Children of the heat - partie 1

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2184 : Cela fait 3 générations qu'il n'y a officiellement plus qu'une saison sur Terre : l'été.
Nicolas et Bastien ont 7 ans chacun, et ils sont meilleurs amis pour la vie. Ou, tout du moins, jusqu'à ce qu'une de leurs deux familles décide de déménager. C'est devenu la norme dans ce monde où il n'y a plus beaucoup de populations sédentaires depuis, qu'il y a bien longtemps, leurs ancêtres ont émigré en masse vers l'intérieur des terres et les températures plus clémentes. Aujourd'hui, tous deux habitent Jumurda, ville située dans ce qui fut un jour la Lettonie, et annexée depuis 35 ans par la Suisse. Elle borde le Daugava, le fleuve qui fournit directement du travail à plus de la moitié de la ville, et indirectement à tous les autres.

Aujourd'hui, vu qu'il n'y a pas école et que leurs parents travaillent, les garçons en profitent pour explorer la ville. Bien sûr, ils connaissent déjà leur quartier par cœur, avec ses blocs ocre décrépis où vivent des dizaines, des centaines de familles. Tous deux habitent le « bloc du fleuve », ingénieusement nommé ainsi en raison de sa proximité avec ce dernier. Ils sont officiellement voisins de palier, mais dans les faits, c'est comme s'ils étaient frères. Bastien à quatre sœurs, trois sont plus âgées, la dernière n'a que 4 mois, mais l'appartement ou vit sa famille ne possède que deux chambres. Or, Nicolas est fils unique et son appartement aussi dispose de deux chambres de belles tailles. Il ne l'avouerait pas devant ce dernier, pour ne pas lui faire de peine, mais il est plutôt satisfait par le fait que les parents de son meilleur ami n'aient que trop peu de temps à lui consacrer. Au fils des mois, le petit garçon a ainsi pu déplacer ses quelques affaires dans la chambre de Nicolas, si bien qu'aujourd'hui, elle est officiellement devenue « la chambre des garçons » et que Bastien n'a quasiment plus aucune affaire à lui dans l'appartement de ses parents.
Ceux-ci, d'ailleurs, aiment sincèrement leur fils, mais sont dépassés par l'attention que réclame le bébé en permanence. Et, plus simplement, par le fait d'avoir cinq enfants à élever dans un HLM.

Physiquement, les garçons ne se ressemblent pas, Nicolas est plutôt grand pour son âge, là ou Bastien est le plus petit de la classe. Nicolas a les cheveux et les yeux noir, il est svelte et un peu maladroit dans ce corps qui a énormément grandit en une année. Bastien est châtain clair et aussi gras qu'un nouveau-né, ses grands yeux bleus ouverts sur un monde qui ne semble pourtant pas vouloir de lui, ou de quiconque. Leurs peaux bien que jeunes ont, comme celle de tous les enfants, sont déjà dorées par le soleil.

Trois jours d'école par semaine, et quatre de vadrouille hors de la surveillance des adultes qui travaillent durs pour pouvoir subvenir aux besoins des leurs, c'est ainsi que se forme la nouvelle génération. Celle-là même qui profite de ses très jeunes années autant qu'elle le peut. Car elle le sait, à 12 ou 13 ans, terminée l'éducation dans les plus basses couches de la société, il faut commencer à travailler. Les deux garçons le savent, tous les enfants le savent, et rares sont ceux qui ne mettent pas à profit ces quelques années de liberté.

Aujourd'hui ils auraient du rejoindre leur bande de potes, d'autres gamins âgés de 5 à 12 ans, mais, alors qu'ils se dirigent vers leur QG, une ancienne cabane à outils accolée à un bloc, à 200 mètres de chez eux, Bastien aperçoit quelque chose par terre qui retint son attention.
Il se baisse et ramasse dans son petit poing boudiné une minuscule étoile argentée. Il la présente au ciel pour mieux pouvoir l'observer quand Nicolas, ayant remarqué que son ami ne le suit plus, revient sur ses pas pour s'accroupir à coté de lui, le visage à une poignée de centimètres de l'objet mystérieux.
— C'est quoi ?
Bastien hausse les épaules.
— Sais pas.
— Ça sert à quoi, tu crois ?
Nouvel haussement d'épaules.
Nicolas se relève et se met à ausculter les environs le nez baissé et les mains dans le dos, ses pieds nus soulevant des nuages de poussière alors qu'il décrit des cercles de plus en plus larges autour de Bastien. Il va laisser tomber et proposer de rejoindre les autres pour leur montrer leur trouvaille quand un éclat doré attire son regard. Il se précipite dessus, manquant de le recouvrir de terre séchée par la même occasion. Il empoigne le morceau de plastique et lève fièrement le bras, la minuscule étoile dorée coincée entre le pouce et l'index.
— Bastien ! Bastien !J'en ai un aussi !
En trois enjambées, il est auprès de lui pour la lui mettre sous les yeux.
— C'est pas la même, remarque l'enfant en posant la sienne sur celle de Nicolas.
Et en effet, en dehors de la couleur, celle de Nicolas est plus petite et comporte 8 branches, là ou celle de Bastien n'en a que 5.
Obnubilés par leur découverte, les garçons ne remarquent pas le bruit que fait la carriole qui s'approche du carrefour où ils sont arrêtés.

L'Avent Tuera (calendrier de l'avent 2019)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant