Chapitre 28

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Narval

Luisa et moi étions couchées sur notre lit. Elle m'avait surprise en train de pleurer, trente minutes plus tôt, alors que je regardai une photo de ma famille. C'était bientôt l'anniversaire de la mort de ma sœur, et j'étais toujours triste pendant cette période, me rappelant sans cesse ce que ces pirates avaient fait.

La petite blonde s'était précipitée sur moi et m'avait enlacée avec une force que je ne lui soupçonnais pas. Je lui avais rendu son étreinte, et nous avions parlé. Elle m'avait réconfortée comme elle avait pu – j'avais d'ailleurs constaté qu'elle n'était pas forcément plus douée que mon cher Capitaine pour ça – et ça m'avait fait un bien fou.

J'avais pris un temps infini à remarquer qu'elle n'était pas dans son état normal non plus. Elle avait proprement éludé mes questions et nous avions fini dans ce silence apaisant. Mais je n'avais pas dit mon dernier mot. Elle m'avait écoutée me plaindre, c'était à mon tour de m'occuper d'elle.

- C'est à cause du Capitaine ? demandai-je.

Du coin de l'œil, je la vis sursauter.

Oh oh, qu'a-t-il bien pu lui faire ?...

- Il m'a offert de rejoindre l'équipage ! dit-elle, visiblement toujours étonnée.

Ainsi donc elle continuait d'esquiver. J'allais devoir insister lourdement si je voulais avoir ne serait-ce qu'un indice sur ce qui n'allait pas.

J'étais cependant contente de savoir que le grand brun lui avait enfin proposé. Elle qui était si sûre qu'il ne l'aimait pas... Elle n'avait jamais dû constater les petits regards en coin qu'il lui jetait. Pratiquement tous les membres des pirates du Heart avait remarqué l'attention qu'il lui portait.

Je décidai de rentrer dans le jeu de Luisa un peu plus longtemps, mais elle ne faisait que retarder l'inévitable.

- Enfin ! m'exclamai-je. Et qu'as-tu répondu ? « J'accepte avec un plaisir non dissimulé ! » ?

Je tournai la tête vers elle et lui fit un clin d'œil. Elle me sourit et éclata de rire. Je préférai la voir ainsi. J'avais l'impression qu'elle ne dormait pas beaucoup la nuit, je la sentais souvent s'agiter et elle avait une mine affreuse. Si elle continuait comme ça, elle allait finir par avoir autant de cernes que le grand Chirurgien de la Mort.

- J'ai pas vraiment pu répondre, lâcha-t-elle, m'arrachant de mes pensées.

C'est à ce moment qu'on toqua à la porte. Je me redressai sur les coudes et demandai qui se trouvait là.

- Je dois te parler, Narval, lança le Capitaine. Maintenant.

J'avais remarqué que Luisa s'était figée à l'entente de la voix. Je me levai et allai ouvrir la porte. Le grand brun m'attendait devant. Je refermai derrière moi et le suivis sans un bruit jusqu'à son bureau. Il avait l'air extrêmement sérieux.

Une fois installés, il prit rapidement la parole :

- Je suis entré en contact avec les gens qui recherchent Luisa. Je voulais des informations sur sa famille, mais ils refusent de m'en donner tant qu'ils n'ont pas la preuve que je sais où elle se trouve. Alors je leur ai proposé un marché. Je leur amène Luisa et ils me disent ce que je veux savoir. Le rendez-vous et pour après-demain, durant la nuit.

- Vous... Vous voulez vous servir de Luisa comme appât ? demandai-je, hébétée, en insistant bien sur le dernier mot. Mais vous ne pouvez pas faire ça, c'est beaucoup trop dangereux !

Je vis dans ces yeux qu'il était on ne peut plus d'accord avec moi. Alors pourquoi disait-il cela ? Qu'avait-il derrière la tête ? Je ne tardai pas à le découvrir.

- C'est pourquoi tu es là, me dit-il un peu trop sérieusement pour être honnête. J'aimerais que tu me rendes un service.

J'attendis, interdite. Je n'avais pas la moindre idée d'où il voulait en venir, mais je sentis que ça n'allait pas me plaire. Du tout.

- J'aimerais que tu te fasses passer pour Luisa, le soir du rendez-vous, reprit-il enfin. Je pense que tu sauras mieux te défendre qu'elle si ça dérape et je ne veux pas l'entraîner dans cette histoire. Désolé.

Je le regardai, surprise. Il s'excusait car ça ne le dérangeait pas de me mêler moi à ses problèmes. Je souris. Finalement, ça n'était pas aussi terrible que je me l'étais imaginé. La jeune fille était comme une petite sœur pour moi, et j'étais prête à la protéger, peu m'importait le moyen.

- J'accepte, déclarai-je sans sourciller.

Il sembla confus par ma réponse, qui plus est rapide, mais se reprit bien vite. Il m'exposa alors son plan. Ça devrait marcher.

Rencontre hasardeuse [TERMINÉ]Where stories live. Discover now