"- Dis, me demanda Emma, tu n'aurais pas envie d'aller dans le Labyrinthe pour pouvoir les rencontrer toi ?"
En temps normal je n'aurais tout de même pas été assez stupide pour répondre oui, mais il faut croire que ma fatigue et le destin en avait d...
Mon cerveau passa instantanément en pilotage automatique.
J'atteignis le premier à la jambe presque sans m'en rendre compte, le cran faillit bien me déboîter l'épaule mais l'adrénaline me faisait totalement oublier la douleur. J'évitais le prochain coup de feu d'une roulade bien placée sur le sol et me relevais d'un bond en tirant sur un autre. Je ne laissais pas le dernier se remettre de la surprise de mon arrivé et fonçais sur lui sans hésitation. Je basculai alors en arrière avant même ressentir la douleur de la balle qui m'atteignit alors à l'épaule. avant de glisser sur le sol au moment où il me tirait dessus à son tour. Je ne sais comment mon corps parvint à tenir le coup, mais mes bras n'attendirent même pas que je me sois relevé pour tirer dans le pied de mon assaillant avant de l'envoyer valser par l'ouverture où était tendu le câble de la tyrolienne d'un violent coup de pied.
- Dépêchez vous ! m'écriais-je alors en faisant signe aux autres de me rejoindre.
Brenda fut la première arrivée et était déjà en train de tirer les harnais afin de nous permettre de traverser.
- Il n'en reste que trois ! s'exclama-t-elle en envoyant un regard aux enfants.
- Et bien vas y la première et préviens les de l'arrivée des nouveaux venus.
- Ça ne va pas plaire à Jorge. marmonna-t-elle en tirant un harnais vers elle.
- Oui et bien il fera avec ! rétorquais-je en la poussant sur le câble.
Il me sembla entendre une injure de sa part envers ma personne mais celle ci fût étouffée par la musique et le bruit des soldats.
- Maintenant c'est à vous ! fis-je à l'adresse des deux enfants.
- J'y arriverais jamais..., bredouilla Keith en observant le câble avec des yeux écarquillés de peur.
Je me penchais vers lui et posais doucement ma main libre sur ses épaules.
- Vous avez pas le choix. Si vous restez ici vous finirez par mourir, mais si vous venez avec moi je vous jure de tout faire pour prendre soin de vous.
- Moi je veux pas mourir ! couina Wanda toujours dans les bras de Thomas.
Cette simple phrase suffit à convaincre Keith. Des bruits de pas de course retentir alors derrière nous. Je me redressais d'un coup en raffermissant ma prise sur le fusil à pompe.
- Occupe toi d'eux ! assenais-je à Thomas avant de me cacher de nouveau derrière l'abris de fortune qui nous avait servis précédemment.
- Tu sais vraiment jamais quand t'arrêter !
Mais je vis du coin de l'œil qu'il s'exécutait tout de même, callant du mieux qu'il pouvait les deux petits. Pour ma part je fermais un instant mes yeux tout en prenant une grande respiration pour calmer les battements de mon cœur. Ces deux dernières minutes semblaient avoir durer des heures. Je sentais la blessure de mon épaule saigner et pourtant aucune douleur ne se diffusait dans mon corps. Mais je ne pouvais même pas me permettre d'y songer. Le bâtiment allait sauter d'une seconde à l'autre et j'avais promis à ces gosses de faire tout mon possible pour les maintenir en vie. Des cris retentirent à à peine quelques mètres alors que les soldats arrivaient finalement juste devant nous. Je ne les laissais même pas s'approcher. Je sortis le haut de mon corps de mon abris et me mit à tirer.
La blessure m'avait fait perdre en précision. Jusque là j'avais essayé de faire le moins de dégâts mais cette fois les balles furent bien plus dévastatrices et les atteignirent en plein torse, voir même en pleine tête pour certain.
- C'est bon Em ils sont partis ! hurla Thomas derrière moi pour couvrir le bruit des balles.
Je plaçais de nouveau mon arme dans ma veste de mes mains tremblante et me ruais sur Thomas. Ce dernier avait les bras emmêlés dans les harnais et avait déjà un pied dans le vide. Je lui bondis dessus au moment même où la chanson s'arrêtait. Nous commençâmes à glisser à une vitesse fulgurante sur le câble tandis que je resserrais du plus que je pouvais la prise que j'avais sur son cou, le tout sous le bruit tonitruant de l'explosion qui retentit derrière nous. J'entraperçus un grand hélicoptère au milieu de la fumée et décelai un homme à son bord tourné pile vers nous. La peur de tomber disparut alors instantanément au moment où tendais mon bras avant de relever mon majeur pour faire une magnifique doigt d'honneur à Janson.
- Ce n'est pas aujourd'hui que tuvas m'avoir enflure !
Et à peine avais-je prononcé ces mots que nous nous écrasâmes dans le bâtiment d'en face. J'eus à peine le temps de me relever que déjà les enfants venaient se blottir derrière moi. Je compris rapidement pourquoi en voyant les regards dubitatifs que leur envoyait mes camarades.
- Ils sont avec moi. décrétais-je simplement avant de planter mon regard dans les yeux de Jorge. Si on ne les prends pas avec nous on n'emmène pas non plus Brenda.
Cette dernière émit un "Hey" scandalisée mais ni Jorge ni moi n'y prêtâmes attention, nous contentant de nous défier du regard. Finalement il poussa un long soupir de résignation.
- Au point où on en est, soupira-t-il.
- Est-ce que quelqu'un pourrait m'expliquer ce qu'on est en train de faire ? intervint alors Newt. Parce qu'à part vous deux, aucun de nous ne parle français.
- Je vais vous emmener trouver le bras droit. dit donc simplement Jorge en se dirigeant déjà vers les entrailles du bâtiment.
- Le quoi ? répéta Chuck sans comprendre.
Jorge se mit alors à leur expliquer ce dont il s'agissait. Du moins c'est ce que je supposais puisque la pièce était en train de tanguer devant moi. Je venais de lever mes mains devant moi, mes mains couvertes de sang. Ma blessure à l'épaule ne cessait de saigner, mais là encore, j'étais incapable de sentir quoi que ce soit.
- Emma ? m'appela alors Thomas en s'approchant de moi.
- Je l'ai ai tué. murmurais-je soudain horrifié. Je les ai tués.
Parce que c'était la vérité, j'avais beau avoir un tempérament des moins calmes, jamais je n'avais réellement envisagé de tuer quelqu'un, d'enlever la vie à quelqu'un. Et pourtant, je venais de le faire, et sans aucun remord qui plus est. Et c'était bien le problème, je ne ressentais rien d'autre qu'une étrange excitation qui me faisait tourner la tête.
- Emma ! répéta Thomas plus qu'inquiet.
Je relevais mon visage horrifié vers lui tandis qu'une immense angoisse était en train de grandir en moi. La blessure de ma jambe se réveilla d'un coup, sans que je ne ressente aucune douleur pour autant, mais elle était là, plus présente que jamais et j'avais la sérieuse impression qu'elle envahissait le reste de mon corps.
Les enfants se ruèrent sur moi à leur tour et la petite main de Wanda fut la dernière chose que je sentis avant de perdre connaissance.
