26 Juin 1994 - LE PARRAIN

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          La première semaine de vacances d'Aya ne ressembla en rien à des vacances. Severus avait fait régulièrement irruption au manoir pour la faire travailler, en lui donnant l'impression de repasser ses examens en version condensée, et plus poussée. En colère plus qu'autre chose, elle ne se laissa pas impressionner et ne ménagea pas ses efforts. L'objectif premier étant de se débarrasser de cette corvée le plus rapidement possible.

          Les moments les plus calmes étaient ceux pendant lesquels Severus s'efforçait de pénétrer son esprit. Aya n'avait rien d'autre à faire que rester planter là, à fixer son parrain, en se retenant difficilement de faire des commentaires sur son nez crochu, ses cheveux dégoulinant de gras, ou ses tentatives inutiles pour la sonder.... Elle avait été gravement tentée à plusieurs reprises d'essayer la Légilimencie sur lui, mais se doutant qu'elle le regretterait amèrement lorsque son parrain s'en apercevrait, elle s'était abstenue. Severus avait cette particularité d'être plus intimidant que Lucius en matière de punition, et loin d'elle était l'idée de lui donner l'opportunité d'exprimer sa créativité en la matière.

          - Je dois reconnaître que j'ai rarement eu l'occasion de rencontrer des sorcières de douze ans aussi douées, tu as un talent indéniable, Astraïa, remarqua Severus après un exercice constituant à se battre en duel avec le professeur de Poudlard.

          Aya, légèrement décoiffée et passablement essoufflée était plutôt fière de son combat même si son parrain lui semblait encore plus impeccable que lorsqu'ils avaient commencé. Elle se laissa tomber dans l'herbe, à l'ombre des grandes haies qui entouraient le domaine des Malefoy.

          - Tu as de très bons réflexes, tu agis avec instinct et ta maîtrise des sortilèges informulés est excellente, je ne m'attendais pas à ce que Durmstrang attende un tel niveau de ses élèves...

          - Ils ne nous obligent pas à utiliser de sortilèges informulés, ils nous le conseillent simplement vivement. En duel c'est un avantage considérable... Et pour le reste du temps, Katlitz pense que ce n'est pas plus mal, ça m'oblige à être plus concentré et mieux me canaliser dans mon cas...

          - C'est juste, confirma Severus. Cependant, tu adoptes une attitude trop défensive lors de tes combats. Sans doute à cause de l'habitude que tu as prises à te battre avec tes camarades sans réelle intention de leur nuire. Tu sais défendre et garder ta position, mais tu ne vas pas assez à l'offensive. Tu repousses ton adversaire et le maintien à distance, de manière très efficace certes, mais tu ne cherches pas à le terrasser. Bien sûr, tu pourrais l'avoir à « l'usure » avec cette stratégie, à condition d'être plus endurante... Mais si tu devais attaquer...

          - Je ne compte attaquer personne, coupa Aya catégorique.

          De plus, si son parrain ne s'était pas évertué à faire pleuvoir sur elle un bon millier de maléfices à la seconde, elle aurait peut-être pu trouver une ouverture pour l'attaquer. Severus lui lança un regard appuyé, Aya soupira en levant les yeux au ciel.

          - Ah oui. Une arme n'a pas à donner son avis. Noté, maugréa-t-elle.

          - Bien. Donc, comme je le disais, reprit Severus le regard noir. Si vous deviez attaquer, vous auriez bien du mal à prendre l'avantage. Nous travaillerons cela dès demain.

          - Combien de temps ça va durer encore ? s'agaça-t-elle en le dévisageant sombrement.

          - Le temps que je jugerais nécessaire, répondit-il implacable. Estime-toi heureuse de rester au manoir, ton père aurait été ravi de t'envoyer chez moi quelques semaines si je ne m'y étais pas opposé.

Le Serpent qui RugissaitWhere stories live. Discover now