Chapitre 25

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Cette douleur lancinante refait surface, alors que je ne ressentais plus rien. Pourquoi revient – elle ? J'étais si bien. Plus de douleurs, plus de contrainte, ces derniers temps. Et là quand elle revient, j'ai la sensation qu'elle est même plus vive que dans mes souvenirs.

En plus de cette douleur atroce, j'ai la désagréable sensation de sentir tout mon corps comme engourdi, . . . comme si une chape de plomb m'obligeait à rester allongée. À cette sensation de devoir rester immobile, un sentiment de peur . . . ou plutôt de terreur m'envahit car je n'ai pas la moindre idée d'où je me trouve . . .

Oh mon dieu, et si ce nouveau groupe qui a attaqué le Sanctuaire m'avait faite prisonnière après m'avoir blessée. Qui sait ce qu'ils vont me faire subir s'ils pensent que je fais partie des membres du groupe du Sanctuaire . . . ou pire encore, et si j'avais été reprise par les hommes de mon frère . . . Et Emma, . . . merde, j'espère qu'elle a pu fuir avec Daryl. J'essaie de me calmer mais j'ai tellement peur pour elle.

A cette pensée, je n'ai plus le choix. Je dois ouvrir les yeux pour voir où je suis et ce qui m'attendra une fois réveillée. Au prix d'efforts qui me semblent surhumains, j'arrive à cligner des yeux puis à les ouvrir avec difficulté. Au bout de plusieurs minutes d'effort pour maintenir mais yeux ouverts, je suis soulagée. Je reconnais l'unité médicale de la Colline, . . . je soupire d'aise, je suis à l'abri.

Je souris car si je suis arrivée à la Colline, c'est que Daryl a réussi à nous amener ici. Donc Emma et lui vont bien. J'essaie de me redresser mais la douleur qui émane de mon flan me stoppe net dans mon élan. Cette désagréable sensation me fait grimacer et je ne peux pas réprimer le grognement de franchir mes lèvres. Je perçois alors un mouvement sur le côté de mon lit dans un coin. Je tourne lentement la tête pour voir d'où provient ce mouvement.

Mon cœur se remplit de tant d'émotions quand je distingue Daryl endormi dans un fauteuil serrant contre lui Emma. Une larme roule sur ma joue face à cette magnifique vision. Pendant un bref instant, j'oublie toutes les horreurs de ce monde, tout ce que nous avons du traverser, pour juste savourer cette vision. J'essaie de me mettre sur le côté pour les observer tous les deux mais en essayant de me tourner, cette fois – ci, c'est un cri qui franchit mes lèvres à contre – cœur.

À peine ce son sorti de ma bouche, je vois Daryl se relever mais avec d'infinies précautions pour ne pas réveiller la petite. Il s'approche doucement comme s'il hésitait, . . . comme s'il avait peur de ce qu'il allait voir. Il fait quelques pas vers moi, puis il se retourne et dépose ma fille avec douceur dans un petit lit à l'écart, puis il revient vers moi.

Mes yeux se glacent d'effroi quand je distingue son couteau dans sa main. Paralysée par la peur, je suis incapable de bouger ou de dire quelque chose. Il termine les derniers pas qui nous séparent l'un de l'autre, et . . . contre toute attente, . . . il tombe à genoux.

_ J'pourrais pas, . . . c'est pas moi qui doit élever ta fille, . . . pas moi, . . . elle a besoin de toi, de sa mère, dit – il assis par terre, le dos appuyé contre mon lit.

Après un court instant, un court silence, . . . il reprend la voix entrecoupée par des sanglots.

_ Et merde, tu d'vrais être avec nous, . . . tu lui manques, . . . tu m'manques à moi aussi, . . .

Puis il se tait et je l'entends sangloter. Il pense que je suis morte. C'est pour cela qu'il me dit tout cela, . . . qu'il s'ouvre enfin à moi. Je comprends aussi que depuis que je suis blessée, c'est lui qui a pris soin d'Emma comme si c'était sa propre fille.

