Chapitre 27

2.6K 169 18
                                    

Trafalgar Law

Depuis que Luisa avait quitté mon bureau, dix bonnes minutes auparavant, je n'avais pas été en mesure d'esquisser un geste. J'étais extrêmement surpris par ce qu'il venait de se passer.

J'avais calmement tenté de lui expliquer qu'entrer en contact avec sa famille serait une bonne chose, dans l'idée de lui faire recouvrer sa mémoire. Il est vrai qu'elle ne semblait pas en avoir envie, vu sa tentative désespérée pour échapper à la Marine à Roa Village, mais j'avais mis ça sur le compte de la peur de voir une trentaine d'hommes débarquer en vous obligeant à partir avec eux.

S'il m'avait été permis d'en douter, l'incertitude n'était désormais plus possible. Je croyais la jeune fille et ne remettais pas sa parole en doute lorsqu'elle affirmait ne se souvenir de rien, mais je devais reconnaître que sa réaction disproportionnée était étrange. Être ainsi persuadée de la malveillance de sa famille alors qu'elle ne se rappelait pas d'eux...

Cependant, l'attitude de blondinette n'était pas la seule qui me dérangeait. Il y avait aussi la mienne. Je n'avais pas l'habitude du contact physique avec les autres, vraiment pas, mais ça devenait excessivement facile, voire naturel, quand ça concernait Luisa. Mon corps avait agi de lui-même. C'était vraiment curieux. Comme si, inconsciemment, je ne supportais pas qu'elle souffre. Au plus profond de moi, j'avais l'intime conviction de connaître cette fille mais je ne savais ni d'où, ni comment.

Je passai ma main sur mon visage et finis par m'asseoir sur une chaise en posant mes coudes sur mes genoux. Il me fallait en apprendre plus sur sa famille et je n'avais qu'un seul moyen de le faire.

Après avoir passé quinze minutes à peser le pour et le contre, c'était ce dernier qui l'emportait haut la main. Déjà, c'était une mauvaise idée, peu importe dans quel sens on la tournait. De plus, si je le faisais et que Luisa l'apprenait, elle m'en voudrait terriblement. Il se pouvait aussi que sa famille soit entièrement composée de fous.

Je sortis son avis de recherche, soigneusement dissimulé sous une pile de livres de médecine dans un tiroir de mon bureau, et attrapai mon escargophone.

Je m'apprêtai à composer le numéro mais me figeai.

T'es sûr de toi ?

A dire vrai, je n'étais plus sûr de rien. Je savais que c'était une mauvaise idée, mais j'étais intimement convaincu que c'était la bonne chose à faire.

Je composai le numéro en soupirant.

- Allo ? me répondit une voix masculine à la deuxième tonalité.

- J'ai des informations sur Luisa, dis-je.

Mon interlocuteur ne me répondit pas tout de suite. J'imaginais qu'ils avaient déjà dû recevoir des centaines d'appels de personnes persuadées d'avoir vu blondinette alors qu'il n'en était rien.

- Je vous écoute, entendis-je.

- J'aimerais d'abord avoir des informations sur les gens qui la cherchent, lançai-je.

- Qui êtes-vous ?

- Qui je suis n'est pas important. Qui vous emploie ? demandai-je.

Un nouveau silence s'installa. Il ne semblait pas spécialement enclin à me répondre. J'entendis l'homme parler à quelqu'un mais ne compris pas ce qu'il dit.

- Avez-vous réellement des informations sur la fille ? finit-il par me demander.

- Je sais où elle se trouve, mais je veux savoir à qui je la remets, tentai-je.

Je n'avais en réalité nullement l'intention de la confier à qui que ce soit, mais je considérai qu'il n'avait pas besoin de le savoir.

- Alors ? m'impatientai-je comme je n'obtenais aucune réponse.

- Je vous dirai peut-être ce que vous voulez savoir si vous pouvez me prouver que vous savez où elle se trouve.

Je retins un grognement. Comment étais-je supposé l'attester, au juste ? En y réfléchissant, j'avais bien une idée, mais elle était outrageusement risquée.

- Très bien. Dans ce cas je vous propose de l'amener sur un lieu de rendez-vous. Vous me dites ce que je veux savoir, et si ça ne me convient pas, je ne vous la laisse pas. Qu'en pensez-vous ?

Comme il ne répondait pas, je supposais qu'il demandait à la personne de tout à l'heure la permission.

- C'est d'accord, lâcha-t-il enfin après d'interminables minutes. Dites-moi le nom d'un lieu qui vous arrange et un horaire, et nous y serons.

Nous nous mîmes d'accord après quelques secondes de dialogue et je raccrochai.

Prochaine étape : parler avec une certaine jeune fille. 

Rencontre hasardeuse [TERMINÉ]Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon