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Le dieu grec à bouclettes déclina mon offre de café et demanda un verre d'eau à la place. Maurice accepta le café. Je m'en servis un également. Le troisième de la matinée, ce n'était pas très malin, mais une matinée pareille pouvait bien supporter trois tasses de café !

Pendant quelques minutes assez désagréables, personne ne dit rien. Rien du tout. Tout le monde évitait soigneusement le regard des autres. Nous avions tous adopté une attitude totalement concentrée sur nos boissons. Le seul bruit était celui de la cuillère de Maurice remuant son café.

Finalement, c'est la voix de l'alpha qui rompit le silence. Il avait une voix chaude et calme, pas du tout autoritaire, plutôt enveloppante comme celle de certains conteurs. Je l'aurais écouté des heures. Malgré moi, je lui souris bêtement avant même que la signification de ses mots aient atteint mon cerveau.

« Myriam, laissez-moi tout d'abord vous présenter mes excuses, au nom de la meute du Lozère, pour les ennuis que vous causent la présence du jeune Nathan chez vous.

– Des ennuis ? J'ai des ennuis ? »

Victor sourit, d'un air amusé.

« Et bien, si vous n'êtes pas ennuyée par notre intrusion, j'imagine qu'effectivement, pour l'instant, vous n'avez pas d'ennuis. Cependant, il va nous falloir trouver un moyen de régler ce problème.

– Alors, monsieur l'alpha, expliquez-moi quel est le problème ? »

Il prit une longue et calme inspiration en fermant les yeux. Impossible pour moi de savoir s'il cherchait à se calmer ou seulement à rassembler ses idées avant de me raconter la version de la meute.

Finalement il rouvrit ses yeux, et durant une seconde, je vis de l'or briller autour des pupilles avant que les iris retrouvent leur habituelle teinte foncée.

« S'il vous plaît, appelez-moi Victor, ou monsieur Chastel. Mon loup n'apprécie pas le manque de respect ou la familiarité venant d'une étrangère à la meute.

– Pardon. »

Il fit un geste de la main, comme pour dire que c'était oublié.

« Il y a quelques semaines, le frère d'un de mes loups a pris contact avec la meute pour demander son aide. Cette personne est humaine et n'a pas les mêmes... Moyens que nous pour gérer les problèmes... Un peu particuliers qu'il rencontrait. »

Nathan émit un bruit un peu étrange, comme un rire nerveux et commença à se redresser.

« Tais-toi Nathan. »

Les mots étaient sortis de ma bouche mais c'était Loup des Rêves qui avait parlé. Nathan se rassit et baissa la tête. Ses épaules étaient horriblement tendues mais il ne dit rien.
Victor me regardait avec un intérêt soutenu, il ne commenta pas non plus mais je vis plusieurs fois ses narines frémir, comme s'il essayait de capter une odeur particulière.
Mal à l'aise, et sentant mon mal de tête revenir à l'assaut, je lui fis signe de continuer son récit.

« Une partie de l'aide demandée consistait à prendre en charge le jeune Nathan qui, victime d'un manque de clairvoyance assez répandu chez les adolescents, était en train de faire des choix dangereux. »

Un silence. Victor me regardait. Il attendait clairement que je commente ce qu'il venait de dire.

« Quel genre de choix est plus dangereux que placer un enfant dans une meute de loup-garous ? Je ne veux pas paraître grossière, mais je me pose sincèrement la question, vous êtes connus pour vivre dans une certaine... Violence... ? »

Victor fit une petite grimace, comme s'il ne savait pas vraiment ce qu'il convenait, ou pas, de me révéler. A nouveau, je vis ses narines frémir.

Le Chant de la LuneWhere stories live. Discover now