Chapitre 29

915 61 10
                                    

C'est un beau début d'après-midi. J'ouvre la marche dans le bois attenant à la Colline. Cela fait presque vingt minutes que nous marchons ainsi en silence. J'ai besoin de ce temps pour mettre mes idées en place et surtout ce que je vais lui dire . . . Mais que lui dire à part que je suis complètement perdue entre mes sentiments pour deux hommes formidables. Je ne sais pas quoi faire mais il va falloir que j'agisse vite et que je fasse ce choix, . . . aussi douloureux soit-il.

_ Megan, . . . Megan, tente plusieurs fois Rick avec une voix calme et posée.

Mais je ne m'arrête pas, ne sachant toujours pas quoi dire. Je sens la brûlure de son regard sur ma nuque, ce qui me rend quelque peu fébrile.

_ Megan, recommence-t-il doucement en saisissant ma main dans la sienne.

Je me stoppe nette au contact de sa peau sur la mienne. Je baisse la tête mais ne me retourne pas pour autant. Je m'en veux tellement de l'avoir fait souffrir . . . et de le faire souffrir encore, lui qui m'a aidé à reprendre pieds. Je suis tout bonnement incapable de lui parler, ce qui est plutôt risible étant donné que nous sommes sortis pour discuter.

_ Megan, reprend-t-il comme une supplique, regarde-moi , termine-t-il dans un souffle en emmêlant ses doigts aux miens.

Cette fois-ci, c'en est trop pour moi. Tout un flot d'émotions me submerge et des larmes salées roulent sur mes joues sans que je puisse les arrêter.

_ Ne pleure pas, murmure-t-il en m'attirant dans ses bras.

Cette fois, mes barrières cèdent complètement. Je me laisse aller dans ses bras. Sa douceur, sa compassion, sa compréhension, . . . en fait tout en lui m'a terriblement manqué. Il resserre son étreinte autour de moi, je niche ma tête contre son torse. Je sens alors son cœur battre plus vite tout comme le mien qui s'affole à son contact. Mes sanglots se calment rapidement sous le son de sa voix douce et enveloppante tout comme ses caresses dans mes cheveux et mon dos.

Mais ce moment de bonheur et d'apaisement est de courte durée. Des grognements dans le dos de Rick se font entendre. Je me hisse sur la pointe des pieds pour regarder au-dessus de son épaule et vois trois rôdeurs se diriger droit vers nous.

_ Rick, dis-je simplement, trois rôdeurs juste derrière.

_ OK, tu es armée ? Me demande-t-il calmement.

J'acquiesce d'un signe de tête et prends mon couteau, celui qui est à ma ceinture. Rick sort lui aussi le sien.

Je m'avance sur le côté pour les prendre à revers pendant que Rick sert d'appât en faisant du bruit. Mon dieu ce qu'ils sentent mauvais me dis-je en plantant ma lame dans le crâne spongieux du premier. Il s'effondre sur lui-même dans un bruit sourd et de suintement visqueux. J'attaque le deuxième avec facilité mais je fais un bruit et le troisième se retourne brusquement sur moi. Surprise, je trébuche et tombe en arrière. Je lâche mon couteau pour me rattraper en évitant de me blesser. Le rôdeur se laisse alors tomber sur moi comme un sac.

Je ne peux retenir un cri de douleur quand ce dernier s'appuie sur mon ancienne blessure au niveau de mon flan. Même si elle date un peu, une simple pression sur cette zone reste toujours douloureuse.

Ce qui reste du visage de mon assaillant est tout bonnement hideux et boursouflé à cause des chaires en putréfaction. Je me contorsionne pour atteindre le couteau dans ma botte tout en maintenant à distance le claquement de ses dents avec mon avant-bras sous sa mâchoire.

J'avoue qu'à cet instant précis, j'apprécierai sincèrement un petit coup de main. Je jette un regard dans la direction de Rick pour voir ce qu'il fait et surtout pourquoi il ne m'aide pas . . .

Quand j'arrive à distinguer quelque chose, un hurlement de terreur se bloque dans ma gorge quand je distingue à peine Rick en difficulté, couché sous quatre ou cinq rôdeurs. Le fait de le voir en si mauvaise posture décuple mes forces pour me libérer et lui venir en aide. Avec un cri de rage, je repousse violemment le rôdeur et saisit mon couteau dans ma botte pour le planter dans son œil vitreux et atteindre son cerveau mort.

Je garde mon couteau en main et me dirige vers l'amas de rôdeurs au sol couvrant son corps . . . le corps de Rick . . . le corps de celui que . . . Pendant un bref instant, je suis comme pétrifiée et . . . et si . . . il . . . était . . . mort. À cette simple pensée, j'ai envie de hurler de douleur le cœur au bord des lèvres.

Le grognement guttural d'un des rôdeurs me réveille brusquement. Je reprends rapidement mes esprits et attrape le premier rôdeur au-dessus de la mêlée. Je lui plante ma lame dans sa tempe gélatineuse avant de jeter son corps en arrière. Je sens que la partie sombre de mon âme refait surface. Je redeviens froide, sombre et méthodique. Toutes mes émotions comme la peur de le perdre, la rage ou l'impuissance de ce qui a pu arriver décuplent mes forces . Il ne faut que quelques minutes pour éliminer les cinq rôdeurs qui étaient sur Rick.

Je le vois se redresser sur un coude et bouger les lèvres. Il me parle mais je n'entends rien. Je le regarde les yeux vides prête à le tuer au moindre faux mouvement. Rick se redresse mais boîte, il semble blesser à la cheville. Il ne comprend pas ma réaction. Alors qu'il tente un geste vers moi, je le repousse. Quand je suis dans cet état, je suis juste une machine à tuer sans aucune émotion. Après quelques instants à se regarder, Rick prend la parole.

_ Megan, il va falloir que tu m'aides à rentrer, . . . je me suis blessé à la cheville en tombant, me dit-il avec un sourire qui se veut rassurant mais qui ressemble à une grimace à cause de la douleur.

_ D'accord, répondis-je froidement avec une voix que je ne reconnais pas.

Mon attitude ne semble pas offusquer Rick. Il essaie de faire ressortir la Megan qu'il connaît mais pour l'instant elle est aux abonnés absents.

_ Appuies-toi sur moi, dis-je froidement en m'approchant de lui pour qu'il prenne appuis sur moi.

Je passe un bras autour de sa taille alors que lui pose son bras sur mes épaules. Ce contact fait vibrer quelque chose en moi que je repousse le plus possible pour ne pas craquer. Nous commençons à avancer vers la Colline.

Comme à l'aller, le trajet du retour se fait dans le silence et . . . il est bien plus long. Rick ne me dit rien mais je sens que sa cheville le fait atrocement souffrir. Il souffle de soulagement quand il aperçoit les palissades de la Colline.

À peine, avons-nous pénétré dans l'enceinte de la communauté que Jésus, Daryl et Rosita nous tombent dessus. Rick leur explique ce qui s'est passé car je suis incapable de prononcer un mot.

_ Megan va l'installer chez nous, je vais chercher Harlan, me dit Jésus calmement.

Alors que je me dirige vers notre bungalow, je vois Daryl se crisper et Rosita tenter de le calmer sans réel succès . . .

The Walking Dead Megan KnightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant