Le Chant de la Lune

5 - ***

Je m'étais installée une sorte de petit nid à peu près douillet sur le canapé grâce à de multiples couvertures et d'un tas de coussin. J'avais disposé le paravent entre Nathan et moi, non pas pour qu'il ne puisse pas me voir, mais pour m'aider, durant quelques minutes, à oublier l'endroit et la situation dans laquelle je me trouvais.

J'étais en train de regarder de vieux épisodes de Doctor Who. Ceux avec David Tennant étaient mes préférés. J'en avais déjà boulotté au moins quatre. J'avais préféré ne pas utiliser le casque, après tout, Nathan ne s'était pas réveillé lors de nos conversations de l'après midi avec ses multiples visiteurs, il n'y avait pas de raison que le bruit de la série le fasse. En plus, s'il venait à arrêter de dormir et qu'il m'appelait, je l'entendrais. J'étais absorbée par l'épisode traitant de la particularité lycantrophique de la famille royale de Grande-Bretagne qui me paraissait particulièrement adapté à ma situation.

« I am not amused, soupirai-je.

– Moi non plus», me répondit une voix bougonne, venant de l'autre côté du paravent.

Je coupai la série.

« Nathan, tu es réveillé ?

– Non, je parle depuis un cauchemar dans lequel je suis enchaîné sur une table, sous une couverture qui glisse de plus en plus.

– Ah merde ! »

Je me redressai et filai porter assistante à mon petit vampire. Enfin, mon « presque vampire ». Je le bordai avec application et évitai de justesse ses crocs qui claquèrent à deux centimètres de mon bras.

« Hey ! M'enfin Nathan, on ne mord pas les gens qui te bordent ! »

Il rougit sous sa pâleur, ce qui eut un rendu assez désagréable à l'œil. Il se tortilla autant que ce que ses chaînes le lui permettaient et il murmura d'un ton contrit :

« Suis désolé Myriam, je n'arrive pas à me contrôler. Tu sens tellement bon, et j'ai tellement faim.

– Pas grave gamin, j'espère bien que tu ne fais pas exprès. Est-ce que c'est plus confortable pour toi que je retourne derrière le paravent ?

– Non ! S'il te plaît, non. Ne me laisse pas tout seul. »

La terreur qui débordait de ses yeux tout rouge me transperça le cœur. ​Je me réinstallai sur la chaise que j'avais tiré près de la table un peu plus tôt, et comme à ce moment-là, je me mis à lui caresser doucement les cheveux.

« Raconte-moi ton histoire Nathan, raconte-moi comment tu as atterri ici ça nous occupera bien toute la nuit.

– Toute la nuit ? Ils t'ont laissé seule avec moi pour toute la nuit ? Mais... Ah, c'est la pleine lune c'est ça ?

– Yeup.

– Aucune chance que tu m'aides à m'échapper ?

– Nope.

– J'm'en doutais. Tu veux connaître mon histoire alors ? Pour pouvoir la raconter à mon enterrement ?

– Idiot, pour mieux te connaître. C'est dommage que tu ne puisses pas parler de la vampire, ça m'intéresserait.

– Ah, tu voudrais entendre une histoire de vampires alors ? Je pense que je peux te raconter.

– Ah bon ?

– Oui, la malédiction du silence est lancée sur les rouges-gorges humains pour protéger leurs maîtres. Je ne suis plus vraiment humain. Alors, ça devrait aller. Attends, faisons un essai.