Je voudrais lui répondre, le rassurer, lui dire que je vais bien mais ma gorge est sèche. Je n'ai pas parlé depuis plusieurs jours. Et au lieu de sortir un son correct, c'est râle qui franchit mes lèvres. A ce son, Daryl donne un violent coup de tête en arrière, si bien que mon lit en tremble.

Daryl respire bruyamment comme pour prendre du courage avant de faire quelque chose de désagréable. Puis il se redresse brusquement et fait volte face vers moi. Son visage est ravagé par la douleur, les yeux fermés.

J'essaie à nouveau de parler et porte la main à ma gorge douloureuse et au prix d'un effort surhumain, j'arrive à articuler quelques mots.

_ Daryl, . . . Daryl, . . . regarde moi . . ., prononçais -je avec difficulté et un filet de voix à peine audible.

Ma voix semble provenir d'outre tombe. Elle est tout simplement méconnaissable. Daryl se fige et il finit par poser son regard sur moi . . . Il fait un pas en arrière, les yeux écarquillés. J'essaie d'esquisser un sourire mais même cela me semble douloureux et j'ai un peu peur que mon sourire ressemble plus à une grimace qu'à autre chose. Mais je tente quand même ma chance.

Daryl incline la tête sur le côté et des mèches de cheveux balaient son front passant devant ses yeux. Je ne peux m'empêcher de le trouver attirant alors que ce n'est pas franchement le bon moment. D'abord surpris, il finit par sourire timidement puis plus franchement au bout de quelques secondes quand il me reconnaît . . . quand il voit que je suis bien moi et pas une de ces choses immondes.

_ Putain, t'es vivante et vraiment toi, me dit – il en s'asseyant à mes côtés.

Pour toute réponse, je lui souris pour économiser ma voix. Bien qu'il soit assis sur mon lit, il me semble terriblement loin. Après tout ce qu'il s'est passé, j'ai un besoin viscéral de le toucher, de le toucher. Je lève ma main, mais épuisée, cette dernière retombe mollement sur le lit.

Comprenant mon geste, Daryl prend ma main dans la sienne et la pose sur son visage. Sa chaleur irradie à travers elle et un bref sourire se dépose sur mon visage. Nous restons, là tous les deux, les yeux plongés dans le regard de l'autre. A l'aide de ma main, je l'attire contre moi. Au début, il résiste puis il finit par poser son front contre le mien. Ce contact fait soudain accélérer les battements de mon cœur . . . et du sien.

En sentant sa respiration s'accélérer, j'avance avec lenteur mon visage vers le sien. Mes lèvres frôlent les siennes. Dans un premier temps, il a un mouvement de recul, puis il capture mes lèvres avec avidité. À travers ce baiser, le manque de l'autre que nous avons ressenti s'exprime passionnément. Il grogne contre mes lèvres et mon bas ventre s'affole malgré la douleur dans mon flan. Ma langue trouve la sienne. Ses mains caressent mon visage. Les miennes glissent dans ses cheveux et le pressent un peu plus contre moi.

A bout de souffle, je plonge mon regard dans le sien et lui demande silencieusement de s'allonger à mes côtés. Daryl comprend et se cale dans mon dos, enroulant ses bras autour de moi pour me faire un cocon. Je me sens si bien et en sécurité que je m'endors en quelques minutes alors que nos respirations se synchronisent.

Alors que nous profitons de notre fin de nuit dans les bras l'un de l'autre, la porte du bungalow s'ouvre. J'entends alors Daryl jurer contre l'idiot qui vient de nous réveiller. Mais le ton de sa voix change et son corps se tend . . . comme le mien d'ailleurs . . . quand je reconnais la voix de la personne qui dit bonjour en entrant . . .

The Walking Dead Megan KnightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant