Un Été glacial IV

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Le blizzard devint de plus en plus froid, il fut alors urgent pour la maîtresse de maison de sortir sa fille des mains de la dame enneigée. Pour l'heure, impossible pour Nathaniel de savoir ce qui se déroula derrière la barrière de vents glacé, mais il sut convaincre son oncle adoptif de l'emmener vers ce lieu malgré les risques. Ce dernier prit alors de fortes précautions avant d'emmener l'un des huit protégés de sa sœur au cœur du danger. Il déchira une partie de son manteau et entoura le corps de Nathaniel. Sa petite taille permit au morceau de le recouvrir entièrement, comme une écharpe surdimensionnée, et de garder son corps au chaud.

_ "Couvres-toi bien, ta mère me tuera si tu attrapes un rhume ! Caches aussi tes yeux, le froid sera cruel !

Fermant solidement le manteau improvisé par des nœuds serrés, M. l'Aiguille prit Nathaniel dans ses bras et commença sa route dans le blizzard. Nathaniel sentit immédiatement le fouet glacial du vent et se réfugia contre son oncle en se couvrant les yeux. Sa vue bloquée, il ne put voir le chemin, et le froid devenant de plus en fort, Nathaniel ne réussit pas à retirer son bandeau. À travers le tissu, il fut frappé par la brûlure des flocons, ce qui le découragea définitivement d'ôter son bandeau. Il ne lui resta plus qu'à espérer pouvoir l'enlever après le cercle.

Pendant ce temps, M. l'Aiguille réussit à marcher, ses pas furent nullement ralentis et son visage grogna à peine sa douleur. En faite, Nathaniel ressentit une démarche assez rapide malgré la neige et la force du vent, entendant à peine M. l'Aiguille se plaindre. Surement parce qu'il fut un adulte et non un enfant, comme le pensa Nathaniel. Il finit par s'arrêter, mais pas pour parler des difficultés de marche. 

_ On a fait un bout du chemin, si tout se passe bien, on n'aura pas à le traverser de nouveau. Maintenant, contracte ta poitrine, on va affronter le plus fort."

Le temps que Nathaniel tente de comprendre ce que signifie "contracter sa poitrine", il fut assommé par la force du vent. Sa tête se plaqua contre l'épaule de M. l'Aiguille et il ne put la bouger. Son corps devint complètement paralysé et bloqué, voir compressé par le blizzard. Se sentant confiné et acculé, il paniqua et se mit à pleurer. M. l'Aiguille l'entendit et tapota gentiment son dos pour le rassurer de cette vilaine compression. Mais impossible pour Nathaniel de rester calme quand il n'arriva pas à se mouvoir, le vent l'écrasant comme une masse.

Soudain, la pression redescendue, atteignant un stade plus correct mais toujours aussi glacial, ce qui ne permit pas à Nathaniel de retirer la protection sur ses yeux. Mais au moins, il entendit autre chose que le sifflement du vent : au centre du cercle, il entendit un dialogue et sécha ses larmes lorsque la voix de sa mère retentit. Sauf qu'il ne la verra pas avant la fin de ce blizzard, car comme dans le tunnel la veille, il ne pourra compter que sur les paroles des adultes pour comprendre la situation.

_ "TOI !!" Gronda la Dame enneigée

_ "Tu as emmené Nathaniel ?!" Paniqua l'hôtesse du manoir.

_ "Désolé de venir interrompre votre conversation, mesdames, mais le petit s'inquiétait pour sa mère, et j'ai envie de prendre un café bien chaud avec ma sœur" Répondit M. l'Aiguille avec une voix naïve. 

Il eut un long silence, et Nathaniel sentit son oncle hocher la tête vers une direction. Le dos tourné qui plus est, Nathaniel fut peu rassuré par le manque de mots, mais le dialogue reprit assez rapidement.

_ "Rends-moi ma fille !!" 

Et la voix enragée de sa mère l'effraya encore plus.

_ "Je l'apporte comme preuve devant le tribunal !" S'écria la dame enneigée.

_ "Tu ne partiras pas d'ici avec elle ! Pourquoi faites-vous tous une fixation sur moi en ce moment ? Je les élève comme les enfants d'une famille classique !"

_ "Bien sûr... Dis-moi aussi que ça ne concerne pas ton travail !"

_ "À la première adoption, j'ai signé un engagement : je ne les impliquerais pas dans mon travail à l'extérieur. Je m'occupe d'eux le jour et je pars travailler quelques nuits la semaine. Je ne vois pas qu'elle est l'infraction !"

_ "Nous pensons, moi et les autres, que tu as menti sur les origines de l'un de tes enfants."

_ "Et tu penses qu'Annie est cette enfant ?" Lança le frère.

_ "Je l'ai senti la première fois que je l'ai vue, le jour où elle a passée la porte d'entrée du manoir pour rejoindre la cours extérieure avec les autres. Bon sang ne saurait mentir, elle n'est pas comme les autres non ?"

_ "Aucun ne sera comme les autres. Ils sont tous uniques. Donc de mon point de vue, il n'y a pas plus de différence entre Annie et un autre du groupe. Et j'ai choisi de ne pas prendre en compte leurs origines, les enfants ne savent pas ce qu'est la différence. Un enfant est un enfant pour eux."

_ "Se souviennent-ils tous de leurs origines ?"

_ "Tu te souviens la tienne ? Et de celle de ton frère ? Même origine que toi et ça ne t'a pas empêché de le mettre "à l'écart" de ton existence !"

_ "Comment... Comment oses-tu sale..."

_ "Dis pas ça, y a des enfants ici !!" 

L'injure de la dame enneigée fut coupé par M. l'Aiguille, ce qui mua sa colère en un grondement extrêmement fort. Nathaniel entendit Annie crier, ainsi que ses trois sœurs, plaqués contre la neige. Il eut peur pour elles. La voix de la dame enneigée devint encore plus grave et méchante, un ton machiavélique prit place désormais.

_ "Tu as raison, elle n'est pas plus spéciale qu'un autre, mais tous ont le bien et le mal en eux non ?"

Un rugissement fut entendu et Annie poussa un cri assourdissant. Mais bien que terrorisée, sa voix devint faible et remplit de larme. Que se passa-t-il ? Que pouvait-elle voir ? Que vint de provoquer la dame enneigée ? Ce rugissement devint de plus en plus fort et il perçut les pleurs de sa sœur jusqu'à lui, comme ci elle fut juste à côté.

_ "Excuses-moi maman ! Je sais que tu ne voulais pas de moi !"

Pourquoi eut-il de la culpabilité dans la voix d'Annie ?

(Il est une épreuve pour moi de maintenir ce suspense dans l'histoire, mais tout dire serait détruit le charme de l'intrigue ;) )

Les Enfants du monde souterrainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant