Le rôle d'une vie

Chapitre 28

Chapitre 28 :

Les visages se tournèrent à l'entente des sirènes du cortège, les passants regardaient avec interrogation l'enchaînement de voitures et de motos défiler sur la route. Cela nourrissait maintenant les conversations alors que les véhicules se perdaient à l'horizon ou au détour d'un virage. Lexa regardait la foule, ses yeux se perdant d'un visage à l'autre, d'une expression à l'autre. Elle était toujours surprise de trouver joie et respect quand elle croisait un regard fixé sur les véhicules, les passants s'imaginant la présidente assise sur le siège arrière, lisant un dossier ou au téléphone. Cependant aujourd'hui ce n'était pas sa place pour des raisons de sécurité.

Sa contemplation lui permettait de s'échapper de ses pensées tumultueuses, l'espace d'un instant seulement car quand ses yeux se posaient sur une femme enceinte, elle pensait à la petite graine qui grandissait dans le ventre de sa compagne, la ramenant à la jeune femme tout comme une chevelure blonde ou une mère tenant la main de son jeune garçon. Tout l'a ramenait à l'échange qu'elle venait d'avoir avec Clarke où la jeune femme avait déchaîné sa colère sur elle, l'accusant de ne pas s'engager plus pour leur couple et leur famille. Accusations que Lexa ne pouvait contester. Malheureusement, elle craignait que ses futures actions n'allaient pas changer la donne, au contraire. À cet instant, elle n'avait qu'une idée en tête, mettre les gaz et retourner à la Maison Blanche pour être auprès de la blonde et se faire pardonner pour ses mensonges. La brune n'avait jamais voulu lui mentir mais c'était mieux ainsi, si elle lui avait fait part de son plan, elle l'aurait empêché d'agir ou aurait même pris sa place, se mettant inutilement en danger. Et c'était bien la seule chose que Lexa refusait à consentir, Clarke ne se baladerait pas dans les rues de Washington avec une cible dans le dos.

Elle se pencha avec son véhicule en s'engageant sur le giratoire, prenant soin de garder sa position à gauche. Son meilleur ami sortit à ses côtés du giratoire, reprenant sa position au centre immédiatement. La culpabilité la terrassa alors qu'elle s'imaginait ce qu'il allait traverser dans les prochains jours, tout comme sa compagne ils allaient être difficiles.

Une larme s'échappa sans qu'elle ne puisse l'arrêter, déchirée de faire traverser à ses amis, sa famille et la femme qu'elle aime sa mort.

La présidente retourna à la surveillance afin de s'éloigner de ses remords et son chagrin. C'était le prix à payer pour retrouver sa sœur et la paix elle espérait. Un prix élevé mais nécessaire car son pays avait plus que jamais besoin d'elle et comme à son habitude elle répondrait présente.

Un reflet l'éblouit durant quelques secondes, lui fessant lever les yeux vers le ciel. Et alors qu'elle se demandait quand l'attaque aurait lieu, elle fut fixée en entendant la première détonation. Plusieurs suivirent et avant qu'elle ne puisse réagir, elle perdit le contrôle de son véhicule, projetée contre le sol. Son bras droit subit la majorité du choc alors qu'il percuta le goudron en premier, craquant de manière inquiétante. Son corps s'affaissa ensuite, écrasant son bras davantage, une douleur lancinante lui fît lâcher un cri puissant, atténuée par la barrière du casque. Il lui fallut tous les efforts du monde et deux saphirs engravaient à jamais dans sa mémoire pour se traîner sur le trottoir à l'abri des coups de feu. Elle lâcha une plainte de rage alors que le premier écart au plan se produisait, une fracture au bras. Les détonations s'enchaînent alors qu'elle était appuyée contre l'avant d'une voiture, évaluant la situation. La ruelle à sa gauche était la parfaite porte de sortie et plaquant son bras contre son torse, elle s'élança dans sa direction, évitant les passant paniqués qui couraient sans direction précise, la peur au ventre. Après quelques pas, elle vit la rue adjacente se profiler. La brune s'arrêta à bonne distance pour ne pas se faire repérer, assise derrière une poubelle, cachée de tous, elle respira pour la toute première fois. Lexa craignait pour Lincoln et Anya alors que le feu n'avait toujours pas cessé à quelques mètres. Elle ne pouvait pas les aider ou s'attarder sur leur sort trop longtemps car sa porte de sortie était faible et la présidente devait à tout prix la saisir.