CHAPITRE 3

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Je passe le reste de la journée avec Patrick qui m'aide à m'approprier le travail de Riley. Je frôle l'envie de démissionner à plusieurs reprises quand je constate le manque d'organisation de Riley. Tous ses fichiers comportent le même nom à un nombre près sans pour autant permettre à quiconque de savoir ce qu'il contient : "Nouveau Document 49".

Patrick ne se décourage pas à m'expliquer, avec une pédagogie qui me surprend, le travail de notre collègue et la nuit tombe plus vite que je ne l'aurais pensé. Je jette un coup d'oeil à l'horloge murale et manque de m'étrangler en voyant l'heure. Je cligne des yeux plusieurs fois pour m'assurer que je ne rêve pas. Patrick remarque mon désarroi et je lui indique qu'il est presque vingt heures. Il se frotte les yeux et souffle un coup.

- On ne pourra pas dire qu'on a chômer aujourd'hui, plaisante-t-il avant de s'étirer. De mon côté je vérifie mon téléphone mais je n'ai aucun message de la part de Leith. Quand il disait qu'il rentrerait tard, il ne plaisantait pas.

- En tout cas, je te remercie de m'avoir aidé, j'y vois un peu plus clair maintenant, lui dis-je avec un sourire.

Il acquiesce puis se relève de son fauteuil.

- C'est à ça que sert le stagiaire du service, plaisante-t-il.

Je fronce les sourcils face à sa remarque.

- Mais non, de ce que j'ai entendu tout le monde t'apprécie beaucoup ici, lui répondé-je.

- C'est sûrement les pains aux chocolats que j'ai ramené pour ma première semaine, continue-t-il en attrapant son manteau.

Je lève les yeux au ciel face à ce qu'il vient de dire puis m'applique à me déconnecter de mon ordinateur. 

- Par contre, demain je ne pourrais pas venir t'aider, je suis une formation, me prévient-il.

Je hoche la tête.

- Pas de soucis, je ne comptais pas t'embêter plus de toute façon, tu as sûrement mieux à faire, lui dis-je.

J'enfile ma veste et me penche pour attraper mon sac.

- D'ailleurs, tu te plais bien ici ? Lui demandé-je ce qui me surprend d'être aussi sociable sans aucune raison valable.

Nous nous dirigeons vers l'ascenseur et il se penche pour appuyer sur le bouton pour l'appeler.

- Plutôt oui, les gens sont sympas, on mange assez bien je dois l'avouer et ça me change des cours, me répond-il en fixant le bout de ses chaussures cirées.

Le "ding" de l'ascenseur fait office de réponse et nous nous engouffrons dans la cage de fer.

Dans le hall d'entrée, le vigile nous dévisage mais la confiance qu'émane de Patrick m'empêche d'arborer cette expression du "Je viens de braquer la banque et je transporte les liasses dans mon sac". Il fait un signe de tête au vigile qui lui rend et nous sortons enfin dehors après une longue journée de travail.

- Passe une bonne soirée et une bonne formation demain, lui dis-je avec un sourire.

Il me rend mon sourire en s'éloignant.

- Merci, bon courage pour demain, lance-t-il avec un signe de la main.

Je fais volte-face et marche d'un pas rapide vers l'arrêt de bus.

Alors que je regarde les voitures passées, je me mets également à réfléchir sur la journée qui vient de se dérouler. Même si je ne me considère pas comme une personne qui a besoin de passer du temps et de parler pour se sentir combler, je dois admettre que passer une journée avec quelqu'un qui semble être sur la même longueur d'onde que soi-même fait étonnamment plaisir.

- Vous montez ou non ? Me demande alors une voix forte qui me sort de mes pensées vagabondes. Je relève la tête et croise le regard impatient du chauffeur de bus qui est penché, la porte ouverte. Je me redresse et m'empresse de grimper dans le bus en lui jetant un regard désolé. Je ne mets pas beaucoup de temps à rentrer chez moi et pourtant le trajet me paraît interminable parce que j'ai le sentiment que je vais ouvrir la porte sur un appartement vide. 

