2 Novembre 1994 - L'ASSIMILATION

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          - Monsieur ? Demanda Aya au bout d'une heure.

          Elle était coincée dans le bureau de Katlitz, occupé à faire ses devoirs dans un silence morne rompu seulement par les grattements de la plume du professeur qui corrigeait les copies de ses élèves. Mais après avoir lu dix fois le même paragraphe sans réussir à en retenir un seul mot, Aya abandonna ses faux-semblants et releva la tête vers son professeur.

          - Je voudrais retourner dans le souvenir de Willem, dit-elle de but en blanc alors qu'il s'était figé pour la regarder par-dessus sa plume. Ça s'est passé si vite, je n'ai pas eu le temps de comprendre...

          - Je vous savais téméraire, mais je vous connaissais aussi plus réfléchie que cela.

          Aya accusa le coup en pinçant les lèvres. Elle referma son livre d'un geste sec au moment où Katlitz posait sa plume.

          - Cette fois, je sais à quoi m'attendre. Ça n'arrivera pas, dit-elle simplement en comprenant où il voulait en venir.

          - Pouvez-vous me dire, avec certitude, la raison pour laquelle s'est arrivé une première fois ? Demanda-t-il sombrement en ancrant son regard dans celui de la rousse.

          Aya resta muette et immobile en sentant ses joues s'embraser alors qu'un écho du cri bestial de Katarina résonnait à ses oreilles en lui dressant tous les poils sur le corps.

          - Je crains que vous ne vous rendiez toujours pas compte de la puissance qui sommeille en vous, enchaîna Katlitz face à son silence. Elle ne s'est pas entièrement dévoilée vendredi dernier et j'ai pourtant dû faire appel au sortilège de Protection le plus puissant que je connais pour vous contenir. Il est impératif que vous compreniez ce qui s'est produit et comment l'éviter avant toute chose.

          - Comment je suis censée faire ça ?

          - Vous y travaillerai dès jeudi soir avec les professeurs Rakseï. En attendant, vous avez des devoirs, dit-il simplement en reprenant sa plume.

          - Je n'arrive pas à me concentrer sur ça, s'irrita-t-elle en faisant un geste vers son livre de potion fermé sur sa table.

          - Bien, je vous autorise à méditer sur les récents événements et leurs conséquences qui auraient pu entraîner votre instabilité magique. Mais en silence, et... calmement. J'ai des copies à corriger et vous resterez sur cette chaise jusqu'à vingt-et-une heure, comme convenu.

          Aya se renfrogna en rouvrant son livre d'un geste brusque. Mais elle fixait sa représentation d'une feuille de mandragore, sans la voir.

Le Serpent qui RugissaitWhere stories live. Discover now