Chapitre 8 - **

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Il se tenait là, droit comme un i, au milieu du trottoir. Ses cheveux noirs tombaient négligemment sur son front, mettant en valeur ses yeux gris. Il était si beau. Encore sous l'effet de mes hormones, je sentis une barrière se briser en moi.

Impossible qu'il s'en sorte si facilement ! Je devais absolument me reprendre en main.

« Grès, » articulai-je d'une voix neutre.

Il se tortilla, mal à l'aise. Je le scrutai, essayant de ne pas me laisser influencer par mes souvenirs. Il avait l'apparence d'un mec de vingt-deux ou vingt-trois ans. C'était parfait quand je l'avais rencontré à la fac, mais là... Très bien, je n'avais qu'à le traiter comme je l'avais fait avec Nathan.

« Écoute Myriam, il faut vraiment que nous parlions.

— Et ça ne pouvait pas attendre demain matin ? » demandai-je d'une voix calme et posée. Habitée d'une curiosité sincère.

Il hésita.

« Cela m'a semblé être le moment où j'avais les chances optimales pour que tu aies la patience de m'écouter. »

Je levai un sourcil perplexe. Un sourire circonspect s'invita sur mes lèvres, je ne pouvais pas y croire.

« Attends... Tu me suis depuis longtemps ? »

Il hésita quelques secondes de trop.

« Grès ?

— Je suis arrivé à Mende vers sept heures.

— Du soir ?

— Non.

— J'hallucine... Grès, ça ne se fait pas de filer les gens comme ça. Tu veux me voir, très bien, mais tu fais comme tout le monde ! Tu m'envoies un message et on prend rendez-vous.

— J'espérais, de cette façon, profiter des circonstances les plus favorables.

— Comme me cueillir, en pleine nuit, en bas de chez mon amant de la soirée, débordante d'endorphines et enfin détendue ?

— Voilà !

— Enfin Grès, ce n'est pas du tout un comportement acceptable de nos jours. »

Il leva les yeux au ciel, jouant le vexé. Lorsqu'il reposa son regard sur moi, il souriait légèrement. Je mis mes mains dans les poches de ma veste, penchant ma tête vers mon épaule. Qu'est-ce qu'il allait encore me sortir ?

« Il me semble qu'il y a quelques années de cela, tu appréciais mes apparitions impromptues...

— Quoi ? Tu es en train de me dire que tu me suivais pour pouvoir faire les entrées les plus spectaculaires possibles ? »

J'avais ouvert les bras, ahurie. Le sourire de Grès s'élargit.

« Oui.

— Mais t'es un psychopathe sérieux ! »

Il haussa les épaules, toujours souriant. Je commençai à me sentir contaminée par son amusement. C'était absurde. Ce garçon était absurde.

« On a tout le temps de faire ce genre de chose quand on a l'éternité devant soi.

— Ah oui, c'est vrai ! Un psychopathe immortel ! Beaucoup mieux ! » Je lui souris.

Il se rapprocha de moi.

« Est-ce que tu accepteras d'avoir une discussion avec un psychopathe immortel, alors ? »

Je l'observai, pensive. De manière plus ou moins volontaire il m'avait permis de surmonter le petit moment de faiblesse que j'avais ressenti en le voyant. J'étais maintenant amusée et incrédule, pas troublée.

Le Chant de la LuneWaar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu