CHAPITRE 28 - « Tout est lié »

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- Je vous écoute. Détachez-moi.

               Après une seconde de réflexion, Beric Dondarrion se penche vers moi pour défaire mes liens. Aussitôt libérée de ces cordes, je tends les bras vers Arrow qui me lèche avec enthousiasme. Il nous est difficile d'être séparées trop longtemps.

- Le Maitre de la Lumière a de grands projets pour vous, m'explique Thoros de Myr. Vos pouvoirs vous ont été accordé pour une raison bien particulière. Vous avez un rôle a joué.

- Un rôle a joué ? Dans quoi ?

- Dans tout ceci. Chaque chose arrive dans un but précis. Nous ne sommes que des acteurs, nous jouons notre rôle et quand celui-ci se termine, nous nous retirons.

- Nous mourons, je précise.

               Cette optique ne me réjouit pas. Je déteste l'idée que chacune de mes actions est décidée à l'avance par une puissance supérieure. Je suis le seule maitre de mes décisions.

- Ce que vous me dites là ferait une très bonne histoire à raconter aux enfants, dis-je Les bardes pourraient la chanter dans les auberges. Seulement que je suis ni une enfant, ni un voyageur, alors merci, mais très peu pour moi.

               J'accompagne cette dernière phrase par une petite courbette avant de me lever une bonne fois pour toutes.

- Vous voulez une histoire ? me raconte Beric. Vous pourrez la raconter à votre retour à la capitale.

               Le chevalier a réussi à capter mon attention, ce que je déplore déjà. Je sens le récit larmoyant arriver à des kilomètres.

- Je suis mort 5 fois, dit-il de but en blanc.

- Je suis jeune, pas sotte, je réponds sur la défensive.

               D'un calme olympien, Dondarrion retire son cache-œil pour découvrir une profonde cicatrice qui m'hérisse les poils.

- Thoros m'a ramené à chaque fois grâce à ses prières, explique-t-il.

- Comment... je commence. Comment est-ce arrivé ? Comment êtes-vous mort ?

- Eddard Stark nous avait envoyé dans le Conflans pour débarrasser la région de Gregor Clegane et ses hommes. Celui-ci m'a planté une épée de le ventre.

               Thoros s'avance. Son visage a changé, il doit se souvenir du moment où il a vu son ami mourir.

- Je suis devenu prêtre très jeune, dit-il. Aucune de mes prières n'étaient entendue, j'ai vite perdu la foi. Alors quand je suis arrivé à Westeros, je me suis livré aux plaisirs de la boisson et des femmes. R'hllor ne m'avait jamais aidé, pourquoi l'aurais-je fais ?

- Pourquoi l'avez-vous fait ?

- Parce que ce jour-là, sur le champ de bataille, j'étais seul. Quand j'ai vu Béric mourir, je me suis agenouillé à côté de son corps froid, et j'ai récité les mots d'autres fois. Non pas que j'y croyais mais... C'était mon ami après tout. Et il était mort. C'était les seuls mots que je savais réciter. Pour la première fois le Maitre m'a exaucé. Béric a ouvert les yeux et j'ai vu la vérité : le seul vrai dieu, c'est notre dieu. Et les hommes doivent tous le servir.

               Une histoire poignante, comme je l'avais prévu. Toutes fois, il est difficile d'y croire pleinement sans l'avoir vu de mes propres yeux. Et, vous vous en doutez, je ne compte pas tuer Béric Dondarrion pour un de spectacle.

- Une fois, c'est un miracle, j'objecte. Cinq fois, c'est un peu tiré par les cheveux, vous ne trouvez pas ?

- Le Maitre a prévu quelque chose pour Beric. C'est pour ça qu'il le ramène à chaque fois.

               Cette explication concorde avec le reste de leur récit.

- Bien. D'accord... Il se pourrait que j'y crois. Mais qu'est-ce que je viens faire la dedans ?

- Vos pouvoirs, majesté, me dit Béric. Ne sont pas un pur hasard. Tout comme le fait que je sois encore en vie.

- Et comment comptez-vous m'aider ?

- Ce sera difficile... commence Thoros. Mais nous ferons ce que nous pouvons pour vous permettre d'utiliser vos pouvoirs en toute sécurité.

               Je suis sûre qu'ils n'ont aucun idée de comment procéder. Je n'ai aucune envie de vivre dans une grotte. Et j'ai une mission. Il faut que je m'en aille, je n'ai plus de temps à perdre.

- Je n'ai pas quitté Port-Réal parce que j'avais envie de vacances, j'explique. Je dois me rendre au campement de mon frère pour arrêter cette guerre.

- Cette guerre a commencé pour venger votre père, m'arrête Béric. Vous ne pouvez p...

- Je peux, et je le ferai. La situation nous échappe et Robb fonce droit dans le mur. Il est de mon devoir d'arrêter ce massacre. Et une fois cela fait, je dois retourner à la capitale pour combattre Stanis.

- Vous avez choisi votre camp.

               J'ai soudain l'impression d'avoir été frappée par la foudre. Je me demande souvent ce que mon père aurait voulu que je fasses. Fuir la capitale et aider Robb ? Ou accomplir mon devoir en protégeant Sansa et les habitants de Port-Réal ? Cette question m'empêche de dormir depuis bientôt un an.

               Cette torture est vaine. Ned Stark est mort, décapité pour trahison. Je ne compte pas subir le même sort.

- Tout comme le Maitre de la Lumière, mon père ne prend aucune décision pour moi. Ce que je ferais être entre mes mains.

- Alors faites le bon choix, commente Thoros.

- Je resterai avec vous deux jours. Pas un de plus. Si vous arrivez à me convaincre, je reviendrai et continuerai mon entrainement une fois la guerre terminée. Si non, vous me laisserez partir.

- Nous commencerons demain ! Reposez-vous un peu.

               Me reposer ? Dans cette grotte humide entourée d'hommes que je ne connais pas ? Très peu pour moi.

               De plus, cela me serait impossible, je suis bien trop préoccupée par ce qui m'attend. Je n'ai aucune idée de ce que Beric et Thoros me préparent et, pour être honnête, je crains le pire. Mais c'est un début.

               Il y a quelques semaines encore, je mettais tous ces petits miracles sur le dos du hasard. À présent, tout fait sens. Une pierre n'est pas tombée sur le pied de Theon. Sansa ne s'est pas baladée trop prêt de la cheminée lorsque sa robe à prit feu. La neige n'est pas tombée en plein été à cause d'un paradoxe météorologique le jour de ma naissance.

               Tout est lié. C'est grâce (ou à cause pour Sansa et Theon) de moi. 

Hear me Roar (RÉÉCRITURE)Where stories live. Discover now