L'Avent Tuera (calendrier de l'avent 2019)

All I want for Christmas - partie 1

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Vous aimez vous faire du mal ?
J'ai réuni toutes les maudites chansons de Noël qui sont citées dans cette nouvelle dans une playlist.
Si vous voulez vous mettre dans l'ambiance et ainsi mieux comprendre l'état dans lequel va se retrouver Gaëlle, vous pouvez l'activer durant votre lecture.
Je décline toute responsabilité quant aux dommages cérébraux et/ou psychologique que ça pourra entraîner, par contre.

https://www.youtube.com/playlist?list=PLqmCaSavJXz_Usde4nwVDJ-5xw6m5EEo4

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Last Christmas, I gave you my heart
But the very next day you gave it away
This year, to save me from tears
I'll give it to someone special

Premier jour.
Thomas avait été clair. Si elle se merdait sur ce job, il la quittait. Qu'elle ne sache pas ce qu'elle voulait faire de sa vie était une chose, qu'elle torpille tous les boulots qu'il parvenait à lui décrocher en était une autre.
Blond, grand, les épaules carrées, les yeux d'une indescriptible couleur gris perle et le teint pâle comme un cul de nourrisson, Thomas avait beaucoup hérité de sa mère, sculpturale finlandaise et mannequin pour sous-vêtements dans ses jeunes années. De son père, il avait pris sa passion pour le théâtre et la comédie, si bien que, comme lui, il était devenu comédien. Des années de galère, il en avait connues, mais, heureusement, sa passion lui avait toujours permis de savoir qu'il ne faisait pas fausse route, et à force de castings et de petits rôles sans grandes importances, il avait finalement décroché un contrat prometteur dans une sitcom diffusées aux heures de grandes écoutes sur une chaîne nationale.

Il avait rencontré Gaëlle quand tous deux étaient au creux de la vague. Lui, désespérant d'obtenir un rôle plus intéressant que l'énième victime d'un énième tueur en série chez Julie Lescaut. Elle, perdue face aux voies qui s'offraient à elle et ne l'excitaient pas outre mesure.
Ensemble, ils s'étaient rassurés, motivés, et c'est avec une joie sincère que Gaëlle avait vu celui pour qui son cœur battait décrocher des rôles de plus en plus prometteurs.

Hélas, cette situation ne l'avait pas aidée à organiser ses propres pensées et envies. Pourtant, à mesure que Thomas se faisait des contacts, il les mettait à contribution pour aider sa belle à trouver aussi sa voie.
Technicienne, vendeuse dans trente domaines différents, serveuse, aide-cuisinier, hôtesse, gardienne de nuit, costumière, photographe d'école... Il l'avait poussée dans tout ce qu'il avait pu. Mais à chaque fois elle avait laissé tombé au bout de quelques jours, quelques semaines tout au plus, et il n'en pouvait plus.

Le job de la dernière chance était un CDD d'un mois et demi. Un mois et demi ce n'était pas si énorme, même Gaëlle devait pouvoir tenir.

Have yourself a merry little Christmas
Let your heart be light
From now on your troubles will be out of sight

Elle arrive le premier jour sur la place ou se tiennent entassés les cinquante-quatre chalets. Le marché de Noël de la place Tivoli. Il est 10 h 45, le marché ouvre à 11 h, et les passants sont encore rares. Cela dit, Gaëlle a fait ses études dans cette ville et elle sait qu'entre midi et 13 h 30 les trop nombreux employés et étudiants que compte la petite ville se rueront sur les sentiers entre les chalets en bois.
Elle soupire. A-t-elle le choix ? Sachant que l'appartement où elle vit depuis déjà deux ans avec son fiancé appartient aux parents de Thomas et que son compte en banque héberge tant bien que mal 106,07 € exactement, qu'elle a gagné en grande partie en nourrissant et promenant les deux chiens d'une petite mémé de son immeuble, partie voir sa fille en Espagne la semaine précédente, non, elle n'a pas trop le choix. Elle se dirige vers son chalet, jouant dans sa poche avec la clef qui lui ouvrira la porte de l'angoisse et de l'ennui mélangés. Au moment de l'introduire dans la serrure rudimentaire censée dissuader d'éventuels voleurs aux heures de fermeture, autrement dit au matin et en dernière partie de nuit, son voisin direct sort en vitupérant de sa propre cabane. C'est un petit homme typé méditerranéen, légèrement enveloppé et avec une petite moustache. Un coup d'œil à sa devanture indique à Gaëlle qu'il vend des saucisses. « Super, de merveilleuses odeurs de graillon en perspective pendant un mois et demi » soupire-t-elle intérieurement. En la voyant, il s'arrête, stoppe ses vitupérations et lui offre un large sourire.
— Bien le bonjour, mam'zelle. Une belle première journée qui s'annonce, ajoute-t-il avec un coup d'œil pour le ciel parfaitement dégagé qui s'épanouit au-dessus de leurs têtes.
Gaëlle se contente de lui rendre son sourire sur un bref signe de tête et s'engouffre dans le chalet plongé dans l'obscurité.