Rencontre hasardeuse [TERMINÉ]

Chapitre 24

Trafalgar Law

Je regardai blondinette, endormie à côté de moi, dans mon lit.

Lorsque nous étions retournés au sous-marin, le reste de l'équipage était déjà présent. Nous n'étions manifestement pas les seuls à être allés nous saouler, car Clione et Narval ronflaient bruyamment dans le lit de cette dernière. C'est pourquoi j'avais dû mettre une Luisa complètement éméchée dans le mien.

Elle semblait dormir paisiblement mais était farouchement accrochée à ma chemise, m'empêchant de l'enlever. Et vu son état actuel, je préférai ne pas la réveiller.

Elle ressemblait à une tout autre personne, sous l'emprise de l'alcool. Elle se faisait habituellement plutôt discrète, alors qu'elle ressemblait à présent à une tornade. Enfin une tornade endormie, pour l'heure.

Je me couchai sur le dos et regardai le plafond. Plus tôt dans la journée, j'avais aperçu l'avis de recherche de la jeune fille. Personne n'avait semblé la reconnaître, mais nous allions devoir repartir vite pour éviter un quelconque problème.

Luisa s'agita. Ses yeux s'ouvrirent lentement. Elle semblait perdue. Je pouvais déjà imaginer sa réaction indignée en s'apercevant où elle se trouvait. Alors quelle ne fut pas ma surprise lorsqu'elle me sourit malicieusement.

Elle sentit mon trouble et décida de venir s'installer à califourchon sur moi. Qui était cette fille ? Je la connaissais mais ne la reconnaissais pas. Elle se pencha vers moi et murmura :

- Eh ben alors, Capitaine. On reste sans voix ? C'est bien la première fois.

Elle était clairement toujours sous l'emprise de l'alcool. Cela me fit sourire.

Son visage se rapprocha dangereusement et elle plongea ses yeux si intensément dans les miens que mon souffle se bloqua. Ses lèvres n'étaient qu'à quelques malheureux centimètres des miennes. C'est alors qu'elle me mordit la lèvre inférieure sans me lâcher du regard, comme si elle me défiait de l'en empêcher.

Mon sourire s'agrandit. Était-elle certaine de vouloir jouer à ce petit jeu avec moi ?

- Comme tu voudras, blondinette ! lui lançai-je.

Je décidai alors de contre-attaquer. L'obligeant à lâcher ma lèvre, je la fis basculer sur le côté et me retrouvai sur elle.

Elle me regardait sans bouger, une expression indéchiffrable sur le visage. Je me dégageai brusquement et me remis le dos. Elle tourna la tête vers moi, interdite. Je venais de prendre la même position que ses agresseurs, quelques semaines plus tôt. Je préférai m'arrêter avant de lui faire revivre ce souvenir.

Je sentis deux petites mains m'agripper le bras. Luisa se rapprocha de moi jusqu'à me coller. Elle pleurait mais ne semblait pas réellement s'en rendre compte. Ne sachant pas quoi faire, je lui caressai les cheveux de ma main libre, comme je l'avais fait des centaines de fois pour réconforter ma sœur, enfant. Elle soupira d'aise et ferma les yeux. Ça ne ressemblait pas au sanguinaire Trafalgar Law, mais je ressentais le besoin de la consoler. Elle avait l'air tellement fragile. Et je n'arrivais pas à m'enlever de la tête l'impression persistante qu'elle me rappelait quelqu'un.

Sa respiration devint régulière et sa poigne se desserra légèrement autour de mon bras. J'en profitai pour le dégager délicatement et enlevai ma chemise. Je la jetai sur une chaise et posai mon avant-bras sur mes yeux.

Comment pourrai-je taquiner blondinette, le lendemain ? Je priai intérieurement pour qu'elle ne se rappelle pas de cette nuit, ce qui me permettrait de lui faire croire ce que je voudrai. Je souris d'avance. Tourmenter cette fille était en train de devenir mon passe-temps favori. Elle avait des réactions qui m'amusaient beaucoup. Beaucoup trop.

Je fermai les yeux. J'étais épuisé, récemment. Je manquai de sommeil à cause de mes nuits passées à chercher un moyen de faire recouvrir la mémoire à Luisa. La tâche s'avérait bien plus difficile que je me l'étais imaginée.

J'avais lu dans l'un de mes innombrables ouvrages de médecine que, pour raviver la mémoire, on pouvait se servir d'une photo, d'une lettre, ou aller à un endroit spécifique qui pourrait faire remonter des souvenirs à la surface. Le problème, c'est que je n'avais pas connu Luisa avant son amnésie. J'ignorai donc totalement quels lieux pourraient convenir.

Je fus tiré de mes pensées par des sanglots. Je me tournai vers blondinette et la pris machinalement dans mes bras tout en lui caressant doucement le dos pour l'apaiser. Je m'endormis dans cette position.