26 : DO NOT RUN

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ARTHUR N'ATTENDIT PAS une seconde supplémentaire pour pivoter sur ses talons et décamper du KINƎTO sans plus avoir à endurer le regard plein de souffrance de Samuel

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ARTHUR N'ATTENDIT PAS une seconde supplémentaire pour pivoter sur ses talons et décamper du KINƎTO sans plus avoir à endurer le regard plein de souffrance de Samuel. Et pendant une seconde, il ne réussit à percevoir que les violentes pulsations de son cœur contre sa cage thoracique ou encore l'écho de son souffle entrecoupé de halètements douloureux.

Pendant une seconde, seul l'impact de ses pieds contre le bitume ou l'oscillation de son corps submergé par l'adrénaline parvinrent à le rattacher à la réalité. Pendant une seconde, Arty pensa tout lâchement fléchir ses genoux déjà flageolants une dernière fois et s'écrouler sur le sol pour espérer trouver le répit qu'il pourchassait trop intensément depuis de trop longues semaines.

Mais il ne réussirait pas à s'échapper comme ça, pas cette fois-ci. Arthur le comprit quand cinq doigts s'écrasèrent sur son épaule et l'invitèrent à ralentir en enfonçant leurs ongles jusque dans sa chair, à travers l'épaisseur de son vêtement. Il ne s'était pas éloigné du cinéma de plus de vingt mètres et il ne connaissait qu'une seule personne susceptible de le rattraper avant tant de ressentiment sur une si courte distance. Dans cette situation.

— Ils vont pas me lâcher, cracha Samuel en désignant amèrement Ethan et Andy, qui le surveillaient ostensiblement depuis l'enseigne du KINƎTO. Mais ils vont pas m'empêcher de te tabasser si il m'en prend l'envie.

Arthur se dégagea de l'étreinte qu'il exerçait sur lui et se retourna pour le dévisager avec déchirement.

— On sait tous les deux très bien que tu ferais jamais une chose pareille, Samuel.

Son nez continuait de saigner sans qu'il ne s'en préoccupe et Arthur partit à la recherche d'un mouchoir en tâtant la poche intérieure de son manteau.

— Va te faire foutre ! s'exclama Samuel lorsqu'il lui en tendit un. Tu vas pas gagner du temps éternellement, Arty !

Le concerné rebondit sur cette réplique en partant d'un grand éclat de rire caustique.

— Et si c'est pas ironique quand même ! rétorqua-t-il d'un ton à l'acerbité cuisante. Je suis ici en train de gagner du temps pour pas avoir à endurer cette putain de discussion alors que t'es le premier à avoir fait des cachotteries à tout le monde !

Derrière lui, Arty entendit Ethan émettre un long sifflement moqueur et résistant à l'envie de lui faire manger le sol, il régula le volume de sa voix.

— Aristote avait dégagé de ma vie ! reprit-il en serrant les poings. De NOS vies ! Alors plutôt que d'exiger de moi des explications, dis-moi plutôt comment ce connard a fini par retomber sur nous, hein ?

Samuel s'appliqua à dévisager Arthur avec tout l'ahurissement dont était capable de faire preuve un chiot face à son reflet dans le miroir.

— Tu penses que tout ça ne découle que du hasard ? interrogea-t-il en dardant sur lui un regard noir.

— Non ! se défendit aussitôt son ami en levant les bras au ciel. Je pense qu'Aris t'a poussé à faire une connerie qu'il savait que tu finirais par faire en sa présence !

À ces mots, Samuel devint plus tendu qu'un arc sur le point de décocher sa flèche la plus meurtrière.

— Je pense qu'il prévoit de se venger depuis longtemps, reprit plus doucement Arthur. Je pense que c'est un gars tout cassé qui a trouvé de drôles de méthodes pour se réparer. Et je pense que tout ceci ne cessera que si on arrête de s'entredéchirer.

Les deux garçons échangèrent un regard féroce avant qu'Arty ne baisse finalement les armes et commence à sangloter.

— Toi, Rory et moi, compléta-t-il d'une voix qui tremblait. Vous êtes mes meilleurs amis, bordel. Vous êtes la meilleure chose qui me soit jamais arrivée dans cette putain d'existence toute pétée.

Samuel jura, coinça une main dans sa tignasse plus sombre encore que la nuit qui les enveloppait comme un triste linceul. Leva le regard vers les étoiles pour se soustraire à celui d'Arthur. Trop franc, trop douloureux.

— Et je peux pas laisser Aristote tout détruire, ajouta son ami en écrasant vivement les larmes qui commençaient à faire étinceler la peau de ses joues. ON peut pas le laisser faire ça, Samuel.

Leurs regards se percutèrent dans une explosion de sentiment qui laissa le brun comme deux ronds de flan.

— Par PITIÉ, quand est-ce que tu vas finir par t'en rendre compte ? l'implora Arthur.

Samuel lui infligea la torture d'un silence hésitant. Puis, avec ce brin de malice insolent qui autrefois caractérisait tant le vert de ses yeux, il offrit à son ami un clin d'oeil qui enfin annonçait le début de leur revolte finale contre Aristote.

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