Chapitre 7 - ****

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Il sent la colère. Beaucoup de colère. Mais aussi la honte, les regrêts et la tristesse.

« Guillaume, si tu me rejoins, je t'offrirai tous les secrets de la nuit. »

Les secrets de la nuit, rien que ça...

Mais cela sembla faire mouche parce qu'il s'approcha d'elle d'un pas solennel, jusqu'à se tenir à quelques centimètres à peine. Ils étaient aussi grand l'un que l'autre. Elle lui sourit, il lui sourit. Les yeux dans les yeux. Il prit ses mains dans les siennes, les caressant distraitement de la pulpe du pouce. Une vraie comédie romantique.

« Bon dieu Marc, dis-lui ! craqua Victor. Il a le droit de savoir ! C'était sa mère et la promesse que tu lui as faite ne vaut pas la vie de ton fils !

— J'ai promis !

— Elle est morte depuis douze ans Marc, douze putains d'années. Quasiment toute la vie de ce gamin !

— J'ai promis...

— Sois raisonnable !

— Dis-le-moi ! s'écria Guillaume qui avait à nouveau lâché Amaya et faisait maintenant face à son père.

— Marc, dis-lui, il est temps... murmura Marina en posant une main secourable sur l'épaule du loup-garou.

— Il ne te dira rien Guillaume, s'interposa Amaya, ta défunte mère est plus importante pour lui que toi et tes besoins. C'est la malédiction des loups-garous, les liens qu'ils tissent perdurent au-delà de la mort et rien n'est plus fort que l'amour d'un loup pour sa compagne, pas même celui qu'il pourrait avoir pour sa progéniture.

— C'est faux ! s'exclama Victor. Guillaume, ne l'écoute pas !

— Pourtant, il ne me répond pas ! cracha Guillaume. Il ne me répond pas... »

Tout le monde se tourna vers Marc, attendant qu'il réagisse. Mais il avait les yeux rivés au sol et tremblait toujours. Pas un mot ne franchit ses lèvres.

Lionel s'avança vers son frère et le prit par les épaules. Il avait l'air d'avoir le double de son âge et pourtant leur ressemblance sautait aux yeux. Pâle et affaibli, Lionel parla pourtant d'une voix assurée et chaude, débordant de tendresse pour son frère.

« Marc, mon frère, je me rappelle encore combien tu as aimé la mère de Guillaume, et si je l'appelle ainsi plutôt que par son prénom ce n'est pas un hasard. C'était sa mère. Pas seulement ta compagne. Sa mère. Et elle n'aurait pas aimé que son fils se jette dans les bras d'un vampire parce que tu cherches à protéger un secret qui n'en est pas vraiment un. Je connais la vérité, tous les loups de ta meute le connaissent. C'est absurde de ne pas expliquer à Guillaume pourquoi sa mère a fait le choix de ne pas être transformée. C'est à toi de lui dire, mais il faut le faire... »

Il attendit quelques secondes, espérant probablement que son frère réagirait. Devant l'absence de réponse, il reprit :


« Marc, écoute-moi, je viens de voir mon fils être transformé en vampire. Je n'ai pas pu regarder jusqu'au bout, je me suis évanoui. Je savais que c'était la seule chance de survie qu'il avait mais j'aurais donné mon âme pour lui éviter un pareil destin. Tu peux encore sauver ton petit, fais-le. Fais-le pour tous ceux qui ne pourront être sauvés. Fais-le pour mon enfant. Fais-le pour ton gamin. Fais-le pour toi. Fais-le pour celle que tu as tant aimée. »

Marc redoubla de tremblements. Ses dents commencèrent à claquer et c'est avec difficulté qu'il articula :

« J'ai promis... »

Les loups-garous poussèrent des jurons. Du coup de l'œil, j'aperçus Grès serrer les poings, deux fois. Guillaume nous tourna le dos et se dirigea d'un pas rapide vers Amaya.

« Maintenant.

— Maintenant ? demanda-t-elle d'une voix surprise que démentait son sourire satisfait

— Fais le maintenant. Prends-moi.

— Demandes-tu cela de ton plein gré, connaissant toutes les implications de ta demande et sans subir la moindre pression ?

— Oui.

— Est-ce que tout le monde a bien entendu ? Est-ce que tout le monde est témoin de son engagement libre et volontaire ? »

Aucune voix ne s'éleva pour répondre.

« Très bien. Approche mon enfant, je vais t'offrir un monde. »

La respiration courte, l'adolescent s'approcha d'Amaya et pencha sa tête vers son épaule, lui offrant son cou. Elle sourit.

« Cela peut être le poignet, si tu préfères. »

Guillaume fit non d'un geste de la tête. Il avait les pupilles dilatées, le souffle court, les joues roses. L'idiot était excité.

Amaya s'approcha doucement de lui. Elle n'était pas pressée. Là encore, elle nous offrait un spectacle tout en jouissant de l'excitation de l'adolescent. Elle souffla sur le cou de ce dernier, il frémit. Elle sourit, et posa les lèvres sur la peau du jeune homme. La mâchoire de la vampire se serra une unique fois, très vite. Guillaume poussa un gémissement. Un gémissement de plaisir, bientôt suivi d'un autre, et d'encore un autre. Voilà d'où les vampires tenaient leur réputation de bourreaux des cœurs. L'effet que leur morsure avait sur leurs proies. L'adolescent s'agrippa aux épaules de la vampire qui l'entoura de ses bras, le soutenant sans effort. Cette fois, n'essayant pas de siphonner le jeune homme, elle nous épargna les horribles bruitages qui avaient accompagné la transformation de Nathan. Les seuls sons de la pièce étaient les gémissements de plaisir de Guillaume et les claquements de dents de Marc.

Ce dernier se redressa brusquement et deux yeux de la couleur de la glace s'ouvrirent sur le spectacle de son fils, se pâmant dans les bras de la vampire qui se nourrissait de lui. 

Le Chant de la LuneWhere stories live. Discover now