Chapitre 8 -****

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Étrangement, le garçon était seul, assis sur une grosse pierre de granite, près de la tombe de son père qu'un jeune homme était en train d'énergiquement referme. Marina avait rejoint son compagnon et personne ne se pressait autour de Guillaume pour lui serrer la main en marmonnant les banalités d'usage.

Sam se planta devant lui, très droit.

« Guillaume, j'ai été tenu éloigné de la meute ces dernières trente-six heures et je n'ai pas eu l'occasion de venir te présenter mes condoléances, » commença-t-il d'un ton très formel.

Ah, voilà, tous les autres avaient vu Guillaume plus tôt.

« Je suis sincèrement désolé que ton père ait trouvé une mort prématurée, d'autant plus d'une manière si violente et sous tes yeux. Il me manquera. »

Guillaume releva son visage ravagé par le chagrin vers Sam. Il planta ses yeux dans les siens et lui sourit douloureusement.

« Merci Samuel. Au moins, je sais que toi tu es sincère. »

Sam hocha la tête et tourna les talons, me laissant seule et un peu empruntée face à l'adolescent en deuil. J'aurais cru qu'ils auraient plus de choses à se dire que ça.

« Euh... Salut Guillaume. Dure journée hein ? »

Il me dévisagea, surpris. Un instant je crus qu'il ne me reconnaissait pas et je commençai, malgré moi, à m'agiter, mal à l'aise.

« Myriam, c'est ça ?

— Oui ! J'étais là quand... Hum. Tu sais.

— Je me souviens. C'est toi qui as accueilli Nathan lorsqu'il a fugué.

— Voilà. » Je m'assis à côté de lui.

Il se serra dans ses bras, lui aussi devait souffrir du froid et, avec la fatigue et le chagrin, ça devrait être horrible. Je lui passai un bras sur les épaules. Il se raidit une seconde mais ne fit rien pour se dégager. Lorsque je sentis ses trapèzes se détendre je l'attirai contre moi.

Je ne savais vraiment pas quoi lui dire, et je n'avais pas envie de lui débiter des âneries sur la perte d'un parent. Les deux miens étaient toujours en vie et en bonne santé, je ne savais pas ce qui pouvait le réconforter, alors je choisis d'essayer de lui changer les idées.

« Te voilà de retour chez la meute, alors. »

Je le sentis se raidir et il grogna. Ok, mauvaise question.

« Je suis juste resté pour l'enterrement de papa.

— Alors... tu veux rejoindre... ?

— Personne. Je ne veux rejoindre personne, me coupa-t-il. Je veux juste partir.

— Comme, aller dans un autre lycée en pension ?

— Comme partir avec mon sac à dos visiter le monde. »

Voyager... Mais comment ?

« C'est un beau projet, les voyages, ça fait grandir, ça change beaucoup de choses. Est-ce que Victor risque d'essayer de t'en empêcher ?

— Nous en avons parlé, il approuve ma décision. Il me versera de l'argent tous les mois et gardera un œil sur moi. En échange, je lui ai promis de revenir un jour.

— Revenir... t'installer ici ? demandai-je.

— Non, juste revenir donner des nouvelles. Je crois... Je crois qu'il veut juste que je ne raie pas la meute de ma vie et que je ne me retrouve pas seul. » Sa voix se brisa, je fis comme si je n'avais pas entendu.

Le Chant de la LuneWhere stories live. Discover now