Samuel s'enfuit, Samuel s'estompe, Samuel disparaît.
Samuel s'emmure dans les sombres secrets qu'il entretient aux côtés d'Aris, n'offrant à Rory que des murmures indistincts pour combler son inquiétude.
Et Rory ne comprend pas, ne sait pas s'il doi...
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RORY N'AVAIT PAS honte d'admettre qu'il avait passé une importante – pour ne pas dire toute – partie de la journée à sommeiller dans le doux creux de sa couette. Il n'avait cessé de relire les mots de Samuel en se pliant et repliant les doigts, à sentir le jour décliner et les ombres envahir son salon pour finalement le plonger dans le noir.
Et même alors qu'il ne restait plus que la lumière bleue de l'écran de veille de son téléviseur pour illuminer la pièce, Rory ne quitta pas son cocon de draps. Il ne voulut pas repenser aux paroles d'Arthur, ni à son appel évasif ou aux sentiments contradictoires qui lui comprimaient les viscères. Les aiguilles de son horloge couraient vers les deux heures du matin et son téléphone demeurait résolument silencieux.
Rory se sentait anesthésié par l'étrangeté de la situation. Son cerveau refusait de réfléchir plus en profondeur au mauvais pressentiment qui lui empoisonnait l'esprit. Il aurait dû éprouver de la frustration, de la rancœur, de la peur. Il aurait dû écouter Arthur, fourrer quelques affaires dans un sac et rejoindre le havre parental pour y laisser décanter ses pensées. Il aurait dû s'empresser de répondre au message de Samuel plutôt que de laisser ses yeux le parcourir douloureusement pour la millième fois.
Il aurait dû quitter son lit pour retrouver Arty et exiger des explications. Mais Rory était las. Las de courir et de fuir, las de s'anéantir d'espérances et de déceptions. Las de se jeter dans la gueule d'un loup qui finirait de toute façon par lui enfoncer ses crocs dans la jugulaire. Alors, Rory entreprit d'attendre que les choses se fassent sans plus essayer d'en enrayer le déroulement.
Et enfin, la sonnette de son appartement retentit.