Ma main sur la poignée de porte, je prends une inspiration et tombe sur une pièce plongée dans le noir. Je dépose mon sac par terre, retire mes talons et appuie sur l'interrupteur. J'avance d'un geste lent dans le salon et me fige lorsque j'aperçois une silhouette sur le canapé. Je fais quelques pas et reconnais Leith, endormi. Je lâche un soupir de soulagement et m'approche pour lui remettre la couverture qui est maladroitement rabattue sur lui. Ses cheveux bien trop long lui tombent sur le front et je les repousse pour déposer un baiser. Il ne bouge pas, il a l'air épuisé. Je décide donc de faire l'impasse sur le dîner pour ne pas le réveiller et lui chuchote à l'oreille que je suis rentrée. 

Je prends une bonne douche et me glisse dans mon lit, consciente que je me couche à la même heure que les enfants de maternelle. Et alors que je m'apprête à tomber dans les bras de Morphée, ce sont les bras de Leith qui m'entourent. Je sens son souffle dans mon cou alors qu'il s'installe dans le lit près de moi. Il m'embrasse la joue et marmonne quelque chose qui m'est intelligible puis je m'endors.

Lorsque je me réveille, la sonnerie stridente de mon téléphone me rappelle qu'il me reste encore quatre jours à travailler. Je me tourne pour trouver Leith endormi. Je me retiens de rester à la fixer en train de dormir si paisiblement pour m'extirper du lit. Mon estomac émet un grognement qui me rappelle que je devrais peut-être manger avant d'aller travailler. Je m'apprête à quitter la pièce lorsque le téléphone de Leith se met à vibrer. Je fronce les sourcils. Il ne travaille pas aujourd'hui. Il a sûrement oublié de retirer le réveil. Je m'empresse donc de l'éteindre mais lorsque je me retrouve face à son téléphone, sur sa table de nuit, il ne s'agit pas d'un réveil mais d'un message. Je m'apprête à quitter la pièce, mais il reçoit un second message de cette même personne qui attire mon attention malgré moi. Mes yeux se posent sur le nom : Claire.

Je jette un regard vers Leith qui continue toujours de dormir. Puis mon propre téléphone se met à vibrer bien plus fort. C'est Riley qui m'appelle. Je quitte la pièce précipitamment et décroche.

- Désolé de te déranger à cette heure là, je n'arrive pas à joindre Chris. Tu pourrais lui dire que je ne serais pas là de la semaine, me dit-elle.

Je ferme doucement la porte de la chambre en l'écoutant.

- Oui bien sûr, ça marche, lui répondé-je sans vraiment percuter sur le sens de ses mots.

Je l'entends lâcher un soupir de soulagement.

- Super, merci ! A la semaine prochaine du coup, me dit-elle d'un ton plus enjoué.

Je lui réponds rapidement et raccroche avant de m'enfermer dans la salle de bain pour me préparer. Je ne sais pas qui est cette Claire et honnêtement je ne suis pas inquiète, pas réellement. Je suis juste intriguée qu'il ne m'en ait jamais parlé. On a tendance à tout se dire, même le fait qu'on soit allé chercher du pain dans tel boulangerie. Mais je préfère ne pas cracher dans la soupe et m'emporter pour quelque chose qui n'est au final rien du tout. Je m'applique à brosser mes cheveux en fixant mon reflet dans le miroir. Malgré la fatigue présente, je pense que m'être couchée tôt hier soir va tout de même me faciliter la journée qui arrive à grand pas. J'avais l'espoir que Riley revienne dans la semaine pour que je ne perde pas trop d'énergie à essayer de comprendre quelques choses pour deux ou trois jours mais il semblerait que je sois coincée avec son projet jusqu'à la fin de la semaine.

Je fais un détour à la cuisine et attrape une boite pour mettre les restes d'un repas fait la veille, que je glisse dans mon sac puis je récupère mes clés dans le petit bol à clé à l'entrée et me voilà repartie. J'espère sincèrement qu'on va arriver à se trouver un moment pour se retrouver avec Leith. Même si nous avons passé le week-end ensemble, c'est toujours agréable de passer du temps avec la personne que l'on aime après une longue journée de travail.

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Je vous souhaite de bonnes fêtes, reposez-vous bien pendant les vacances !

Prochain chapitre :  Fin de cette semaine

Stormy Romance [Tome 1 & 2 & 3]Where stories live. Discover now