Chapitre 8

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Je respirai le grand air avec délice. J'étais tellement heureuse de pouvoir enfin voir autre chose que les murs ternes du sous-marin que je n'arrivais pas à tenir en place.

Shachi et Penguin s'étaient désignés pour être mes gardes du corps pour la journée. Je les suivis donc sur l'île.

Nous arrivâmes sur une grande place bourrée d'étalages colorés. Il semblait que, pour les habitants, c'était jour de marché. J'étais ravie et regardais chaque marchandise avec beaucoup d'intérêt.

Je remarquai que mes gardes du corps n'avaient que faire des étals qui s'étendaient à perte de vue, mais observaient les femmes. Me rapprochant d'eux, je constatai en souriant qu'ils discutaient avec entrain de la beauté et des formes de chacune. Ces deux-là aimaient les femmes bien plus qu'il n'était permis.

Je continuai mon exploration, lorsqu'un objet attira mon regard. Je m'approchai et regardai de plus près. Il s'agissait d'une broche. Elle était ronde et rouge pâle, avec trois pointes sur le haut, et une sur le bas. Étrangement, elle me faisait penser à une empreinte de patte de dragon. Elle m'intriguait. Je n'arrivai pas à détacher mon regard de l'objet.

Je fus finalement arrachée à ma contemplation lorsqu'un bruit sourd retentit non loin de l'endroit où nous nous trouvions. Je regardai autour de moi, et vis des volutes de fumée s'élever à quelques mètres de nous.

Les gens courraient dans tous les sens, paniqués, tandis que je cherchai Penguin et Shachi du regard. Je commençai à m'affoler en ne les voyant nulle part.

Je fus brutalement poussée et tombai en arrière, m'écorchant les mains en me rattrapant tant bien que mal. Je ne savais que faire, et j'étais bien incapable de situer le navire pour y retourner. Mon sens de l'orientation n'était pas très bon, et je n'avais pas prêté la moindre attention au chemin que nous avions emprunté pour arriver jusqu'ici.

Je me relevai et chercher une ruelle pouvant m'abriter le temps que l'émeute passe. Je trouvai mon bonheur et m'assis sur un tonneau. Je réfléchis alors. Que s'était-il passé, au juste ? Était-ce une explosion ? L'île était-elle attaquée ?

Je commençai à manquer d'air. J'étais angoissée, et encore plus seule qu'avant. Un bruit sur ma droite me fit tourner la tête. Le sang quitta mon visage. Quatre hommes ayant la carrure d'armoires à glace me regardaient, un vilain rictus scotché aux lèvres. Ils portaient des armes à leurs ceintures, et semblaient capables de dépecer un nourrisson sans sourciller. Des pirates, sans l'ombre d'un doute.

Je le sens mal, là.

Je regardai furtivement sur ma gauche, et constatai que l'autre entrée de la ruelle était dégagée. Je me levai, les jambes tremblantes, et esquissai un mouvement à l'opposé des hommes.

- Stop ! tonna l'un d'eux d'une voix bourrue.

Cela me figea sur place. Je n'osai regarder en arrière. Je sentis qu'ils s'approchaient de moi, et j'étais incapable de bouger.

N'écoutant que mon courage, je tentai de mettre un pied devant l'autre, pour enfin me mettre à courir, lorsqu'une main attrapa brutalement mon bras. Je me sentais totalement idiote et sans défense, face à ces sauvages. J'aurais voulu hurler, leur ordonner de me laisser, mais ma gorge m'en empêchait.

Celui qui me tenait me projeta contre le mur, sans me lâcher, et une douleur se propagea dans mon épaule. A cette allure, j'allais rentrer cassée de partout et j'imaginais déjà Law s'occuper de mes blessures en râlant.

Si je rentrais.

L'homme mit mes bras de chaque côté, contre le mur, et appuya plus que nécessaire sur mes avant-bras pour me maintenir. Ma blessure se rappela à mon bon souvenir et je gémis de douleur. J'entendis les pirates rire, et les larmes me montèrent aux yeux. J'étais impuissante face à eux, et ça leur plaisait.

- J'ai toujours adoré les blondes, confessa l'un d'eux, légèrement plus petit que les trois autres.

- Et en plus, celle-ci est carrément bonne, on a de la chance ! s'esclaffa un autre, une méchante cicatrice lui barrant la joue gauche.

- Bon les gars, s'impatienta un troisième, un bandeau noir entourant son crâne, ses vêtements vont pas se déchirer tous seuls.

J'étais tétanisée face à leur dialogue.

Comment ça, déchirer mes vêtements ?

J'avais un débardeur blanc et un pantalon en toile noir appartenant à Narval. Je n'avais aucun effet personnel, et devait tout emprunter à cette dernière. Elle semblait d'ailleurs partager ses vêtements avec plaisir, ce qui me rassurait, car ça me mettait mal à l'aise.

- Non... Arrêtez, laissez-moi ! tentai-je d'une voix faible.

Ils rirent grassement. Je me sentais presque plus mal pour les vêtements que pour moi-même. Presque.

Le quatrième homme, grand et chauve, resté silencieux jusque-là, s'empara de mon haut et le déchira d'un coup sec, obligeant celui qui me tenait à me lâcher. J'en profitai pour replier mes bras autour de moi, et tentai de m'échapper. Peine perdue, ils me rattrapèrent sans difficulté et me maintinrent au sol.

Le plus petit tenait mes bras au-dessus de ma tête, tandis que celui au bandeau clouait mes pieds au sol de ses mains, m'empêchant de les lui jeter en pleine figure.

Le chauve, qui semblait être le chef, se positionna à califourchon sur moi. Cette situation me répugnait. Ils m'écœuraient, mais je n'arrivais pas à m'échapper. Je m'aperçus que mes larmes avaient commencé à couler sans mon consentement. Quelle importance, à présent ?

Le chef posa ses mains sur mon torse nu. Je frissonnai de dégoût. Je ne pus retenir un cri de désespoir lorsqu'il glissa sa main sous mon pantalon. J'aurais voulu disparaître. Qu'un trou béant s'ouvre sous moi et m'engloutisse. Je ne voulais pas vivre ça. Je pleurai, sans m'arrêter. J'essayai de me libérer, mais avec les membres entravés et la carcasse de cet homme au-dessus de moi, je savais que mes efforts étaient inutiles.

Aidez-moi, quelqu'un, n'importe qui...

Le seul homme qui ne me tenait pas tira un coutelas de sa ceinture et s'approcha de moi. Les larmes me brouillaient la vue, aussi ne vis-je pas le sourire de prédateur qu'il arborait.

- C'est toujours plus excitant avec du sang, vous trouvez pas ? fit-il.

Et il m'entailla. La blessure partait de sous mon sein droit et allait jusqu'à ma hanche gauche. Malgré ma douleur à la gorge, j'hurlai. C'était insupportable. L'entaille me brûlait. Je me débattis sous l'effet de la peur, souffrant encore plus.

Les hommes riaient à s'en arracher la gorge. Ma souffrance les amusait. Je finis par arrêter de bouger, haletante, priant pour que la douleur s'arrête. Pour que tout s'arrête. Je n'entendis plus rien autour de moi, tout s'éloignait. J'avais les yeux ouverts mais, soudain, tout devint noir, et je perdis connaissance.

Rencontre hasardeuse [TERMINÉ]Where stories live. Discover now