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J'allais ouvrir en essayant de me donner l'air plus réveillée que ce que je l'étais vraiment. Me rendant compte que j'avais toujours la serviette à la main au moment d'ouvrir la porte, je la jetais négligemment sur le lit.

De l'autre côté de la porte se tenait un des loups-garous à l'apparence la plus jeune. Un mètre quatre-vingt, les cheveux châtains tirant vers le roux et légèrement ondulés, mi-long, les yeux verts, quelques taches de rousseur, les traits fins. Il était moins ostensiblement musclé que ses compagnons. Le tout lui conférait une allure juvénile, je lui aurais donné légèrement moins que mon âge.

« Myriam, excuse-moi de te déranger. »

Il coula un regard lourd de sous-entendus au désordre que mon réveil un peu agité avait mis dans la chambre.

« Armand, c'est ça ? »

Il releva ses jolis yeux verts et croisa brièvement mon regard avant de détourner le sien. Il sourit légèrement. Il avait les lèvres pleines. J'avais toujours adoré les jolies lèvres. Je sentis mes joues se mettre à chauffer et je détournai brusquement le regard avant que les choses n'empirent. Ce n'était pas le moment de flirter, c'était le moment d'avoir une discussion très importante avec l'alpha de la meute qui m'hébergeait.

« Oui, c'est ça. On m'a envoyé pour te guider jusqu'au bureau de Victor. Tu peux prendre le temps de finir de te préparer si je t'ai interrompu.

– Oh, non, je suis prête. Laisse-moi juste le temps de récupérer mon téléphone et je suis toute à toi. »

Je me détournai déjà pour aller prendre mon portable quand il me sembla apercevoir une légère rougeur sur les joues d'Armand. Trop chou, un loup sensible ! Au moins je n'étais pas la seule à me colorer à la moindre émotion.

Je croisai mon reflet dans la glace de l'armoire. Mes vêtements étaient un peu froissés mais rien de dramatique, quant à mes cheveux, l'avantage des boucles c'était qu'il était inutile de les coiffer pour que ça rende bien.
Par contre, pour la marque de l'oreiller qui traversait ma joue, je ne pouvais qu'espérer qu'elle disparaisse d'ici à mon arrivée dans le bureau de Victor.
Haussant les épaules à l'adresse de mon reflet, je suivis Armand dehors.

Il me laissa prendre le temps de refermer la porte puis commença à marcher d'un pas régulier. L'allure choisie par Armand, ni trop rapide, ni trop lente, me permit d'observer la maison avec plus d'attention qu'à l'aller où, en pleine digestion, j'avais eu du mal à me traîner jusqu'à ma chambre. La maison avait été rénovée avec un goût discret mais certain. On avait privilégié les matériaux bruts, du bois, de la chaux, de la pierre et utilisé des tissus colorés pour donner de la chaleur à l'ensemble. Par exemple, quasiment toutes les fenêtres étaient équipés de lourds rideaux et tous les canapés étaient enfouis sous des plaids ou des couvertures. L'ensemble était chaleureux et de bonne qualité sans être ostentatoirement riche. J'aimais beaucoup.
Je reportais mon attention sur Armand. Il avait gardé les yeux rivés à ses chaussures, certes très jolies, mais tout de même. Il évitait clairement de croiser mon regard et ça me mit un peu mal à l'aise lorsque je m'en rendis finalement compte. J'essayais d'engager la conversation pour briser la glace.

« Alors, tu habites ici ?

– Oui.

– Depuis combien de temps ?

– Quarante-deux ans. »

Ah oui, c'est vrai. L'apparence, la réalité, deux choses qui ne concordaient pas dans ce monde-là.

« Ah ouais, pas mal, haha... Et du coup ça fait un bail que tu connais Victor non ?

– Cinq ans.

– Ah okay. »

Le Chant de la LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant