20 : GUEULE DE BOIS

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ARTHUR FUT RÉVEILLÉ par deux des choses qu'il détestait le plus : une gueule de bois et Aristote

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ARTHUR FUT RÉVEILLÉ par deux des choses qu'il détestait le plus : une gueule de bois et Aristote. Si ce fut tout d'abord l'irritation qui l'incita à s'emparer de son téléphone pour le balancer au loin et ainsi se soustraire à la grandiloquence matinale d'Aris, c'est une éclosion d'adrénaline au creux de l'estomac qui l'encouragea à bondir de son futon pour le récupérer tout aussi hâtivement. L'horloge lumineuse qui surplombait son lit défait lui indiqua qu'il avait dormi une grosse partie de la journée et un hoquet étranglé resta coincé dans le fond de sa gorge.

Entre ses mains – déjà moites de nervosité – son portable continuait de vibrer et de répéter son chant dans une boucle qui très vite devint insupportable pour Arthur et la migraine qui commençait à lui marteler le crâne. Le stress qu'il subissait depuis son entrevue avec Aristote menaçait de le faire vriller et les images de ce tête-à-tête inattendu persistaient, se succédant à l'intérieur de son esprit dans une imitation de cassette que l'on ne cesserait de rembobiner. Soudainement, Arty avait chaud. Et ce fut pire quand il osa décrocher.

— Pas déjà ? fut les seuls mots que ses lèvres acceptèrent de prononcer.

Visualisant le rictus à moitié railleur d'Aris derrière l'écran, Arthur s'intima au calme. Il n'oubliait pas les paroles prononcées par le garçon au crâne rasé dans les vestiaires la veille.

Je suis le rythme, que veux-tu ! s'exclama Aris. Il ne doit simplement pas oublier.

Arthur se craqua l'articulation du pouce.

— Tu veux dire « doivent » n'est-ce pas ? reprit-il avec amertume. Samuel n'est pas le seul impliqué là-dedans.

Aristote ricana comme si cela allait de soi.

L'anarchie ne résulte pas seulement des actions régentées par le culot d'un seul homme, répondit-il avec emphase. Samuel va bouger dans la nuit. Normalement, son chemin devrait le faire passer devant le KINƎTO.

Arthur sentit un haut-le-cœur lui remuer l'estomac.

— Et qu'est-ce qui va se passer ensuite ?

Silence. Puis, doucereusement :

Allons, le Arthur que je connais n'est pas un naïf.

Arty ferma les yeux afin d'exsuder la colère qui bouillait sous sa peau.

Et bien que le cliché de cette phrase m'écorche la langue, soupira Aristote : tu n'as pas besoin d'en savoir plus.

Arthur voulut laisser fuser une remarque cinglante mais son interlocuteur l'en empêcha en ajoutant d'une voix plus forte :

Surtout si tu tiens à eux.

Cette dernière phrase mit Arty dans un état de confusion pire encore que celui dans lequel il s'était plongé cette nuit. D'ailleurs, il lui semblait avoir téléphoné à Rory. Sa gorge se serra.

T'as juste à faire ce que je t'ai dit, ni plus ni moins. C'est clair ?

Arthur faillit rire de façon hystérique en l'écoutant attendre sa réponse.

— Comme toujours, ajouta-t-il donc du bout des lèvres.

À peine Aristote eut-il raccroché qu'Arty se leva pour foncer dans la salle de bain retrouver apparence humaine.

Il ne pouvait plus s'abandonner aux interrogations sans réponses qui lui bousillaient les nerfs.

Ni aux conséquences de la nuit à venir.

Car Arthur ne pouvait que se répéter les mots prononcés par Aristote la veille, sous la lumière sordide de ce vestiaire qu'il peinerait désormais à fréquenter.

DARK KINGWhere stories live. Discover now