Chapitre 34

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On avait fini par apprendre que c'était son frère qui l'avait tué. Mon oncle, Doflamingo. Je lui avais voué une haine sans limite dès lors. J'avais juré de me venger, peu m'importait comment, peu m'importait si ça me tuait, je voulais me débarrasser de lui plus que tout au monde.

Lorsque j'eus quinze ans, ma mère alla voir Doflamingo. Elle voulait, elle aussi, lui faire payer. Elle avait pris dix ans pour mettre sa revanche au point. Dix années à se cloîtrer dans une pièce pendant des heures sans en sortir.

Je savais qu'elle comptait faire une chose qui la dépassait, alors je l'avais suivie. Elle avait réussi par je ne sais quel moyen à entrer en contact avec Doflamingo et elle lui avait donné rendez-vous quelque part.

Je m'étais cachée de sorte à être indétectable. J'étais prête à intervenir s'il arrivait quoi que ce soit à ma mère.

Elle était arrivée accompagnée de dix pirates. J'ignorais comment elle avait fait pour les rallier à sa cause, mais j'imaginais qu'elle avait dû débourser une somme d'argent astronomique.

Ils avaient tous encerclé le géant blond le plus discrètement possible, avaient sorti leurs armes et tiré sans discontinuer.

Je fus presque admirative de voir à quel point ça n'avait pas fonctionné. Doflamingo avait alors ri à s'en arracher la gorge, avait bougé les doigts, et ils s'étaient tous retrouvés découpés en petits morceaux. Tous, sauf ma mère.

Il s'était approché d'elle alors qu'elle tentait désespérément de ne pas rendre son repas. Elle avait levé les yeux vers lui. Il avait fini par se retourner et marcher quelques pas, avant de faire de nouveau face à ma mère.

J'étais totalement paralysée, j'aurais dû intervenir, mais mes jambes avaient refusé de m'obéir et de bouger.

Et l'horreur s'était produite, le semblant de monde que j'avais réussi à rebâtir après la mort de mon père s'écroula de nouveau.

Doflamingo avait sorti son arme avec une lenteur exagérée et l'avait pointée sur ma mère.

- Tu vas mourir de la même manière que ton mari. Plutôt romantique, tu ne trouves pas ? avait-il dit, un énorme sourire sur le visage.

Et il avait tiré.

J'avais hurlé si fort qu'on avait dû m'entendre à des kilomètres à la ronde. Je m'étais précipitée vers ma mère, mes jambes ayant enfin accepté de réagir, mais trop tard.

Elle m'avait regardée avec des yeux larmoyants et un léger sourire semblant s'excuser. Elle avait levé vers mon visage une main tremblante et avait caressé ma joue.

Et sa main était retombée.

On m'avait attrapée par la taille, et je m'étais débattue avec toute la puissance que je possédais. Mais rien n'y avait fait. J'avais vu le corps de ma mère s'éloigner de plus en plus de moi alors qu'on m'emmenait je ne savais où.

Et c'est ainsi que j'avais passé sept interminables années prisonnière de mon oncle. Le voir m'était tout bonnement insupportable.

J'avais donc passé tout ce temps à préparer ma fuite. Me venger m'aurait condamnée à subir le même sort que ma mère, mais je voulais vivre. Vivre pour pouvoir un jour voir ce monstre récolter ce qu'il avait semé. La mort.

Et le fameux jour de ma libération était arrivé. J'avais réussi par une sorte de miracle à sortir du château. Je m'étais précipitée au port et avait embarqué sur un bateau au hasard. Arrivée sur une île, je m'étais installée dans une petite auberge confortable avec l'argent que j'avais réussi à emporter, et je m'étais retrouvée contre mon gré sur un bateau, après avoir été bâillonnée par un homme sans que je puisse réagir, alors que je cherchais du travail en ville. Il s'était avéré que c'était un bateau pirate et j'étais devenue amnésique suite au coup sur la tête que j'avais reçu d'un des membres de l'équipage lorsque j'avais voulu aider une fille qu'il voulait tripoter.

Et c'est à ce moment-là que je compris. Mon amnésie avait été une bénédiction. J'avais été heureuse, entourée des Pirates du Heart. Ils m'avaient accueillie comme l'une des leurs et leur Capitaine m'avait même proposé de rejoindre l'équipage. Je n'avais même pas eu le temps d'accepter que mon passé était revenu me chercher.

Doflamingo avait la tête tournée vers moi. Je ne voyais plus rien tant les larmes envahissaient mes yeux. Mais je l'entendis rire, un rire joyeux et cruel à la fois.

- Ne me dis pas que la mémoire t'est enfin revenue, très chère nièce ? m'interrogea-t-il.

Je ne pouvais plus rester dans cette pièce, alors je partis aussi vite que je le pus, les talons n'aidant pas à fuir. Je courus le plus longtemps possible dans ces longs couloirs...

Rencontre hasardeuse [TERMINÉ]Where stories live. Discover now