Chapitre 8 - Mise en bière

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J'émergeai difficilement de ma couette vers dix-huit heures. La veille, Maurice m'avait déposé chez moi au petit matin, sans que nous ayons fait de crochet par la maison de la meute. Il m'avait promis de me faire porter mes affaires et j'avais vraiment besoin de dormir. Je m'étais passée sous l'eau, trop heureuse de pouvoir me défaire de l'odeur de sang que je portai sur la peau, et avais disparu dans mon lit.

Je sirotai un café, encore dans les vapes. Il faisait déjà nuit. J'avais l'impression qu'il faisait tout le temps nuit.

Dans la mesure où tu as tendance à passer tes journées à dormir, ces derniers temps, ça peut se comprendre.

Ah, salut Loup des Rêves. Tout ceci n'était donc pas un cauchemar.

Non.

Je soupirai.

Mon téléphone vibra.

« Hey poupée, tu nous rejoins au Viking ce soir ? Xoxo »

Un message de ma copine Mathilde. Je regardai l'écran, l'esprit éteint. Le monde normal, celui dans lequel j'allais boire des verres avec mes copines, venait de violemment entrer en collision avec la semaine qui venait de s'écouler.

Je choisis de laisser gagner la normalité. Après tout, vingt-huit ans de vie sans pinhus n'allaient pas disparaître après une semaine chez les drama-queens métamorphes du coin.

« Grave ! A quelle heure ? »

La réponse ne se fit pas attendre, à dix-neuf heures trente je devrais rejoindre les filles.

Un petit coup d'œil à l'heure. J'avais un peu plus d'une heure devant moi. Parfait.

Je sortis de chez moi toute pomponnée. J'étais propre, je sentais bon, mon maquillage avait la classe nécessaire à une soirée détente et mon décolleté était juste assez plongeant pour être intéressant si jamais il me prenait l'envie de corser la soirée. J'avais envie de m'amuser.

Pourtant, à peine eus-je posé un pied sur les pavés de la ruelle où j'habitais que je me surpris à sonder les ombres, angoissée.

Tout va bien Myriam, détends-toi, tu ne risques rien.

Ah bon ? Et pourquoi donc ?

Nous veillons sur toi.

Qui ça, vous ?

Nous.

Loup des Rêves ?

Un silence obstiné me répondit. Je soupirai. Vraiment, j'étais agacée de leurs sous-entendus incompréhensibles, des cachotteries, et d'avoir peur pour ma vie. Je balayai tout ça d'une respiration ample et me lançai d'un pas rapide vers le Viking.

Le bar était une sorte de pub au thème marin. Du bois noir, des ancres, des filets de pêches, quelques casques à corne et, surtout, une scène sur laquelle un groupe jouait un rock plutôt bon. Je me sentis réconfortée par l'odeur de bière qui flottait dans le pub. C'était quelque chose d'habituel, de joyeux et où personne n'avait jamais essayé de me tuer. Détendue, je rejoignis les filles qui m'attendaient à une petite table ronde, sirotant leur bière. Je m'assis avec elles, retrouvant avec plaisir l'ambiance habituelle de nos soirées entre filles. Amandine me commanda une blanche et Mathilde se tourna vers moi, grand sourire.

« Alors ton week-end ?

— Mon week-end ?

— Chez les loups-garous ! Il paraît que leurs gîtes sont tops et qu'on voit facilement des loups-garous, même si certains prétendent que ce ne sont que des chien-loups bien éduqués, t'en penses quoi ? »

Le Chant de la LuneWhere stories live. Discover now