Samuel s'enfuit, Samuel s'estompe, Samuel disparaît.
Samuel s'emmure dans les sombres secrets qu'il entretient aux côtés d'Aris, n'offrant à Rory que des murmures indistincts pour combler son inquiétude.
Et Rory ne comprend pas, ne sait pas s'il doi...
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ARTHUR APERÇUT SAMUEL avant que ses yeux verts ne tombent sur lui. Sa démarche voûtée et ses vêtements amples ne dissimulaient que piètrement l'état de fatigue dans lequel il se trouvait ou encore le poids qu'il avait perdu. Sa chevelure plus noire que de l'encre de Chine dépassait en mèches hirsutes sous l'épaisseur de son bonnet rouge et l'anxiété de ces derniers mois avait creusé des plis profonds sur son front.
Une cigarette se consumait entre ses doigts emmitouflés d'une paire de mitaines couleur béton sans qu'il ne s'en préoccupe davantage. Son regard devenait plus sombre chaque fois que ses pensées venaient à plonger plus profondément à l'intérieur de son esprit torturé. En le voyant ainsi pour la première fois depuis leur dernière discussion, Arthur sentit son cœur se fendre de mal en pis. Il se demanda quand tout cela allait enfin prendre fin.
Et alors que son cœur hésitait à se soumettre aux directives d'Aristote, ses doigts s'empressèrent quant à eux d'attraper le téléphone gisant dans le creux de sa poche pour y taper un rapide mais cependant message décisif. Sous l'enseigne grésillante du KINƎTO, Arthur eut le sentiment de trahir son ami. Mais il ne pouvait oublier les menaces proférées par Aris à l'encontre d'une personne qu'il se devait de protéger coûte que coûte et une bouffée d'amertume vint lui écraser la cage thoracique.
Arthur avait pourtant été très clair : depuis le début de cette histoire, il avait admis haut et fort ne pas vouloir être confronté à ce psychopathe. Il pensait avoir suffisamment donné de son courage et de ses larmes pour des types comme Saul ou Gareth pour en plus devoir se coltiner la branche pourrie de leur descendance. S'il ne voulait pas qu'Aristote porte sur lui son attention venimeuse, c'était parce qu'Arthur savait que le dénouement finirait ainsi.
C'était parce qu'il voyait Aris comme une fleurs aux pétales empoisonnées que tout le monde se serait hâté de cueillir avant de s'en mordre les doigts. Il le voyait comme un prédateur au regard féroce et au rictus tendre, comme un manipulateur aux ruses cruelles et aux paroles plus marquantes encore que l'acide. Il était de ce groupe d'enfoirés chanceux dont les méfaits réussissaient à rester secrets ou impunis. Et Arthur ne pouvait se permettre de miser sur la bonne foi d'Aristote pour espérer échapper aux conséquences de sa lâcheté s'il venait à faire demi-tour.
Inspirant profondément, Arty bondit au centre du halo lumineux projeté par l'enseigne du cinéma en psalmodiant le prénom de Samuel.
