Chapitre 2 - la meute du Lozère

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Victor et Maurice avaient patiemment attendu que je prépare un sac pour les suivre. Ne sachant pas combien de temps nous partions, ça avait été une affaire assez délicate. Comprenant mon trouble, Maurice avait fini par m'informer qu'il me serait toujours possible de revenir prendre des affaires si c'était nécessaire. Ça m'avait rassuré, plus parce que cela signifiait que je n'étais pas »prisonnière« de la meute que parce que j'avais peur de tomber en panne de petites culottes.

Depuis que j'avais donné mon accord, les loups-garous se montraient d'une douceur et d'une patience remarquables. Ils chuchotaient à voix basse, souriaient et la ligne de leurs épaules était détendue. Nathan semblait résigné. Il s'était installé sur le canapé et scrollait sur son téléphone, le visage fermé.

Que prend-on quand on se rend en villégiature chez des loups-garous ? Après avoir longuement réfléchi à la question plantée devant mes placards le regard vide, j'avais eu l'idée géniale de jeter un coup d'œil au site internet de la meute qui offrait une prestation bed and breakfast « Au cœur de la meute ». Le site recommandait de choisir des habits confortables pour tous les jours mais de se munir d'une tenue de soirée pour la réception donnée certains samedis soirs. On était samedi, je n'avais pas de tenue de soirée. Je pris donc mes trois jeans, huit t-shirts, deux pulls, une semaine de sous-vêtements, une paire de basket, une paire de bottes et une robe d'été bordeaux qui, accompagnée d'un châle ferait illusion en cas de soirée classe. En tout cas, je l'espérais.

Le site recommandait également de ne pas se munir d'objets contondants et d'éviter les bijoux en argent par correction pour la meute. Je pris bien soin de vérifier que mon opinel se trouvait dans mon sac à main. Je n'avais que des bijoux en argent, ils feraient avec. Je cachais tout de même mon collier à l'intérieur de mon haut.

Une trousse de toilettes, un carnet et deux stylos, mon téléphone et son chargeur, mes clés et un paquet d'Efferalgan. Mon sac était prêt pour un séjour chez les loups !

Moi par contre, je ne me sentais pas prête du tout. J'avais initialement prévu de passer un week-end tranquille. J'aurais pu voir un copain ce soir, faire une petite balade dans les bois au-dessus de Mende... Et voilà que la table de ma cuisine était brisée en deux, œuvre d'un loup-garou qui m'invitait à séjourner dans sa meute »le temps de régler quelques problèmes« impliquant des vampires. Ça n'avait rien de vraiment rassurant et si j'avais envie de faire confiance à Maurice et Victor, je n'avais pas vraiment de raison de le faire. D'ailleurs, même Loup des Rêves n'avait rien de réconfortant à me dire !

Je ne suis pas devin.

Voilà qui était décevant.

Un dernier regard dans la glace. Je n'étais pas bien grande, mon atout charme principal était ma tignasse brune et bouclée. Je portais gracieusement mes vingt-huit ans sur des jambes musclées surmontées de pas mal de mollesse. Au moins j'étais confortable ! À cette pensée une étincelle amusée brilla dans mes yeux noisette.

Il était temps de se lancer dans le grand bain.

Quand enfin je rejoins les hommes qui patientaient au salon, nous nous mîmes aussitôt en route. Au bas de l'immeuble, deux hommes nous attendaient. Des « loups » de Victor, probablement. Ils nous emboîtèrent le pas sans poser de questions et nous escortèrent jusqu'au parking le plus proche. Même les loups-garous ne roulaient pas dans la partie piétonne de la ville, et je trouvais ça bien.

C'était une matinée de novembre comme on les aime. L'air froid et cristallin faisait naître de la buée de nos souffles, mais il n'y avait ni vent, ni humidité dans l'air. Le soleil brillait avec enthousiasme et le ciel était bleu, mettant en valeur les couleurs flamboyantes des montagnes alentours. Nos pas claquaient à bonne allure sur les pavés du centre-ville quasi désert. Les boutiques étaient ouvertes mais il n'y avait pas grand monde dehors. La ville avait une aura calme et joyeuse qui m'apaisa un peu. Il m'arrivait des aventures incroyables mais dehors la vie suivait son cours et le soleil brillait avec toujours autant de force.

Le Chant de la LuneWhere stories live. Discover now