Hear me Roar (RÉÉCRITURE)

CHAPITRE 18 - "Vous êtes le roi"

               Les informations sur la fin de l'été que Varys m'a rapportées n'ont pas suffi à étancher ma soif de secrets. Ces derniers jours, je ne vis que pour cela : mes entretiens avec le Maitre des Chuchoteurs. J'attends les nouvelles du conflit entre Tywin Lannister et mon frère, Robb.

               Robb s'est lancé dans cette guerre après l'exécution de notre père. Lui, comme beaucoup, ne supportait de savoir que l'homme le plus honorable de tout Westeros était mort à cause d'une fausse accusation de trahison.

               Je n'ai que très peu d'espoir quant à sa victoire, voir à sa survie. Pour l'instant, il ressort vainqueur de chacun de ses combats mais il affronte l'homme le plus puissant du pays. Tywin Lannister n'a jamais perdu et, si il se retrouve malencontreusement en position de faiblesse, il trouve un moyen de s'en sortir... En détruisant tout sur son passage.

               Varys m'a raconté que, dans le Nord, ils s'appelaient mon frère « le Jeune Loup ». Il est devenu leur seul espoir et j'ai bien peur que ce soit le dernier.

♐︎

               Une fois la nuit tombée, je me prépare à rejoindre Tyrion dans sa chambre.

- Où allez-vous ? demande Joffrey.

               Le roi ne m'a plus touchée depuis notre mariage et sans mon consentement, qui plus est. Je pensais donc que ça ne le dérangerait pas que je m'éclipse le temps d'une soirée. Une désillusion de plus.

- Votre oncle m'a conviée dans ses appartements, je réponds.
- Pourquoi voudriez-vous passer du temps avec ce gnome ?
- J'affectionne beaucoup Tyrion, mon roi.
- Il m'est parfois difficile de vous comprendre.

               C'est encore moi qui doit être le sale boulot, on dirait...

               Je me réinstalle sur le lit à côté de Joffrey et lui prend la main. A chaque fois qu'il semble mécontent, je lui joue le même petit jeu de séduction. Et, à chaque fois, il tombe dedans comme un bleu. Alors pourquoi changer ?

- Combien de fois vous ai-je demandé de me tutoyer ? je lui dis en embrassant chacun de ses doigts.

               Il dégage sa main, une expression de dégout au visage. Cette fois, il va me donner du fil à retordre.

- Joffrey... je reprends.
- N'as-tu pas un nain à aller bourrer de vin ?
- Mais tu es jaloux !
- Jaloux ?! De cet énergumène ?!
- De lui-même !
- Plus un mot ! Je ne m'abaisse pas à ce genre de sentiments. J'ai bien d'autre préoccupations.

               Son dégout pour mes mots doux s'est transformé en une haine pour son oncle. Il faut rapidement que je me sorte de cette situation avant que la tête de Tyrion ne se retrouve accrochée au-dessus des remparts.

- Ton oncle et moi sommes amis depuis notre première rencontre à Winterfell. Il me fait rire, ses mots d'esprit sont plaisants et il me comprend ou, en tous cas, il essaye.
- Je suis ravi pour lui. Laisse-moi.
- Il va falloir que tu fasses un pas vers moi, Joffrey. je conclus, exaspérée. Car un jour, ça sera trop tard.
- Trop tard pour quoi ? demande-t-il alors que je me dirige déjà vers la porte.
- Pour que je te pardonne.

♐︎

               Sur le chemin vers la chambre de Tyrion, ces mots tournent en boucle dans ma tête. Pourquoi voudrais-je le pardonner ? Pourquoi voudrais-je devenir son allié alors qu'il a fait tuer mon père et m'a obligé à le regarder mourir ?

               Parce que je n'ai pas envie que le reste de ma vie ressemble à un mélodrame. Dans ces moments où Joffrey me témoigne une quelconque forme d'attention, j'ose nous imaginer heureux. Je reviens vite sur terre, à chaque fois.