autre fille "pour rigoler", ce qui ne m'avait pas plu. Elle est revenue me voir pour présenter ses excuses et m'avait demandé si je voulais voir une salle, nommée "L'Oasis", où l'on pouvait faire des jeux à chaque temps de pause. Il faisait perpétuellement moche, je commençais à bien m'entendre avec elle, j'ai donc accepté. 

Mais lorsque les beaux temps étaient revenus, elle refusait que l'on aille dehors à cause des gens et me faisait la tête en insinuant que je l'abandonnais pour éveiller ma culpabilité. Quelques fois à la cantine, elle me forçait à embêter les gens alors que je ne voulais pas, ce à quoi elle répondait par "T'es pas drôle" (mais oui, casser malgré soi les noisettes aux gens, c'est bien connu, c'est hi-la-rant !); si elle proposait des jeux, j'avais intérêt à y jouer ; elle menaçait de me laisser si j'allais voir d'autres gens et ne supportait pas que je sois familière avec elle... 

 Elle me reprochait de ne jamais apporter de goûters alors qu'elle en rapportait quotidiennement et pour me faire pardonner (oui, pardonner) j'en avais pris pour le partager avec elle. Elle avait refusé sans politesse pour se jeter ensuite sur les gâteaux au chocolat proposés par l'Oasis. L'antithèse était palpable.

Je passe de nombreux détails : pincements aux bras, fausses invitations, un seul canular téléphonique, critiques négatives sur mon accent anglais ("Arrête de te la péter"), mauvaise humeur car j'étais ailleurs, obligations de lire des yaois ou des animés d'horreur alors que ça me rendait mal à l'aise, etc. Tout cela bien caché par un sourire, des blagues, des images partagées, des mangas mignons prêtés, des goûters partagés, remboursements, bref, du beau papier cadeau autour d'une bombe. C'était suffisant pour la petite fille tendrement naïve que j'étais pour la pardonner sans me poser plus de questions.

Selon vous j'aurais dû la quitter. C'est ce que l'on se dit tous ! Mais lorsque vous êtes pris dans ce genre de relation, vous ne pouvez pas en sortir tout de suite, surtout lorsque vous êtes jeune, et qu'auparavant vous avez toujours goûté au confort et au monde tout-noir tout-blanc de l'école primaire. J'étais timide, taciturne, seule, bref, fragile dans le monde immense et nouveau du collège. Une proie facile pour les gens comme cette fille. Les pervers narcissiques analysent la personne qu'ils ont dans leur ligne de mire, cherchent les failles et dès lors qu'ils les trouvent, ils s'immiscent à l'intérieur. Ils vont faire croire à la personne concernée qu'ils sont spéciaux, qu'ils les comprennent mieux que tous les autres alors qu'ils les manipulent pour nourrir leur ego, très souvent sans s'en rendre compte. Rien à voir avec la brute épaisse qui bat sa femme ou sa copine délibérément ! 

La culture du clichéWhere stories live. Discover now