Children of the heat - partie 2

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Alors que Nicolas s'arrête une fois encore, pour finir sa gourde cette fois, Bastien laisse son regard se perde sur la longue route qui s'étend devant eux. Il n'a pas encore osé l'avouer, mais il commence à trouver le temps long. Il avait espéré qu'ils tomberaient sur quelque chose d'intéressant en sortant ainsi des quartiers qu'ils connaissaient, mais depuis l'exaltation qu'avait fait naître chez eux la route aux mille maisons identiques, il devait reconnaître que le chemin était devenu répétitif, et même qu'il s'en était lassé. Il fait quelque pas vers une clôture en bois faisant le tour d'une maison un peu plus grosse que les autres. Le soleil l'a rendue presque uniformément blanche et il reste un volet encore en état à l'étage, qui claque légèrement contre le mur à rythme irrégulier, balancé par le peu de vent qui coure entre les bâtisses. Bastien déplace un peu de terre du bout du pied, il va avouer à Nicolas qu'il veut faire demi tour, qu'il a mal aux jambes et que son ventre commence à réclamer sa pitance, quand, une fois encore, ses petits yeux perçants repèrent une chose qui aurait échappé à beaucoup d'autres. À quelques mètres de lui, posée presque négligemment sur l'un des piquets qui maintiennent la clôture, une autre petite forme étrange et brillante.
Il avance jusque-là, tend la main pour s'en saisir, mais stoppe son mouvement avant d'avoir atteint sa cible, la bouche ouverte de stupéfaction.

Nicolas, qui a ingéré les dernières gouttes de sa seconde gourde, s'approche par-derrière. Il pose ses mains sur les épaules de Bastien et voit, en suivant des yeux le mouvement de sa main, la petite étoile rose.

Lui aussi ouvre la bouche, le coin des yeux plissé par un sourire naissant. Il s'appuye sur l'épaule de son ami et croit le devancer en allongeant son bras devant lui pour s'emparer du confetti irisé.
— Super ! J'en aurais un aussi, finalement !
Il tourne son regard souriant vers Bastien et remarque, enfin, son air abasourdi. Suivant cette fois son regard, il découvre à son plus grand effarement, une chose qu'il ne sait comment cataloguer puisqu'il n'en a jamais vu.
Relâchant l'épaule de Bastien, il passe à coté de lui et, posant ses mains sur la clôture rugueuse sans lâcher l'étrange objet des yeux, il impose, sous forme de question, une proposition à laquelle il est impossible de répondre par la négative.
— On va voir ?!
Déjà, son pied se pose sur la barre inférieure et, en un bond, il est dans le jardin de la grande maison. Il fait trois pas, se retourne vivement pour s'assurer qu'il est suivi et revient sur ses pas. Il attrape son ami par le poignet, qu'il tend toujours dans la même direction.
— Bastien ! On y va. Viens.
Il le tire vers lui. Bastien a l'air de revenir à lui. Il détourne lentement la tête et regarde Nicolas, toujours avec cet air un peu idiot collé aux traits.
— C'est quoi, tu crois ?
Mais Nicolas s'impatiente.
— Je sais pas. Mais viens, on va découvrir ça. Viens. Bastien. Allez.
Il tire tant et si bien sur son bras que le petit garçon abandonne la bataille. Il dégage son bras en rouspétant et se glisse aussitôt entre les deux barres horizontales qui constituent la barrière.
Ensemble, ils courent jusqu'au fond du jardin, passent une seconde clôture et se retrouvent dans le jardin d'une maison beaucoup plus petite. L'objet mystérieux se trouve à l'avant de la maison, face à une seconde route. De leur côté, il était caché par les rangées de maisons successives, et ce n'est qu'en s'approchant du piquet portant la petite étoile, qu'il était possible de voir l'étrange apparition.
Ils longent le côté de la maison, la dépassent et s'arrêtent à nouveau. Un chariot sans toit à l'aspect léger est garé devant la façade. Dans la benne, Bastien compte cinq réservoirs dont deux sont remplis à plus de la moitié.
— Quelqu'un habite ici, glisse-t-il à l'intention de Nicolas. Mais celui-ci s'avance déjà vers l'objet qui les a amenés là. Attends !
Il court jusqu'à ses côtés et lui attrape la main.
Il est indécis sur la réaction à avoir. Sa sœur a raconté que les gens qui vivent à l'écart sont souvent bizarres, elle évite au maximum de rester seule avec eux trop longtemps. Mais, en même temps, la tentation est grande de découvrir ce qu'est cette chose à l'aspect ébouriffé et pleine de couleurs qui a poussé dans ce coin désert.
Nicolas tend la main vers l'objet, la retire, y retourne, le touche enfin.
— Ça pique ? S'enquit aussitôt Bastien.
Il secoue la tête de gauche à droite. Bastien tend alors sa main libre à son tour, l'autre toujours enroulée autour de celle de Nicolas.

L'Avent Tuera (calendrier de l'avent 2019)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant