Le "truc chouette" n°2

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Alors j'ai parlé de l'hésitation des personnages féminins face à l'épreuve de la vie (ouah) et de l'étrange connaissance sexuelle de son partenaire qui pourtant a le même âge qu'elle (parce que c'est bien connu, les filles et les femmes ne sont--CHUT). Mais...

A-t-on parlé de la scène décrite durant le chapitre dédié au "truc chouette" ? Je ne pense pas. Dans de nombreuses fictions d'amateurs, le sexe est décrit. Soit, les lemons, c'est permis, ça plaît à beaucoup de monde, on ne va pas cracher là-dessus. Le bémol, c'est comment c'est décrit. Et c'est là que de jeunes gens, âgé.e.s entre 11-14 ans (ou plus, j'ai déjà lu des fictions écrites par des lycéens qui prouvaient que leur connaissance sur le sujet était inexistante) nous sortent des paragraphes mal interprétés. 

Un exemple s'impose.

"Taylor s'empara sauvagement de la taille de Marcelle-Madeleine et la plaqua au mur. La jeune adolescente gémit sous la brutalité du garçon qui lui lécha la tendre peau du cou. Elle se cambra, laissa échapper de sa gorge une plainte sourde qui ne fit qu'exciter plus encore Taylor. Il la porta vers le lit, l'étendit et lui arracha ses vêtements pour les éparpiller partout dans la chambre. Ma-Ma se retrouva alors en sous-vêtements en dentelle, les yeux grand ouverts vers l'adolescent qui la dévorait du regard."


Petite analyse littéraire digne d'un cours de français.

Sans contexte, notre avis est assez limité mais nous pouvons déjà remarquer certaines choses : le point de vue est uniquement interne (celui de Taylor), les actions s'enchainent rapidement, il n'y a aucune émotion, aucune pensée, les sentiments sont réduits à l'état de cendres. Seul le personnage masculin poursuit des actions, c'est presque animal : remarquez la subtilité du champs lexical de la bestialité (sauvagement, brutalité, lécher, exciter, arracher, éparpiller, dévorer), remarquez comment chaque mot devient peu à peu violent. Taylor porte Marcelle-Madeleine sur le lit, il y a de la force dans ce geste et on sent qu'il est au-dessus d'elle.

Les actions du personnage féminin le dépeignent comme soumis à son "partenaire" par son champs lexical (gémir, tendre, cambrer, plainte sourde) mais aussi par l'absence du point de vue, des pensées ou des sentiments de la jeune fille. Les sous-vêtements font partie de l'intimité d'une personne, c'est une partie précieuse, fragile de soi facile à briser et difficile à reconstruire, qui n'est pas partagée avec n'importe qui. La dentelle sur ces mêmes vêtements rajoute un détail érotique, détail à ne pas utiliser à la légère s'il ne respecte pas le contexte ou le personnage qui en porte. Aussi, les yeux grand ouverts peuvent tout aussi bien exprimer la surprise que la peur, ou les deux en même temps. Ma-Ma est étendue sur le lit alors que Taylor la surplombe.

Fin de l'analyse


Rajoutons maintenant un peu plus de contexte, voulez-vous ?

"-Je t'en prie Taylor, je ne me sens pas encore prête pour ça...

-Mais non tu vas voir, ça va être bien ! On va passer un bon moment toi et moi.

-N-non vraiment, j'ai pas très envie de le faire ce soir. Peut-être une autre fois ?

-Quoi ?! Mais tu ne peux pas me faire ça ! Je pensais que tu m'aimais et que le plaisir dans un couple était important pour toi...

-Mais Taylor... puisque je te dis que..."

Le garçon lui prit fermement le bras et le menton qu'il leva vers ses yeux. Les siens étaient emplis d'un feu qui effraya Ma-Ma, son cœur battit comme celui d'un lapin, tout son sang se glaça dans chacune de ses veines. Et puis l'autre lui susurra d'une voix grondante près de ses lèvres tremblantes.

-Tu dis ça mais au fond t'en as autant envie que moi.

-Non, arrê--"

La main de fer à son menton s'empara de ses joues qui furent durement pressées de telle façon que l'adolescente ne put plus parler.

-Tais-toi et laisse-toi faire."

Bien, désormais, replacez ce paragraphe avant l'autre en italique et vous avez là une scène où pas une fois l'amour et le consentement font leur apparition, je parle là du viol. Eh non, la pornographie ne révèle pas la réalité, et les recherches internet non surveillées des enfants par un adulte créé bien des bêtises, voire des horreurs. J'ai l'air dramatique, mais surfez sur Whattpad, il existe des tas de fictions comme ça.

Je dis donc à ce genre de scène :

Je dis donc à ce genre de scène :

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La culture du clichéWhere stories live. Discover now